La 15ème conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) s’est achevée en terre mauritanienne avec une double satisfaction. En effet, non seulement Mohamed Ould Abdel Aziz prend désormais les destinées de l’organisation, mais il a réussi à avoir la tête de Mohamed Salem Ould Merzough.
Par delà, les retombées socioéconomiques des ouvrages régionaux communs, le principal défi pour les autorités mauritaniennes lors de cette 15ème conférence semblait résider dans le déboulement d’un homme dont tous les Etats membres pleurent le départ, alors que son propre pays insistait à maintenir son coup sous le billot.
Les rideaux sont tombés lundi 25 mars 2013 sur les travaux de la 15ème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OMVS qui regroupait la Mauritanie, le Mali, le Sénégal et la Guinée Conakry à Nouakchott. Deux changements majeurs ont marqué la clôture, l’accession de la Mauritanie à la présidence tournante de l’organisation, la nomination d’un nouveau Haut Commissaire à la place de notre compatriote Mohamed Salem Ould Merzoug et la création d’un nouveau poste de Haut Commissaire adjoint, respectivement dévolu à la Guinée et au Mali.
D’où la satisfaction exprimée par le président Mohamed Ould Abdel Aziz à la fin des travaux, et à travers laquelle il s’est engagé à impulser une dynamique nouvelle à l’OMVS au cours de sa mandature de 5 ans à la tête de la structure. Cela passera, dira-t-il, en substance, par l’amélioration de la gestion administrative, financière et technique de ces organes. « A entendre Aziz parler de gestion, de transparence et de maîtrise de dépenses s’agissant de l’OMVS, nous nous attendons à une paupérisation massive et un assèchement total des circuits financiers » ironisera un opposant.
Par delà la déclaration de principe devant ses pairs à rénover l’organisation, se dessine l’aspect le plus marquant de la rencontre de Nouakchott, où il fallait régler le sort de Ould Merzoug. L’homme avait certes achevé deux mandats à la tête de l’OMVS, mais son bilan reluisant à la tête de l’organisation commune, saluée d’ailleurs au cours de la conférence ne s’inscrivait pas dans une logique de départ aux yeux des pays membres. Ces derniers auraient été contraints de se plier à l’exigence de la Mauritanie qui réclamait son départ.
Paradoxalement, il n’est pas courant dans les usages qu’un pays réclame la tête d’un de ses ressortissants, au moment où les autres acceptent son maintien. Très vite, certains cercles ont accusé Mohamed Ould Abdel Aziz d’avoir œuvré depuis plus d’une année pour dégommer Mohamed Salem Ould Merzoug, dans une démarche que d’autres ont vite lié à ses idées ou à son appartenance ethnique. Ainsi, parmi les quatre pays membres de l’OMVS, le Haut Commissaire n’avait comme principal ennemi juré que son propre pays qui est allé jusqu’à geler sa participation financière pendant un an, à bloquer la réalisation d’un important projet au Mali et à boycotter une réunion des conseils des ministres à Dakar.
Toutes les autres considérations liées au bilan élogieux de Mohamed Salem Ould Merzoug dans la consolidation des acquis et la réalisation d’importants programmes de développement pour la sous-région n’avaient de valeurs aux yeux des autorités de Nouakchott. Quitte à sacrifier l’honneur d’avoir un cadre aussi brillant à la tête de l’OMVS et à confier la gestion de cet important outil aux autres, la Mauritanie de l’administration publique d’aujourd’hui n’en avait cure. Comble de machiavélisme, le ministre de l’Hydraulique soufflera le départ de Ould Merzoug bien avant l’annonce officielle de la mesure. En plus de la présidence tournante de l’OMVS, la Mauritanie a le regard rivé sur l’un des organes que sont la SOGED et la SOGEM, ou à défaut le Secrétariat général. « Encore un poste pour un cercle rapproché du pouvoir », commente un éditorialiste.
JOB
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