Pourquoi veut-on des noises à Ould Bouamattou ?

(Archives. Bouamattou et ould Badel aziz le 28/11/2009. Crédit photo : Cridem)

L’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamattou est depuis quelques temps la cible privilégiée du pouvoir de Nouakchott qui cherche visiblement à lui faire la peau.

Dernière action punitive en date : le redressement fiscal que vient de destiner le Directeur général des Impôts aux sociétés du groupe BSA sommées de déposer au Trésor public une enveloppe de 4 milliards d’ouguiyas.

Entre le président Ould Abdel Aziz et l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamattou, rien ne va plus ! Les deux hommes ne seraient plus en odeur de sainteté. C’est ce que croient dur comme fer certains pans du pouvoir qui ont pris fait et cause pour le président Ould Abdel Aziz. Non contents des effets produits dans les affaires de Bouamattou par le projet de loi portant sur l’interdiction d’importation des cigarettes, ces « relais » dont notamment le directeur général des Impôts, ont franchi un pallier de plus dans la guerre menée contre l’homme d’affaires. Après s’être abstenus de verser le moindre Khoum’s à BSA Gaz en 2011 comme en 2012, dans le cadre de la subvention annuelle due -et pourtant accordée à l’ensemble des autres sociétés de commercialisation de gaz butane dans le pays- les services concernés du ministère des Finances et de la BCM ont engagé des inspections dans l’ensemble des sociétés de BSA. Il s’est agi entre autres, de vérifier les écritures comptables et les dépôts à la GBM Banque, à l’AGM Assurances, à BSA Ciment. En amont, les sociétés BSA avaient été sommées de déposer une enveloppe de 4 milliards d’ouguiyas au Trésor public, une somme qui pourrait être restituée si au terme des inspections de l’Etat, il ne leur était rien reproché.

Coincé.

En fait, depuis 2011, les sociétés BSA subissent un traitement particulier de la part de l’administration publique qui ne ménage rien pour les « abattre ». Tout se fait comme si mission leur avait été donnée de réduire à néant la fortune de Mohamed Ould Bouamattou. Cet acharnement contre l’homme serait consécutif à la détérioration des relations entre celui-ci et le président Ould Abdel Aziz. Les deux cousins s’estimaient pourtant beaucoup et n’ont jamais cessé de travailler ensemble. Après le départ de Ould Taya, on se rappelle du combat qu’avait mené Bouamattou pour la reconnaissance du CMJD alors dirigé par Ely Ould Mohamed Vall et Ould Abdel Aziz. Par ses fonds et son imposant carnet d’adresse, Ould Bouamattou est parvenu à convaincre l’Union Africaine et son secrétaire général Konaré mais aussi la France et les pays limitrophes de la justesse et de l’opportunité de l’acte de prise de pouvoir à Nouakchott par les militaires. Et lorsque le CMJD passait le relais à Sidioca alors que les relations étaient des plus tendues entre le président sortant Ely Ould Mohamed Vall et le tout nouveau général des armées Mohamed Ould Abdel Aziz, Bouamattou n’a pas hésité à se mettre du côté de ce dernier. Un soutien qu’il va d’ailleurs renforcer un peu plus tard quand Ould Abdel Aziz renversait le régime de Sidioca. Une fois encore, Ould Bouamattou reprit son bâton de pèlerin usant le cas échéant de ses contacts à l’Elysée et de ses relations avec le président sénégalais de l’époque Wade, pour amener la communauté internationale à soutenir le coup de force de son cousin. Comptant de nombreux amis au sein de l’opposition mauritanienne, Bouamattou usera de tout son tact et de son flair accompagnant discrètement la classe politique à Dakar où devait se signer en 2009 les accords qui prendront le nom de la capitale sénégalaise et qui conduiront à la tenue d’élections présidentielles apaisées. Lors de la campagne présidentielle, Ould Bouamatou aurait investi 5 milliards d’ouguiyas au profit de son candidat qui réussira sans coup férir à sortir vainqueur au premier tour ! L’empreinte de l’homme dans la victoire de Ould Abdel Aziz était nette et les relations entre les deux cousins étaient des meilleurs. Mais très vite, celles-ci commencèrent à se détériorer : ce fut d’abord le projet de création par le président Ould Abdel Aziz d’une nouvelle compagnie aérienne Mauritanie Airlines alors que Mauritanie Airways qui appartenait en grande partie à Bouamattou était déjà en place. Ce dernier aura beau évoquer l’inopportunité de cette nouvelle création, en vain. Ce fut ensuite le projet de création d’une nouvelle société des Assurances qui viserait particulièrement à concurrencer l’AGM de Bouamattou.

Alors que celui-ci s’était préparé pour soumissionner dans nombre de marchés naissants dans un pays qu’il avait aidé à reprendre sa place dans le concert des nations démocratiques en développement, dotant la BSA d’une filiale bâtiment et travaux publics et se mettant en relations avec de nombreux partenaires étrangers, il devait vite déchanter. Face à lui, le président Aziz agissait dorénavant comme un homme d’affaires concurrent qui avait, lui aussi, ses propres partenaires. Le vase commençait à déborder. Voyant son cousin venir, Mohamed Bouamattou décida d’élire domicile à Marrakech (Maroc). On lui prêta l’intention de ne plus retourner en Mauritanie « tant que la dirigerait son cousin, Mohamed Ould Abdel Aziz » disaient les mauvaises langues. L’homme connu pour son silence et sa discrétion, ne dira jamais mot. Son absence du pays, handicapait nombre de personnes, lui dont les largesses dépassent les frontières.

Visé

Longtemps tu, le malaise dans les relations entre les deux hommes est à présent étalé au grand jour sur la place publique. Les derniers actes de l’administration centrale qui visent les intérêts de BSA sont là pour confirmer que rien ne va plus entre eux. Alors que Mohamed Ould Bouamattou continue de résider au Maroc d’où il dirige ses affaires, le pouvoir de Nouakchott lui, s’est engagé dans une croisade pour l’affaiblir. Fini le temps où le groupe BSA obtenait des licences d’exploitations minières en Mauritanie lors des conseils des ministres ; fini aussi le temps où le groupe s’offrait des bons de Trésor et soumissionnait dans les appels d’offres publics ! Conscient qu’au cas où il exprimerait ses intentions de participer aux marchés publics, ses appels seraient vains, le groupe BSA a décidé de réduire au maximum ses activités dans le pays. Pour l’affaiblir encore plus, voilà que l’Etat décide de le taxer au taux le plus fort, le sommant de verser 4 milliards d’ouguiyas au Trésor public alors qu’au même moment les autres hommes d’affaires nationaux, aussi riches que lui, son relativement bien traités. Ould Ebnou, entre autres, sommé de payer 2 milliards, n’a-t-il pas vu sa « peine » ramenée à 200 millions d’ouguiyas ? Un autre homme d’affaires à Nouadhibou, condamné (dans la pratique officieusement officielle) 600 millions d’ouguiyas, n’a-t-il pas finalement remboursé que 20 millions d’ouguiyas ? Comment s’expliquer des transferts annuels de 250 millions de dollars américains par la Banque Centrale de Mauritanie au profit de Bahaye Ould Ghadde, deux milliards par le biais de la BCI et 700 millions au travers de la BADH au profit de Feil Ould Lahah ? A combien ces nouveaux riches sont-ils imposés ? Ce qui est certain, c’est qu’ils le sont beaucoup moins que Bouamattou.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 27/01/2013{jcomments on}

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