Loin de se bousculer dans les espaces publics pour soutenir un soi-disant printemps arabe ou une révolte contre les dirigeants en place capable de jeter le pays dans l’incertain voire dans le chaos, les habitants, loin de vouloir se laisser naviguer au gré des vents politiques, préfèrent plutôt manifester pour jouir de conditions socioéconomiques décentes
notamment l’accès à l’eau potable, à l’électricité et à l’habitat avec une priorité naturelle pour le premier qui semble faire cruellement défaut dans de nombreuses localités de la Mauritanie, poussant les populations à se mobiliser massivement pour attirer les autorités sur cette exigence indispensable à leur survie pour rester dans leurs terroirs.
Malgré des chantiers énormes menés dans le pays pour assurer une alimentation en eau potable des populations, la Mauritanie souffre encore de la sous-exploitation considérable de ses importantes ressources hydrauliques pour approvisionner ses citoyens et son cheptel. Un secteur qui paradoxalement engloutit annuellement des milliards d’ouguiyas affichant parfois certaines contradictions telles que l’attribution de forages à des particuliers ou à des lobbys tribaux ou régionaux alors que des localités peuplées sont quotidiennement confrontées à des pénuries graves d’eau. Avec la perspective de l’organisation des futures élections législatives et municipales, l’accès à l’eau potable devient une arme politique véritable sur laquelle les rivaux devront tabler pour consolider leur forteresse électorale. En effet, c’est pendant la période de campagne électorale que les populations se mobilisent le mieux pour sensibiliser les politiciens au manque criant d’eau potable dans leurs communautés.
Circonscrites récemment à des localités éparpillées comme Mghtalajar dans la wilaya du Brakna, ces manifs commencent à s’organiser dans d’autres villes et cantons du pays, traduisant une grande déception des populations face à une doléance légitime que les autorités en place avant promis de satisfaire. Aujourd’hui, ces pénuries d’eau ont atteint des seuils insupportables conduisant les habitants à user de tous les moyens possibles pour exprimer le problème d’accès à l’eau auxquels ils sont exposés, notamment en coupant les axes routiers, paralysant la desserte des villes. Après la manif des habitants de la petite localité d »El Jadida, située à quelque deux kilomètres de l’arrondissement de Male ainsi que celle des populations de Magta Lahjar et de Sangrava, d’autres manifs ont éclaté également à Nema à l’Est du pays et à Rkiz dans le Sud. La contagion de la soif s’étend comme une trainée de poudre à tout le pays puisque partout des habitants interpellent les autorités pour agir au plus vite pour leur assurer cette exigence vitale. A Tintane, Chegar, Tivirit, Djigueni, Oueija, en Assaba, khabzbari, Termessa, Nouadhibou, habitants de tarhil à Nouakchott, Adel Bagrou, Tidjikja, Egjert c’est le même cri d’alarme qui ne trouve d’oreille attentive de la part des politiciens, occupés par leurs querelles intestines, passant l’essentiel de leur temps à se renvoyer des invectives au lieu de regarder en face les vrais enjeux du pays encore focalisés dans l’existence d’une vie marquée par la dignité, la justice et le bien être. C’est seulement après que le citoyen pourra penser à l’idéal politique.
Md O Md Lemine
Source : Le Rénovateur le 17/03/2013{jcomments on}
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