Guerre au Mali : La Mauritanie va envoyer 400 hommes

(Crédit photo : Al Akhbar)

Selon l’Agence turque Anatole, citant un haut responsable mauritanien, « la Mauritanie va envoyer 400 soldats pour le Maintien de la Paix au Mali, c’est la promesse faite par le président Mohamed Ould Abdel Aziz ».

L’information reprise par plusieurs sources de presse locale a déjà titillé la fibre de l’opposition, dont l’un des représentants, la Convergence démocratique nationale de Me Mahfoudh Ould Bettah a déjà vivement condamné cette démarche. En plus de taire les critiques de la presse malienne par rapport à l’indifférence de la Mauritanie par rapport à sa crise sécuritaire, et de satisfaire en même temps ses partenaires de la communauté internationale, notamment la France et les pays africains, la décision de la Mauritanie permettra peut-être de sauver la vie de citoyens touarègues, peulhs et arabes, soumis à la vendetta de l’armée malienne. Même si le président intérimaire Diacounda Taroré a démenti à partir de Dakar les accusations de pogroms portées contre son armée, des institutions internationales parlent de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au Mali.

Sous couvert d’une participation à une mission de maintien de paix parrainée par les Nations Unies, la Mauritanie s’apprêterait à expédier 400 soldats au Mali. Pour certains cadres proches de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir, « Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas renié ses convictions et il y a une grande différence entre participer à une guerre au Mali, ce que nous continuons à refuser, et participer une mission onusienne de maintien de la paix ». Cette décision du président mauritanien aurait été prise et confirmée, sans pour autant être encore déclarée d’une manière officielle, suite à la visite que vient d’effectuer à Nouakchott, le président intérimaire du Mali, Diacounda Traoré. Aucune Date Line n’a encore été avancée pour l’envoi du corps expéditionnaire mauritanien, même si sur le plan des relations bilatérales, Mauritaniens et Maliens ont promis de renforcer la coopération dans le domaine militaire et sécuritaire, notamment dans le domaine du renseignement.

Premier à réagir à cette déclaration, le parti Convergence démocratique national (CDN) qui dès mardi 12 mars 2013 a demandé aux autorités mauritaniennes de renoncer immédiatement à leur décision d’envoyer des troupes au Mali. Le parti de l’ancien Bâtonnier et ancien ministre de la Justice, Me Mahfoudh Ould Bettah, trouve que la décision est personnelle et n’engage en rien le peuple mauritanien et sa classe politique, notamment le Parlement, qui n’a pas été consulté. « Cette décision est grave, car elle dénote d’une démarche dictatoriale pris par un régime personnalisé qui s’auto octroie à lui tout seul le droit de disposer à sa guise de faire la guerre ou la paix », soulignera le communiqué diffusé par la CDN. Le parti considère qu’il s’agit là d’un recul dramatique dans la position initiale de la Mauritanie qui avait décidé, avec le consentement de l’ensemble de ses forces vives, de ne pas interférer dans la guerre au Mali et de se contenter de garder ses frontières. La CDN considère ainsi qu’une participation de la Mauritanie dans un conflit sans le couvert des Nations Unies constitue une dangereuse aventure pour les relations de voisinage avec le Mali, pour la paix et la stabilité dans ce pays et dans la région.

Cette décision de la Mauritanie intervient au moment où la guerre continue d’opposer les armées africaines et françaises aux Djihadistes, avec des infiltrations sporadiques de forces incontrôlées dans les villes supposées libérées de Gao et Tombouctou. Pour les observateurs, l’intervention mauritanienne serait une aubaine pour les populations civiles, notamment ceux que les Maliens appellent les « peaux blanches », Touarègues, Peulhs et Arabes, victimes d’expéditions punitives de la part des milices maliennes des Gonda Koï et de l’armée régulière.

Les Nations Unies parlent en effet de pogroms et d’exécutions extrajudiciaires, pointant du doigt les militaires maliens et leurs supplétifs qui auraient lancé une vaste opération d’épuration ethnique et d’exactions vengeresses. Le vice-président du Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme trouve qu’à la lumière des enquêtes menées sur le terrain par ses équipes, le 18 février dernier, l’intervention dans le Nord Mali est accompagnée de violences répressives. Il accuse directement quelques éléments de l’armée malienne pour des exactions à caractère ethnique contre le Peulhs, les Arabes et les Touarègues, accusés pour leur supposé soutien aux jihadistes durant l’occupation du Nord. Le nombre important de réfugié civils maliens serait ainsi dû, selon les Nations Unies, à la peur ressentie par ces centaines de milliers de populations fuyant les représailles. La Mauritanie abrite ainsi à elle seule quelques 100.000 réfugiés qui ne peuvent plus regagner leurs terres, en l’absence d’une garantie de paix. C’est dans ce cadre que l’envoie par la Mauritanie de troupes serait important, dans la mesure où il lui permettra de sécuriser les zones d’habitat des réfugiés pour alléger le lourd fardeau de leur présence sur son sol. La présence mauritanienne, permettra également selon plusieurs observateurs, de mettre fin au vandalisme en cours.

Dans ce cocktail molotov de la crise malienne, les accusations de pogroms ne sont pas seulement unilatérales. En effet, les Maliens accusent également la rébellion touarègue, notamment le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) de massacres de civils. Dans un communiqué de presse, l’armée malienne accuse en effet quelques éléments touarègues de meurtres sur quatre civils à l’orée de Tombouctou.

Pour sa part, le président intérimaire malien Diacounda Traoré aurait démenti, à partir de Dakar où il s’est rendu après son séjour à Nouakchott, toute implication de l’armée malienne dans des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.

En attendant, la rue mauritanienne reste divisée sur l’opportunité ou non d’une participation de l’armée au Maintien de la paix au Mali.

Cheikh Aïdara

Source  :  L’Authentique le 18/03/2013{jcomments on}

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