ONU-Femmes-Mauritanie: La priorité c’est d’aboutir à des lois qui protègent la femme

(Mar Jubero, coordinatrice ONU-FEMMES Mauritanie. Crédit photo : AL Akhbar)

La priorité pour les femmes en Mauritanie c’est d’abord d’aboutir à des lois qui les protègent, explique Mar Jubero, coordinatrice du programme ONU-FEMMES en Mauritanie. Elle répond aux questions de Alakhbar.

ALAKHBAR : Où en sommes-nous de l’application, en Mauritanie, de la convention sur l’élimination de toutes les formes de violences à l’égard des femmes ?
Mar Jubero: En effet, la Mauritanie a ratifié cette convention, mais avec une réserve générale, contrairement à d’autres pays qui l’ont ratifiée en émettant des réserves spécifiques sur certains de ses articles qui ne sont pas en rapport avec leurs cultures. Donc, nous sommes en train de travailler avec le gouvernement, la société civile et les oulémas afin qu’on passe de cette réserve générale à des réserves spécifiques sur des articles précis.ALAKHBAR : Pouvez-vous être plus précise sur cette réserve générale de la Mauritanie?
Mar Jubero: Ils disent, en général, que tout ce qui n’est pas en rapport avec la Charia ne peut pas s’appliquer en Mauritanie. C’est comme ça pour l’instant. Mais, il y a déjà des ateliers d’oulémas organisés en 2010 et en 2011 qui ont émis certaines réserves sur deux articles relatifs notamment à l’héritage.ALAKHBAR: Qu’est ce qui explique le silence des autorités mauritaniennes aux doléances que les femmes avaient soumises au président Ould Abdel Aziz le 8 mars 2012 ?
Mar Jubero: Il y a eu, l’année passée, une grande mobilisation des femmes. Elles ont même marché vers la Présidence et remis leurs doléances au président de la République. Après cette marche, le président s’est rendu à Nouadhibou où il a promis de tenir compte de ces doléances, ce qui n’a finalement pas été le cas. Pour cette raison, au niveau des Nations unies, toutes les agences, FNUAP, ONUFEMMES, le Commissariat aux droits de l’homme, etc. nous souhaitons organiser, vers la fin du mois de mars (courant) un atelier de plaidoyer de haut niveau pour essayer de faires passer une loi qui protège les femmes.ALAKHBAR: y a-t-il une chance de réussite?
Mar Jubero: Il y a quatre différents projets de loi élaborés par plusieurs associations de la société civile qui sont très engagées. Maintenant, il faut, au niveau des Nations unies, les soutenir en organisant cet atelier de haut niveau où il y aura aussi des représentants du ministère de la Justice et de ceux de la Présidence de la République.Le problème est qu’on ne peut pas passer quatre différents projets de loi sur la même thématique. Il faut les compiler, il faut les harmoniser et tenir compte de toutes les formes de violences faites aux femmes. Comme ça, je pense que nous aurons plus de chance de réussite.ALAKHBAR: Mais est-ce que le problème n’est pas que les femmes mauritaniennes n’ont pas un plan d’action cohérent, ce qui n’aide pas les autorités à les soutenir ?
Mar Jubero: Il y a parfois des problèmes de coordination. La coordination n’est pas facile du fait qu’il y a plusieurs organisations de la société civile qui travaille chacune sur différentes thématiques. Chaque ONG à son programme, donc ce n’est pas facile de se mettre, chaque fois, ensemble pour faire aboutir les initiatives. C’est pourquoi l’«Espace de Rencontres et d’Echanges autour des Violences faites aux Femmes» a été crée l’année passée pour, justement, coordonner ces différentes initiatives.ALAKHBAR: Que peut-on aujourd’hui retenir comme priorité en matière d’égalité des sexes et de l’autonomisation de la femme mauritanienne ?
Mar Jubero: Je pense que la priorité pour les femmes en Mauritanie c’est d’abord d’aboutir à ces projets de loi. Il y a beaucoup d’efforts qui ont été faits dans ce sens. Il y a ensuite la participation politique des femmes.Source  :  Al Akhbar le 11/03/2013{jcomments on}Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

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