Les réfugiés du camp de M’Bera dans le sud-est de la Mauritanie espèrent que le déploiement de casques bleus de l’ONU leur permettra de retourner rapidement et sans crainte dans leur pays.
Les islamistes liés à al-Qaida ont lancé, le dimanche 10 février, une nouvelle attaque contre la ville de Gao, dans le nord du Mali, entraînant des échanges de tirs pendant plusieurs heures avec les forces françaises et maliennes.
Ces combats ont fait au moins deux morts chez les islamistes et tué trois civils, a précisé l’AFP. Quinze autres civils et deux soldats maliens ont également été blessés lors de cette attaque.
Le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) a revendiqué cette attaque, ainsi que deux attentats suicides avortés durant le week-end. Ce lundi, les forces françaises ont procédé à des frappes aériennes pour repousser les djihadistes.
Ces dernières violences ont fait naître de nouvelles craintes chez les centaines de milliers de réfugiés chassés de leurs maisons par la violence islamiste.
Nombre de ces réfugiés maliens vivent aujourd’hui dans le camp de M’Bera, mais les informations concernant une proposition d’envoi de troupes onusiennes de maintien de la paix laissent espérer à beaucoup un retour rapide dans leur pays.
Mercredi 6 février, la France a présenté une demande officielle au Conseil de sécurité visant le déploiement de casques bleus de l’ONU dans le nord du Mali, lorsque les opérations militaires françaises dans la région auront cessé.
L’ambassadeur de France auprès des Nations unies, Gérard Araud, a demandé à l’instance mondiale d’accélérer le déploiement de cette force de maintien de la paix pour protéger les civils contre de possibles violations des droits de l’Homme.
Radio France International a toutefois indiqué le 7 février que ce déploiement pourrait ne pas intervenir avant mars ou avril.
Plusieurs réfugiés maliens ont signalé des atrocités commises envers des civils par les rebelles djihadistes au Mali. Les réfugiés fuyant la guerre dans le pays ont en effet assisté à des exécutions sommaires et à des amputations commises par les rebelles, qui cherchaient à imposer la charia dans les régions contrôlées par leurs forces, a précisé Al Jazeera.
Près de 150 000 ont franchi les frontières pour fuir la guerre, qui a déplacé en interne quelque 230 000 autres personnes, avait indiqué l’AFP le 20 janvier, citant le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).
Zakiyatou Oualett Halatine, porte-parole de l’Association des réfugiés et des victimes de la répression dans l’Azaouad (ARVRA), a salué cet appel de la France.
« Je pense que ce dont ont besoin les réfugiés maliens en Mauritanie, c’est la mise en place des conditions appropriées à leur retour dans leur pays, sur leur terre et à une vie normale, sans peur. Si cette force de maintien de la paix est en mesure de le garantir, alors ils rentreront chez eux », a-t-elle expliqué à Magharebia.
« Les casques bleus sont présents dans toutes les régions qui ont connu un conflit », a-t-elle ajouté. « Ce dont les réfugiés ont besoin pour alléger leurs souffrances, c’est d’être en mesure de mener la vie qu’ils souhaitent. »
Ibrahim Ag Bibi, un Mallien qui a fui la guerre et vit aujourd’hui dans le camp de réfugiés de M’Bera, se dit encouragé par cette proposition d’une force de maintien de la paix.
« Cette décision est très importante et bien accueillie, parce que l’envoi de ces troupes permettra d’ancrer un sentiment de sécurité dans le coeur de réfugiés qui ont peur des représailles », a-t-il expliqué.
Ag Bibi n’exclut pas de rentrer chez lui, dans le nord du Mali, lorsque la région aura été débarrassée des terroristes qui tuent des gens et flagellent les femmes.
« Il ne fait aucun doute que les groupes terroristes armés sont la raison pour laquelle nombres d’entre nous ont quitté leurs maisons et se sont enfuis en Mauritanie, par crainte des meurtres et des harcèlements de toutes sortes », a-t-il ajouté.
Mohamed Ould Oubeida Sharif, journaliste chargé de couvrir le sort des réfugiés dans le camp de M’Bera, accueille toutefois avec prudence l’annonce de l’arrivée potentielle des casques bleus de l’ONU.
« Il est certain que l’envoi de troupes internationales dans le nord du Mali pourrait contribuer en partie au retour des réfugiés dans leur pays », a-t-il expliqué à Magharebia. « Mais leur présence devra être importante et ils devront être bien armés pour être en mesure de contrer les opérations suicides que certains terroristes ne manqueront pas de lancer. »
Jemal Oumar
Source : Magharebia le 11/02/2013{jcomments on}
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com