Lors d’une visite effectuée à Kaédi, je rencontrais des jeunes de la ville qui se plaignaient du peu d’intérêt qu’ils représentaient aux yeux des « cadres » de la ville. Quelqu’un ajouta : « Moustapha Tandia, fait pour sa part, ce qu’il peut pour nous aider. »
Le souci du devenir de son Kaédi natal, Moustapha Tandia l’a porté en lui jusqu’au bout, sans tambours ni fanfares ! Il a vécu comme une sorte de recours vers lequel aimaient se tourner les jeunes Kaédiens quand ils faisaient face à un problème : déplacements sportifs ou culturels par exemple pour Nouakchott, organisation de manifestations du même genre à Kaédi… C’est que Moustapha Ismaïla Tandia a su traduire en acte son amour pour Kaédi. Et pour cette cause, il savait aussi pousser le bouchon en assénant des vérités sans polémique, ni esprit querelleur et vindicatif, ni irrévérence et en prenant soin de ne pas personnaliser les problèmes. Ce fut le cas pour cet article qu’il adressa à la rédaction de KASSATAYA en juillet 2010 pour attirer l’attention sur la situation dramatique dans laquelle les inondations avaient plongé la capitale du Gorgol.
Mais Moustapha Tandia n’a pas servi que Kaédi. Ingénieur des Travaux Publics, il était aussi un fin connaisseur de l’administration mauritanienne qu’il servit notamment à la Commission Centrale des Marchés.
Moustapha Ismaïla Tandia était un homme plein d’humour et qui ne s’embarrassait pas de protocole. Il ne se prenait pas non plus trop au sérieux : juste ce qu’il fallait, quand il le fallait où il fallait ! Ceux qui avaient la chance de discuter avec Moustapha Tandia, avaient l’assurance d’avoir leur Baase (lire baassé) et le Silahanda, « cadeaux de bienvenue ou de départ » comme lui-même le décrivait dans cet autre article qu’il adressait à KASSATAYA en août 2011. Il s’agit de présents que Moustapha Tandia qualifiait d’actes de déférence en pays soninké. Toute sa vie durant, il saura honorer ces enseignements. Dans ce même pays soninké, quand la nouvelle de la mort est annoncée, on souhaite le Paradis comme Baase au nouveau venu, son cadeau de bienvenue. Moustapha Ismaïla Tandia s’est éteint ce jeudi 14 mars 2013 à Tunis. Qu’Allah, dans sa Miséricorde et son infinie Bonté accorde Son Pardon à Moustapha Ismaila Tandia. Et que le Paradis soit son mukkin baase (de mukke, hôte, nouveau venu et baase).
Abdoulaye DIAGANA
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com