A sa cinquième année, ou presque, le système de Mohamed Ould Abdel Aziz, peine à consolider la légitimité acquise, à tort ou à raison, à l’issue de l’élection présidentielle, qui l’a porté à la magistrature suprême, en juillet 2009. Le système est né, en quelque sorte, avec des relents de fin de règne.
De crise en crise, Mohamed Ould Abdel Aziz fait, toujours, comme par option, entretenir un foyer de tension. Pourtant, l’homme avait toutes les chances de réussir, au moins son premier mandat. Les pays occidentaux, le considérant un véritable rempart contre l’avancée du terrorisme et du crime organisé, se bousculaient devant sa porte. Les pays arabes déliaient, à merveilles, les cordons de leurs bourses. Ses adversaires politiques lui ont, même, à un moment, reconnu une certaine légitimité. Le peuple, longtemps absent de toutes les politiques de développement, avait cru, quant à lui, au discours réformiste de l’homme. Et avait pris, peut-être, pour argent comptant ses sorties tout espoir : “Fini, le népotisme. Finis les passe-droits et la gabegie érigés, en système de gouvernement. La justice sera désormais de mise.’’ Disait-il, entre monts et vallées, en accusant, au passage, la classe politique qui tenait le pays, depuis trente ans, “de tous les pêchés d’Israël.” Un Robin des Bois, pour les pauvres. En somme.
Le masque tombe…
Elle est bien loin la belle époque des discours mielleux. Aujourd’hui, le système s’englue dans des crises multiformes. Les élections législatives et municipales sont renvoyées aux Calendes Grecques. L’insécurité gagne les métropoles. Les cas d’agressions, d’homicides, pour des bagatelles, se multiplient. L’assainissement de la dépense publique s’est réduit à des mesures misérabilistes entraînant la clochardisation de l’administration. Le népotisme gagne du terrain. Aujourd’hui, chaque jour apporte son lot d’informations relatives à des cas coteries flagrantes, allant de l’implication, dans une affaire malsaine, d’un fils, un neveu, un gendre, un proche cousin, ou un proche tout court du premier citoyen du pays, celui-là même qui a juré, il y a quatre ans, d’engager une lutte sans merci contre le népotisme et le pillage des deniers publics.
“Les innombrables projets de développement, qui ont été inaugurés, en grande pompe, ne terminent jamais, confie un observateur du secteur des infrastructures.’’ Par ailleurs, s’insurge un cadre d’une commission sectorielle de passation des marchés publics : ‘’Les commissions sectorielles de passation de marchés publics, qui coûtent très chères à la collectivité, gages de transparences, sont vidées de leur sens. Puisque supplantées, par d’autres commissions spéciales, très spéciales, plus agissantes, celles-ci, dans les différents départements qui comptent. Et qui octroient marchés au gré du prince.’’ Le secteur minier demeure la chasse gardée d’une oligarchie de clients proches du sérail, s’indignent bien des opérateurs économiques qui cherchent, vainement, une once porteuse au sein de ces univers.
‘’La justice est mise sous le joug de l’inféodation’’, ne cessent de crier les avocats et autres usagers et victimes de son instrumentalisation.
Par ailleurs, l’homme régente le pays. Lui seul, à bord. Il ne tient qu’à sa tête. Ne délègue pas. Ne partage avec personne.
Il avait, tout de même, une opposition avec laquelle, il aurait pu s’entendre. Mais, il a préféré la pousser vers le radicalisme et des démarches peu productives, pour elle, pour lui et pour le pays, dans son ensemble. La nature, depuis les temps immémoriaux, c’est connu, ayant, toujours horreur du vide, elle allait enfanter d’autres formes d’opposition. D’autres revendications portées, en dehors du cadre politique, parce que ni le pouvoir n’a songé les prendre en charge, ni l’opposition ne dispose de la force requise pour les accomplir.
Un producteur de crises…
“Par ailleurs, on découvre, dit un observateur, une propension déconcertante chez le premier citoyen du pays, à produire les crises. C’est un producteur de crise. C’est comme s’il s’en nourrit et s’en alimente, conclut-il.’’ ‘’Si une brève trêve entre lui et un ennemi de circonstance devait naître, une autre surgit.’’ Entre deux crises, une autre, comme un coup du ciel, vient frapper de plein fouet la vie privée et personnelle de l’homme. Une balle amie, dit-on, tirée par méprise pour aliter la république cinq semaines durant, commente un autre.’’
Les perspectives sont bouchées. Mohamed Ould Abdel Aziz, dont les milliers de Mauritaniens ont apprécié, un jour, la force et la détermination à vouloir instaurer un système où la justice et la probité morale devraient cohabiter harmonieusement, semble s’être éclipsé. Ils le cherchent, toujours, les Mauritaniens. Désespérés, ils n’espèrent pas un salut de la part de l’opposition. Jamais, dans ce pays, les oppositions n’ont pu imposer une quelconque alternance. Elles n’en ont pas la force, bien entendu, les forces opposantes dans ces contrées. L’alternance se fait, généralement, à l’intérieur du système. Et, à l’intérieur du système, l’unique force qui vaille demeure l’institution militaire. Et quand les relents de fin de règne se dégagent avec insistance, c’est vers ce côté qu’il faut avoir l’œil.
A.V.T
Source : Biladi le 28/02/2013{jcomments on}
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