Mauritanie : retombées incalculables de la guerre au Mali sur les populations frontalières et Nouakchott

(Archives. Crédit photo : anonyme)

Alors que les raids aériens de l’armée française se poursuivent dans la région de Mopti et à Gao l’armée mauritanienne renforce sa présence aux régions frontalières pour empêcher les islamistes de chercher refuge en territoire mauritanien.

Cette reconquête tardive du Nord-Mali pourrait avoir des dégâts humanitaires et collatéraux incalculables dans les régions frontalières de la Mauritanie. Et Nouakchott pourrait devenir un refuge en dernier ressort des combattants de l’AZAWAD.

L’opération Serval déclenchée vendredi dernier dans la ville de Konna pour repousser les Jihadistes qui progressaient vers Bamako promet d’être longue et parsemée d’embûches. Sur le terrain des combats l’aviation française poursuit ses bombardements contre les positions des islamistes même à Gao grâce au soutien logistique de la Grande Bretagne et des Etats-Unis qui pour l’instant excluent tout envoi de troupes. Hormis des dégâts matériels et humains très lourds cette reconquête du Nord-Mali a déjà fait des dommages collatéraux des civils maliens tués dont des enfants. Ce regain de tension fait fuir des milliers de maliens dans la localité de Léré au Nord Ouest du Mali touchée par l’aviation française. Ces réfugiés se dirigent vers Fassala et Bassikounou. Une situation inacceptable et dramatique pour les femmes et les enfants notamment qui vont grossir les rangs des réfugiés en Mauritanie et dans le reste des pays voisins. A ce sujet l’occupation du groupe Ansar Dine et ses alliés de l’AQMI depuis plus de 6 mois dans les villes Tombouctou Gao et Kidal avait fait près 500 000 réfugiés selon le HCR. Certains étaient accueillis dans des camps et d’autres par leurs parents à Bamako et à Niamey. Le plus important contingent se trouve au Burkina Faso qui enregistre plus de 100 000 réfugiés par rapport à la Mauritanie qui fait face actuellement à près de 96 000 personnes dont beaucoup vivent dans des conditions précaires dans les camps de Mbera notamment au Sud du pays et dans la capitale mauritanienne. Ce qui fait dire au HCR que c’est l’une des urgences humanitaires les plus négligées au monde. On s’attend à beaucoup de déplacés avec une guerre qui ne fait que commencer. Par mesure de précaution les autorités de Nouakchott avaient anticipé cette guerre en renforçant il y a quelques jours leur présence militaire tout au long de la frontière avec le Mali pour empêcher les Jihadistes de chercher refuge en territoire mauritanien. Ce redéploiement des forces militaires semble à première vue être apprécié par les populations frontalières qui avaient du mal à écouler jusqu’ici leurs produits et vendre leur bétail. Dans cette nouvelle configuration les observateurs craignent également que la dispersion des islamistes entraîne d’autres foyers de tension dans la sous région. Par ailleurs les autorités de Nouakchott ont pris le risque d’accueillir plusieurs combattants de l’AZAWAD il y a deux semaines en prenant le soin de les désarmer. Une épine dans le pied de Ould Aziz qui risque de faire mal si les indépendantistes modérés touaregs reprennent le chemin des combats . Le président mauritanien doit se rendre à l’évidence que cette guerre la concerne au premier chef même s’il ne l’approuve pas. Le feu vert de l’Algérie à la France, les craintes de contagion de la Tunisie de la libye qui avait fermé sa frontière en décembre dernier à l’Algérie, le Niger, le Soudan et le Tchad sont autant de signes qui ne trompent pas que la nébuleuse Al Qaïda a tissé partout sa toile. Aucun de ces pays n’est à l’abri des retombées de cette guerre sur les populations et sur la gouvernance en général.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 13/01/2013)

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