Nouvelles d’ailleurs : Si vis pacem, parra bellum

(MMD. Crédit photo : Nathalie Duvarry)(Si tu veux la paix, prépare la guerre)

Nonobstant ce que j'entends par ci par là sur l'intervention française au Mali, je reste intimement convaincue que cette dernière est nécessaire; non pas que je parerais la France d'une quelconque intention « humanitaire » française, ni d'un désir pieux d'aider nos frères maliens dans la tourmente.

Cette naïveté là, si elle a jamais existé, serait du dernier ridicule.
Cela fait un an maintenant que les islamistes radicaux, djihadistes de tout poil et fanatiques meurtriers ont délogé les touaregs du MNLA du nord Mali et se sont emparés d'un vaste territoire, contrôlant villes et villages, routes, commerce, vies et pensées.
Cela fait maintenant un an qu'ils dictent leurs lois, celle du plus fort, régnant par la peur et la coercition.
Un an.
Une longue, très longue année où les pays de la sous région ont palabré, rencontré, négocié, reçu les différents protagonistes. Une longue année, après celle qui a vu les touaregs faire sécession et l'armée malienne faire un coup d'état à Bamako….
De longs mois d'enfer pour les populations nord maliennes.
Et, au milieu, dans un no man's land, 8 otages français.
La CEDEAO avait annoncé l'envoi de troupes africaines afin d'aller déloger les djihadistes de leur nouveau pays, pays offert sur un plateau à leurs appétits expansionnistes par une instabilité politique malienne délétère, une division des gouvernements voisins, des manoeuvres bassement politiciennes et de la France et d'autres pays, dont le nôtre, qui ont soutenu en sous main les indépendantistes touaregs, aidé le MNLA et qui se sont réjouis de la chute d'ATT.
Entre les déclarations d'intention et la réalité, peu de choses avaient bougé, si ce n'est que des mouvements tels qu'Ansar Eddine ont acquis une « respectabilité » internationale, en étant reçus, eux, les islamistes radicaux, eux les Fous de Dieu, par Blaise Campaoré; ils se sont assis aux tables de négociations, librement, ont voyagé, ont traversé les frontières, se sont fait photographier par les médias internationaux.
De terroristes, ils sont devenus partenaires d'une recherche de solution négociée, cette sortie de crise préconisée par l'Algérie notamment, peu encline à se retrouver, en cas de confrontations armées, terre de repli des islamistes.
Sauf que ces islamistes là ont tout mené, tout décidé. Ils ont maîtrisé le calendrier international, décidant quand discuter et quand agir.
La prise de Konna par leurs troupes a précipité les choses. Oui ce sont bien eux qui ont décidé du calendrier. En décidant de descendre vers Bamako en profitant des faiblesses pathétiques d'une armée malienne sous équipée, sous motivée et plus encline à s'occuper de politique, ils ont envoyé une signal aux pays voisins : nous décidons, nous agissons; vous palabrez, nous sommes dans le temps politique.
Et là où nous aurions pu attendre de l'Afrique une réponse plus rapide, des secours armés plus prompts à se déployer, nous n'avons eu droit qu'à tergiversations.
Pris entre des positions différentes, les africains ont atermoyé. Entre une Mauritanie attentiste et observatrice, une Algérie hostile à la présence de troupes occidentales, un Burkina aux objectifs flous, le Niger et le Sénégal, rien ne se décidait.
Il est malheureux que ce soit la France qui agisse, là où nous aurions aimé que ce soit nous africains qui le fassions.
Il est pitoyable et douloureux que 52 ans après les indépendances, aucun pays de la sous région n'ait les moyens pour combattre les terroristes.
En prenant Konna les islamistes, trafiquants, preneurs d'otages, fanatisés jusqu'à la nausée, ont accéléré les choses. Enfin…
Après Konna, la route de Bamako leur était ouverte. Et Bamako tombée, exit le Mali.
Et exit le Mali, la création d'un nouveau territoire contrôlé par des radicaux intégristes, à nos frontières, épicentre du nouveau jihad, pays d'où partiraient toutes les attaques, tous les attentats.
Le rêve des islamistes n'est pas seulement le désir de posséder un pays; il est de construire, de l'Atlantique à la Somalie une nébuleuse islamiste radicale.
Après l'Afghanistan, le Malistan….
Alors oui, il fallait une intervention musclée. Et elle est venue de la France.
Suivie, timidement, par les autres pays africains. Seul notre pays ne participe pas. Il a bouclé ses frontières, regarde de l'autre côté du mur ce qui se passe, sert de base arrière logistique et se mure dans un silence très officiel de la part de nos autorités.
Cependant il y a beaucoup de questions en suspens. Une fois les bombardements terminés que se passera-t-il?
Est ce que le France et la CEDEAO vont se contenter de pourchasser et de laminer les djihadistes?
Vont-ils déloger aussi le MNLA? Ce dernier, qui a averti les autorités maliennes qu'ils n'accepteront aucun soldat malien dans l'Azawad, sera-t-il une cible? Quelles seront les réactions mauritaniennes et algériennes au cas où des islamistes radicaux se replieraient sur leurs territoires?
Quid du gouvernement putschiste de Bamako?
Après la chasse aux djihadistes, si rien n'est fait, si aucune solution, négociée ou non, n'est trouvée, le Mali restera dans ses problèmes : un nord aux mains des Touaregs, un Sud gouverné par un quarteron de militaires.
Une fois les djihadistes chassés, sont ce les séparatistes touaregs qui reprendront possession du Nord?
L'armée malienne va-t-elle profiter de l'assaut français pour tenter de reconquérir les territoires perdus?
Et, une fois les islamistes chassés, où se retrouveront les djihadistes en fuite? Au sein de nos populations, regroupés en cellules dormantes ou non, préparant déstabilisation, attentats et enlèvements?
Tant de questions et si peu de réponses….
Alors oui la France est intervenue. Il le fallait au nom des populations martyrisées du Nord Mali; elle l'a fait à notre place.
Mais elle ne réglera rien, hormis la défense de ses intérêts.
Et nous, règlerons-nous quelque chose?

Mariem mint DERWICH{jcomments on}

Source  :  Le Calame le 16/01/2013

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