Au lendemain de la création de l’Agence Nationale de Lutte contre les Séquelles de l’Esclavage d’Insertion et de Lutte contre la Pauvreté (ANLSESILP) l’Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal, le Regroupement des Victimes des Evénements 89 à 91, le mouvement citoyen « Touche pas à Ma Nationalité » et certains partis politiques proches des négro-mauritaniens comme le MPR montent au créneau cette semaine à Nouakchott pour s’indigner de cette décision qui risque au contraire de retarder la réconciliation nationale et de plomber la cohésion sociale.
En décidant cette semaine de dissoudre l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés ANAIR au profit d’une nouvelle institution relevant du président Ould Aziz, l’Agence de lutte contre les Séquelles de l’Esclavage de l’Insertion et de Lutte contre la Pauvreté, le gouvernement de Ould Laghdaf semble reprendre en main le destin des 24 000 réfugiés rentrés officiellement au pays et des milliers de Haratins qui croupissent toujours dans l’ignorance et la pauvreté. C’est en réalité un pas en avant et deux pas en arrière.
L’ANLSESILP c’est un peu un pavé dans la vitrine de l’ANAIR parce qu’elle survient au sein du fleuron de l’insertion et de la lutte contre l’exclusion et la pauvreté. Une vitrine que les organisations nationales de solidarité avec les Réfugiés, le mouvement citoyen « Touche pas à Ma Nationalité » et certains partis politiques proches de la communauté africaine comme le MPR de Hamidou Baba Kane qualifient de salie et d’incompréhensible d’un gouvernement fragile et essoufflé à la recherche d’un second souffle.
C’est vrai que l’ANAIR laisse apparaître un bilan mitigé depuis sa création faute de véritables moyens. Les seuls moyens qui existent sont engloutis par les salaires. Difficile de concilier une politique volontariste dictée par un populisme d’un président qui dès le départ avait enfourché le cheval de la lutte contre la pauvreté mais finalement à mi-chemin s’est tournée vers les riches et une réinsertion des réfugiés qui demandait plus une rupture avec les régimes précédents qui s’accommodaient du statu quo. Ce recadrage de la lutte contre la pauvreté cache en réalité une mauvaise posture du gouvernement de Ould Laghdaf accusé de laxiste par rapport à l’éradication de l’esclavage par les défenseurs des droits de l’homme dans leur dernier rapport. C’est un peu l’arbre qui cache la forêt.
Le nouvel organisme est censé ainsi de mettre dans le même panier tous les exclus de la société mauritanienne que sont les réfugiés et les Haratins reléguant ainsi au second plan le règlement définitif du passif humanitaire. Une dissolution qui rend les rapatriés presque orphelins qui s’interrogent sur leur avenir. Le plus difficile pour eux c’est de retrouver leurs terres et pour les éleveurs d’être indemnisés. Le vrai blocage c’est sur le registre l’état civil au moment où le recensement biométrique avance à petits pas. Triste réalité : sur les milliers de rapatriés officiellement 6000 seulement ont leurs papiers. De quoi crier scandale.
Le prétexte de lutter contre les séquelles de l’esclavage en dit long également alors que le président mauritanien nouveau président en exercice de l’OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal) qui regroupe outre la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Guinée vient d’exercer une pression sur ses homologues contre toute attente pour limoger son haut-commissaire Mersoug d’origine Haratine et pourtant qui a fait ses preuves au sein de cette organisation. Hormis cette querelle de personnes c’est l’engagement du chef de l’Etat à lutter contre les lobbies de l’esclavage qui est mis en cause et surtout sa volonté de faire appliquer d’abord les lois qui sont votées par les parlementaires malgré leurs insuffisances notoires.
C’est surtout cette sorte d’impunité qui n’apparaît nulle part dans les esquisses de solutions au passif humanitaire et à l’éradication de l’esclavage qui fait tiquer les observateurs. Ce qui laisse planer suffisamment de doutes sur l’efficacité de cette nouvelle mesure gouvernementale. Même si ce nouveau joyau des décideurs politiques est doté de milliards d’ouguiya c’est la nature même du régime de Ould Aziz qu’il faut changer A défaut, les mauritaniens retourneront toujours à la case de départ.
Bakala Kane{jcomments on}
(Reçu à Kassataya le 28/03/2013)
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