Au moment où Paris promet un retrait progressif de ses forces militaires au Mali, les Nations-Unies veulent prendre la relève en proposant le déploiement de 11 200 casques bleus dans trois mois.
Nouakchott a réitéré cette semaine son désir d’envoyer des soldats de paix à l’issue du conclave des chefs d’Etat-major militaire opérationnel conjoint pour la région du Sahel ( CEMOC) à Nouakchott. Une diplomatie sous régionale ambiguë mauritanienne qui suscite des interrogations.
En effet la participation mauritanienne pour le maintien de la paix au Mali est une promesse de Ould Aziz depuis déjà un mois. Une vieille ambition qui vise à rétablir sa politique de neutralité dans le conflit malien. Cette deuxième carte de Ould Aziz intervient après que le MNLA( Mouvement national de libération de l’Azawad) ait défié cette semaine les autorités de Bamako en nommant un gouverneur à Kidal, chef lieu de l’Adrar des Ifoghas, sanctuaire aujourd’hui des barbus de l’AQMI qui continuent d’être traqués par les forces françaises et tchadiennes. Une provocation délibérée des indépendantistes de l’AZAWAD qui entendent reprendre l’initiative sur le terrain après avoir occupé le Nord du Mali avec les islamistes pendant des mois et l’avoir perdu à cause de la scission du mouvement. Cette diplomatie ambiguë du nouvel homme fort mauritanien ne date pas d’aujourd’hui. Elle réside dans un double jeu qui consiste à la fois de lutter contre le terrorisme son cheval de bataille dès juillet 2009 et apprécié par l’Elysée qui compte sur la Mauritanie pour libérer ses otages et également de soutenir activement la rébellion touareg dont les principaux cerveaux ont pignon sur rue à Nouakchott. Le chef de la diplomatie mauritanienne vient de saisir la balle au bond cette semaine à Nouakchott en réitérant la disposition de son pays à envoyer des soldats de paix dans le cadre des Nations-Unies à l’issue de la concertation des chefs d’état-major militaire opérationnel conjoint pour la région du Sahel ( CEMOC) qui regroupe outre la Mauritanie le Mali l’Algérie et le Niger. L’objectif pour Ould Baba Hamadi c’est de protéger les mauritaniens contre les terroristes islamiques. Une stratégie longtemps affichée par Nouakchott pour cacher ses ambitions sous régionales. Secret de Polichinelle. Le feu vert mauritanien pour relancer la libération de l’AZAWAD est symbolisé par le congrès des Azawadis en 2011 dans une petite localité mauritanienne à Nbeïker Lahwache dont l’objectif était de sceller l’unité de tous les arabes maliens pour de futures actions militaires. Pendant longtemps les combattants du MNLN ont nourri une revanche contre Bamako qui ne va pas tarder avec le déclenchement des hostilités en janvier 2011 avec la grande offensive de la ville Aguelhok au cours de laquelle l’armée malienne a subi de lourdes pertes humaines et matérielles. Deux mois après les combats, le coup d’Etat du Capitaine Sanago permettra aux rebelles d’achever leur plan préparé depuis de longues dates et va accélérer l’occupation du Nord du pays par le MNLA plus que jamais divisé avec une aile islamiste et armée d’Ansar Dine qui s’est ralliée aux barbus d’Al Qaïda et l’autre modérée soutenue par Nouakchott et Alger qui comptent sur la solidarité des Azawadis au Mali et à l’étranger pour concrétiser le rêve d’une entité viable autonome de l’AZAWAD. Profitant aujourd’hui de la promesse de la France du retrait progressif de ses soldats au Mali les rebelles touareg refusent de se désarmer pour essayer de peser sur la balance des négociations de paix. C’est le sens de l’occupation de Kidal dés la reprise de la localité grâce à l’opération Serval avec une interdiction aux forces maliennes de pénétrer la ville pour sauver la vie des touaregs menacés d’exactions .Le deuxième acte de nomination d’un gouverneur sans laval de Bamako est une offense de lèse majesté n’excluant pas des actions militaires au moment venu. En facilitant peu après l’intervention française au Mali les déserteurs touaregs à rentrer en Mauritanie pour constituer des bases Ould Aziz n’est pas loin de mener une autre guerre au Mali, la guerre de libération de l’AZAWAD. Un risque permanent de déstabilisation de la sous région. A commencer par son régime confronté depuis trois ans à une vive contestation de l’opposition qui demande son départ.
Bakala Kane{jcomments on}
(Reçu à Kassataya le 31/03/2013)
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