Mauritanie/Intervention au Mali : Ce qu’en pensent les sages du marché de la Capitale

(Crédit photo : Laura Martel / RFI)

Au cœur de la plupart des discussions à Nouakchott, l’intervention franco-africaine, ou afro-française, le sujet trouve une acuité particulière aux yeux des sages âgés «changeurs de devises» du marché de la capitale de Nouakchott.

Après un peu plus d’une heure passée avec eux, les analyses sur la situation au Nord Mali, vont des plus pertinentes, aux plus folles. Florilège.

Eux : la cinquantaine en moyenne, voire beaucoup plus pour trois d’entre eux, de la dizaine de changeurs de devises, essentiellement soninkés, et quelques halpulaars, sis au marché de la capitale de Nouakchott.

Ils sont assis là du milieu de la matinée, jusqu’en fin d’après-midi pour la plupart, à recevoir des clients désireux de convertir leur argent en monnaie nationale ou vice-versa. Dans les intervalles de calme relatif de l’attente du prochain client, les discussions se déroulent selon l’actualité du moment, avec en bruit de fond, la radio perpétuellement branchée sur la radio française internationale.

Et ce samedi, l’intervention militaire au nord du Mali ne manque pas d’absorber les barbes grisonnantes, blanches pour certains.

«Nous Kaay*, on est foutus» lance, bref, Alioune, un halpulaar qui finissait à peine de finir d’échanger quelques dizaines d’euros contre une liasse d’ouguiyas avec un jeune en boubou. Cette sentence lapidaire lui est arrachée après un retour sur les informations du week-end au Mali, dont l’une confirmait à travers la voix du porte-parole de l’armée malienne, que la ville de Konna avait définitivement été reprise aux islamistes.

«Mais ils viennent de dire que Konna était libérée ! Tu ne comprends rien toi» le tance un autre du groupe assis entre bancs, chaises longues et simples tabourets.

«C’est toi qui n’as rien compris : ces gens-là sont comme des mouches vicieuses : tu en enlèves une d’un endroit et elle resurgit toute gaillarde à un autre. Là c’est fini pour Konna, mais attends seulement et tu les entendras ailleurs» rétorque Alioune.

«N’est-ce pas c’est eux aussi qui ont fait la prise d’otages en Algérie. Alioune a raison : la guerre là, c’est pas seulement au Mali que ça risque de chauffer ! » opine Bocar, qui dit être originaire de la ville du nana*, Boghé.

«Rien ne va chauffer : on va correctement chicoter ces imbéciles de pseudo musulmans, violeurs, drogués, trafiquants de drogue et de cigarettes» s’emporte un certain Sow, jusque-là silencieux.

«Ha ! Tu as entendu l’imam à la mosquée hier non !? Lui dit que c’est une guerre que les croisés mènent au Mali, contre les musulmans, et puis que… » rétorque Bocar.

«Aha ! Tais-toi ! Quels musulmans tu as vu parmi ces voyous ? Est-ce qu’un musulman détruit des tombes, viole des femmes, trafique du n’importe quoi ?? hein !?» le coupe Sow.

«Et puis nos imams là ? C’est quel genre d’imams ? Des voyous tous. Quand on a égorgé des noirs musulmans ici même, est-ce qu’ils ont dit quelques chose ? Quand ces terroristes au Mali amputaient à leur guise, détruisaient, terrifiaient de paisibles citoyens, ont-ils dit un mot ? Nous avons des imams corrompus jusqu’à la moelle, arrosés de l’idéologie bornée wahhabite» continue longuement Sow, visiblement énervé.

«Calme-toi, tu vas irriter ton asthme» tempère Alioune. «On connaît tous nos imams ici : peu d’entre eux ont une parole digne d’être écoutée ; donc n’irrite pas ton asthme pour rien».

«Fin de la prise d’assaut du site pétrolier In Amenas en Algérie…» évoque à la radio la voix doucereuse de la speakerine de RFI.

«Tu entends ? Voilà ce qu’il faut faire : comme les algériens il faut être sans pitié avec cette mauvaise engeance ! Qu’est-ce qui a pris les gens de vouloir discuter avec ces gens-là ?!»

MLK
 
Source  :  Noor Info le 20/01/2013{jcomments on}
 
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