Mauritanie-Sénégal : la renégociation de l’accord pétrogazier de Nouakchott pourrait entrainer la faillite des deux États

Des milliards de dollars à payer aux investisseurs BP et Kosmos du plus grand projet pétro-gazier, auxquels il faudrait ajouter les milliards de dette extérieure des deux pays et la perspective d’un retard considérable de la production des premiers barils de gaz qui pourrait aller jusqu’en 2030. C’est un scénario qui peut être une réalité si la Mauritanie et le Sénégal renégocient l’accord de Nouakchott de 2018.

Pour l’instant Ould Ghazouani et Diomaye Faye sont d’accord pour un audit sur les coûts avancés par BP le pilote qui détient 60 pour cent et Kosmos Energy 28 pour cent du projet Grand Tortue Ahmeyin alors que la Mauritanie et le Sénégal se partagent 10 pour cent des revenus gaziers estimés entre 80 et 90 milliards de dollars sur 20 ans. Ce partage inégal du gâteau n’a pas laissé indifférent le nouveau président sénégalais qui a réservé sa première sortie à la Mauritanie pour demander à son partenaire d’unir leurs efforts pour négocier avec BP. Autrement dit faire d’abord un audit sur les coûts d’exploitation qui les inquiètent.

Une situation qui résulte des retards des travaux qui font reculer la production des premiers barils de gaz à la fin de 2024. Les deux chefs d’Etat avancent des surcoûts qui semblent être injustifiés par rapport aux dépenses liées à la construction de la plateforme d’extraction et de stockage de gaz. Les observateurs s’attendent à ce que Nouakchott et Dakar durcissent leur position contre BP pourtant qui a investi encore une fois 5 milliards de dollars en 2022.

C’est la première alerte depuis de l’accord de Nouakchott en 2018 qui devra écarter le passage à la renégociation du projet plus difficile à mettre en œuvre. Il s’agira alors de dénoncer certaines clauses du contrat qui engageraient des frais pour les deux Etats dont les coûts seraient insupportables pour les contribuables des deux pays.

Ce serait une aventure risquée des deux pays en plus d’un retard considérable pour la livraison des premiers barils qui pourraient être repoussée même jusqu’en 2030 ce qui entrainerait la faillite des deux Etats et la fin de l’espoir du gaz. La real politik incite plus sur l’audit que la renégociation du contrat.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

(Reçu à Kassataya.com le 05 mai 2024)

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