Mauritanie : le MIA, une nouvelle carte à jouer pour Ould Aziz

(Alghabasse Ag Intalla, leader du MIA. Crédit photo : anonyme)

Au lendemain de l’arrestation d’un des dirigeants du groupe islamique Ansar Dine en fuite près de Bassikounou dans le Sud-Est de la Mauritanie suivie de la création du Mouvement islamique de l’AZAWAD ( MIA) qui officialise la rupture du MNLA à Ansar Dine, les Jihadistes ont lancé cette semaine des représailles au Nord-Mali en détruisant le pont stratégique de Tassiga qui reliait jusqu’ici Gao au Niger.

Des évènements qui traduisent une évolution dans le conflit malien et qui offrent ainsi une nouvelle carte à Ould Aziz pour jouer à l’avenir le médiateur entre le MIA et les autorités de Bamako.

Depuis le déclenchement de l’opération Serval le 11 janvier dernier dans les localités de Konna et de Diabali reprises par les forces françaises et maliennes pour repousser les islamistes, le président mauritanien s’est engagé dans une course contre la montre pour éviter les infiltrations des jihadistes tout au long des régions frontalières pour assurer la sécurité des étrangers dans les sites sensibles que compte le pays et bien entendu les populations locales en renforçant les contrôles à Nouakchott et à l’intérieur du pays. L’intensification de la chasse aux barbus dans leurs fiefs à Tombouctou, Gao et Kidal par les forces françaises et l’armée malienne a entraîné un flux de réfugiés auquel doit faire face Ould Aziz dans Fassala et Bassikounou et surtout la fuite des islamistes d’Ansar Dine dont un de ses dirigeants Ahmad Ag Abdatah qui était basé à Goundam au Nord –Mali a été arrêté cette semaine près de la frontière. Un gros calibre qui vient enrichir le puzzle de l’AZAWAD entre les mains de Ould Aziz qui entend bien exploiter la création du Mouvement islamique de l’AZAWAD qui officialise le divorce entre le MNLA et Ansar Dine. Cette nouvelle tendance plus modérée en gestation depuis des années marque le début d’une nouvelle culture de dialogue pour l’autonomie et non l’indépendance comme l’a souligné son porte-parole Mohamed Ag Aharib. Un retour à la case de départ qui annoncerait un nouvel épisode des relations avec Nouakchott qui a toujours soutenu le MNLA dans les heures les plus sombres de la guerre de libération notamment sous le régime de Ould Taya dans les années 90 comme aujourd’hui sous Ould Aziz qui a accepté un bureau dans sa capitale et accueilli un contingent de combattants désarmés depuis le début des hostilités avec Bamako et qui ont fui les derniers combats avant et après l’intervention de l’armée française au Mali. Une guerre qui entre cette semaine dans une nouvelle phase avec les représailles des barbus qui ont détruit le pont stratégique de Tassiga qui reliait jusqu’ici Gao au Niger. Dans ce nouveau contexte où le MIN demande un cessez-le feu Ould Aziz pourrait détenir une des clés de cet imbroglio politique. Et au de-là jouer un grand rôle dans le processus de paix dans cette sous région. Le groupe radical Ansar Dine allié des jihadistes de l’Aqmi et le Mujao est pris à la gorge. Nul doute que la scission du mouvement est très handicapant sur le front face à la puissance militaire française soutenue par les Etats-Unis et la majeure partie de l’Union européenne et politiquement pour le peuple touareg dont la solution définitive et globale au conflit malien est de garantir le droit à l’autonomie .Le MIA en rupture de la culture de l’impasse à l’origine du MNLA est en quête de cette légitimité à Nouakchott. Il s’agira pour le numéro un mauritanien de saisir cette petite fenêtre ouverte pour discuter avec l’Elysée sur l’opportunité du MIN dont les combattants connaissent parfaitement le désert et maîtrisent la guérilla, un atout pour venir à bout des jihadistes. Alors le principal défi qui attend maintenant le chef de l’Etat mauritanien est de montrer qu’il est capable de ne pas seulement voir ses intérêts au Mali mais de l’aider sur tous les plans à éliminer les fanatiques religieux sans aucune réserve malgré la résurgence de ce courant en Mauritanie.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 26/01/2013)

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