RGPH 2013 : Les résultats seront-ils fiables ?

(Crédit photo : AMI)

Les opérations du recensement général des populations et de l’habitat (RGPH 2013) qui ont commencé le 25 mars courant ont mobilisé d’importants moyens humains, financiers et matériels.

Environ 4000 agents recenseurs répartis sur l’ensemble du territoire national tapent chaque jour à la porte des concessions pour recueillir les informations nécessaires pour les besoins des enquêtes. En dépit de l’élaboration de fiches techniques conçues pour cette opération de recensement d’envergure, les insuffisances et erreurs sont inévitables.

Elles dérivent soit des agents eux-mêmes, mal formés soit des réponses inexactes fournies par la population et qui ne sont pas vérifiables. Les criantes exprimées déjà par les collectivités locales, notamment dans le Hodh Gharbi sur l’étendue des zones à couvrir par le recensement par rapport aux ressources humaines négligeables déployées pour ce RGPH constituent aussi un autre défi pour la réussite de cette opération.
En effet, aucune preuve n’est exigée pour l’âge, les membres de la famille, le matériel possédé etc. Le questionnaire se referme sur des données très approximatives qui ne donnent pas lieu à des précisions objectives susceptibles d’aboutir à des résultats fiables après le dépouillement. Le principe général consiste à accorder des préjugés favorables à ce que dit la personne visitée à son domicile. Un agent recenseur a lui-même émis des doutes sur l’exactitude des informations fournies qui reconnait-il entacheront les résultats définitifs de l’opération destinés à servir d’indicateurs pour les pouvoirs publics dans la mise en place et projection des politiques socioéconomiques. Certains ne veulent pas par exemple être clairs sur le nombre de la progéniture ni sur le niveau de vie reflété par la situation financière. A la lumière des questions, il n y a pas de traçabilité pour une évaluation rigoureuse sur le pourcentage des naissances, des décès, la pyramide des âges, le taux de scolarisation, l’analphabétisme. Les dispositifs techniques ne permettront pas de renseigner à la fin des opérations sur les évolutions globales de la courbe démographique en Mauritanie. D’ailleurs, les fiches élaborées au cours du RGPH 2013 ne rectifient pas les lacunes des opérations antérieures.
Chose aberrante, car aujourd’hui les expertises techniques, la modernisation des outils scientifiques, les moyens de déplacement sont autant de facteurs censés améliorer les performances et la qualité des opérations et au final faciliter la publication des résultats dans des délais courts. Les statistiques démographiques en Mauritanie sont à nos jours, approximatives avec des chiffres simulés par des estimations loin de la réalité du terrain. Tous les résultats publiés sont entachés d’irrégularités pour qu’ils soient fiables. Les mauritaniens se savent pas combien ils sont depuis les indépendances.
Dans ces conditions, il est difficile de planifier une quelconque action à l’échelle nationale et d’avoir des indicateurs sur la base du PIB et PNB. En attendant la fin des opérations prévue le 7 avril, ce qui est improbable au vu de l’ampleur de l’opération rapporté aux effectifs mobilisés, augurant un prolongement de l’opération de quelques semaines encore, les mauritaniens ne sont pas suffisamment informés sur les enjeux de ce recensement qu’ils assimilent souvent à des opérations d’enrôlement. Les étrangers eux aussi veulent en savoir plus sur cette question. Visiblement les autorités en charge de cette question ne semblent pas tirer les leçons des expériences passées pour remettre de l’ordre dans les statistiques. Un travail aussi ambitieux et assez coûteux mérite d’être traité avec sérieux et professionnalisme. Ce qui n’est pas le cas!

Trois RGPH depuis 1977

La Mauritanie a déjà réalisé trois Recensements Généraux de la Population et de l’Habitat en 1977, 1988 et 2000 tous exécutés deux phases sédentaire et nomade. Par exemple pour cette dernière étape, en 1988 le milieu nomade représentait 12 % de la population totale. Pour rappel, ce recensement a nécessité une méthodologie à part et un questionnaire différent du questionnaire sédentaire. La collecte pour les deux milieux avait été faite en deux périodes différentes du fait que la localisation des nomades se fait sur la base des points d’eau, alors que pour le milieu sédentaire c’est le district de recensement. En 2000 le milieu nomade ne représentait que 5% de la population totale. Vu le pourcentage très faible il a été décidé d’utilisé un questionnaire unique mais la collecte a été faite à des périodes différentes. 12 ans après ces données auraient profondément d’où ce RGPH mal parti pour éviter de sombrer les stratégies de développement dans des projections bâties sur des données puisées d’une opération irrégulière de bout en bout. Par ailleurs, notons que selon l’Office national des statistiques, que le traitement informatique du recensement 1988 a été plus difficile et complexe, contrairement à celui de 2000 qui n’aurait pas posé de problème, motivant ces difficultés par les deux fichiers exigés par la première opération pour cerner les données spécifiques à chacun des milieux rural et sédentaire.
Le RGPH 2013 traine depuis 2010
L’actuel recensement devait être lancé en 2010 puisqu’il avait commencé en 2008 par l’élaboration de deux documents avec le concours de l’équipe technique du FNUAP basée à Dakar. Des Experts de cette agence avaient effectué à l’époque deux missions dans ce cadre en perspective de l’élaboration d’un document projet détaillant toutes les phases de ce recensement et leur exécution suivant un calendrier élaboré en ce sens ainsi qu’un plaidoyer pour la mobilisation du financement auprès des partenaires économiques. A cette époque, le budget de ce recensement avait été estimé à 8.434.625 USD avec la distribution des documents précités auprès des bailleurs fonds en vue d’obtenir les ressources nécessaires à ce RGPH qui engloutit des sommes énormes traduites par les charges des enquêteurs, le carburant. Le RGPH devait suite à ce retard démarrer en décembre 2012 selon des responsables de l’ONS, qui affirment la mobilisation du gouvernement mauritanien d’un million de dollars ainsi que des autres partenaires en l’occurrence le Fades 2 millions dollars et la Banque mondiale 500 milles dollar, en plus du Fnuap qui apporte son soutien technique. Notons enfin que lancé lundi dernier, le 4e RGPH a mobilisé plus de 4.000 personnes, réparties entre agents recenseurs, contrôleurs, superviseurs et cadres membres des équipes de Coordination sont déployés sur le terrain. Selon les autorités cette opération est cruciale et constitue la principale source de données sur la population ainsi que sur leurs caractéristiques sociodémographiques et économiques à tous les niveaux administratifs. Il représente ainsi la meilleure source des statistiques sur les questions de population comme l’effectif, les tendances et la composition de la population en genre et par âge, la natalité, la mortalité, les migrations, l’emploi, les niveaux d’éducation et les qualifications, le logement, ( ) et l’accès aux services sociaux de base.

CTD et MOML

Source  :  Le Rénovateur le 31/03/2013{jcomments on}

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