Le président mauritanien irrité par des propos de Noël Mamère

(Crédit photo : anonyme)

C’est peu dire que le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a modérément apprécié les propos du député français (Europe Ecologie-Les Verts) Noël Mamère, qui, à plusieurs reprises ces dernières semaines, l’a qualifié de « parrain de la drogue ». Une plainte au pénal pour diffamation devait être déposée à Paris lundi 4 mars par ses avocats.

A Nouakchott, l’opposition s’est emparée de la polémique.

Interrogé sur la situation au Mali le 21 janvier dans l’émission « 28 minutes » sur Arte, M. Mamère avait lancé : « Est-ce que vous imaginez que les djihadistes vont disparaître et qu’ils ne vont pas se réfugier en Mauritanie, où il y a un président qui est le parrain d’un trafic de drogue ? » Dans un premier temps, le président Aziz en était resté coi. Pas de réaction. Mais le 10 février, le député français renchérit sur un site Internet, citant pour étayer son accusation une « grâce présidentielle » accordée à un trafiquant de drogue et des relations « poussées » avec un consul de Guinée-Bissau « plaque tournante du trafic de drogue », qui « a pignon à la présidence mauritanienne ».

C’en est trop pour le chef de l’Etat, d’autant qu’à Nouakchott la Coordination de l’opposition démocratique exige des explications. Surtout, les sites qui relaient abondamment la polémique sont proches de l’homme d’affaires mauritanien Mohamed Ould Bouamatou, dont les partisans ont manifesté pour réclamer le départ du président.

AUBAINE POUR LES UNS, COUP DE MASSUE POUR LES AUTRES

Banquier, assureur, industriel, actionnaire de la Générale de banque de Mauritanie, la première banque privée du pays, M. Bouamatou est à la tête d’une fortune qu’il avait mise au service de la campagne, en 2009, de son « ami », le général Aziz, auteur d’un coup d’Etat militaire un an avant son élection. Puis les relations entre les deux hommes se sont gâtées. Au point que l’homme d’affaires passe désormais plus de temps au Maroc qu’en Mauritanie et que ses entreprises font l’objet de contrôles fiscaux à répétition.

Aubaine pour les uns, coup de massue pour les autres, les déclarations de Noël Mamère, qui n’a jamais mis les pieds en terre mauritanienne, ont surgi dans ce contexte. « Même si ces accusations ne sont relayées d’aucune preuve, même si elles ne reposent sur aucune argumentation convaincante, elles ont pris une place centrale dans les joutes politiques locales », s’indigne Mohamed Fall Ould Oumeir, directeur du journal La Tribune.

Le député ne regrette rien. « J’ai dénoncé une situation qui fait de nous les obligés de toute une série de régimes peu recommandables », soutient-il. « La légèreté avec laquelle M. Mamère s’est exprimé mérite une sanction », répliquent les avocats Eric Diamantis et Jemal Ould Mohamed, du cabinet Watson, Farley & Williams mandaté par le chef de l’Etat mauritanien « pour aller jusqu’au bout » des poursuites.

Isabelle Mandraud

Source  :  Le Monde le 03/03/2013{jcomments on}

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page