Le gouvernement a décidé de réserver dans le Budget 2013, une enveloppe consistante pour les infrastructures, environ 26 Milliards d’UM, avec une enveloppe de plus d’1 Milliard d’UM destinée au projet controversé du nouvel aéroport de Nouakchott, dont la cession du marché avait entraîné des séances houleuses au sein du Parlement.
Ce sont ainsi quelques 24 Milliards d’UM qui sont orientés vers un ensemble de projets de routes entre des villes et des départements à l’intérieur du pays, notamment la route Kaédi-Mbout-Sélibaby-Gouraye, le tronçon Kiffa-Tintane, la construction de la route vers la ville de Keur Macène, la route Atar-Tidjikja, la route Tidjikja-Kiffa-Sélibaby-Khayes (Mali), la route Nouakchott-Rosso, la route de l’Aftout orientale, la route Néma-Bangou, la route Niabina-MBagne, la route F’Dérick-Touajil. Une partie de l’enveloppe sera destinée également à des projets de désenclavement, des réfections, des fonds d’études et de maintenance.
Un Budget beaucoup revalorisé
Il faut rappeler que l’essentiel du Budget 2013, comme il a été dit dans de précédentes éditions, va au secteur de la défense et de la sécurité. Ces deux volets ont en effet connu des augmentations de l’ordre de 3 Milliards d’UM, avec plus d’1 Milliard d’UM sous forme d’appuis institutionnels en faveur des forces armées, 1 Milliard pour les gardes-côtes de la marine nationale, la gendarmerie 600 Millions d’UM, 400 Millions pour la Police, 73 Millions d’UM pour le Groupement de la sécurité routière. Le corps dont le budget a accusé la plus faible augmentation est la Garde nationale, dont les avoirs n’ont été rehaussés que de 12 Millions d’UM.
Les médias publics ont également accusé d’importants bonds, avec la télévision qui passe d’un budget de 230 Millions d’UM en 2012 à 460 Millions d’UM en 2013, Radio Mauritanie passe d’un budget de 90 Millions d’UM à 360 Millions d’UM et l’Agence mauritanienne d’information, de 90 Millions d’UM à 180 Millions d’UM. Dans le même temps, l’Imprimerie nationale voit son budget évoluer de 35 Millions d’UM en 2012 à 180 Millions d’UM alors que l’organe nouvellement créé chargé de la diffusion sur télé satellite, son budget a été fixé à 270 Millions d’UM.
Le volet « Dépenses communes », que l’opposition qualifie de « fonds pour la gabegie », a augmenté de plus de 6 Milliards d’UM, passant de plus de 83 Milliards d’UM à plus de 89 Milliards d’UM. Ce volet est curieusement l’un des rares qui est annuellement soldé. Mieux, un dépassement dans les fonds destinés à ce volet a même été relevé en fin 2012, soit un dépassement de plus de 30 Milliards d’UM.
Beaucoup de projets pourtant annoncés à grands fanfares n’apparaissent pas dans le Budget 2013, comme les dépenses pour la couverture d’élections législatives et municipales annoncées pour 2013 ou encore la super « Mosquée Chinguitt » dont le ministère des Affaires islamiques avait beaucoup parlé.
L’opposition chouchoutée
Curieusement, le budget réservé à l’institution de l’opposition démocratique, qui a connu depuis 2007 des hausses substantielles et des baisses drastiques, au gré des aléas politiques, va connaître en 2013 une considérable augmentation, passant de 73 Millions d’UM en 2012 à 105 Millions d’UM. En 2007, ce budget était de 53 Millions d’UM, avant de passer à 81 Millions d’UM en 2008, puis 151 Millions d’UM en 2009. Suite à la profonde crise qui a découlé des Accords de Dakar et de l’élection présidentielle, puis la forte radicalisation des leaders de l’opposition, ce budget a été cassé en 2010 et ramené à 81 Millions d’UM, puis en 2011-2012, elle a plongé à 73 Millions d’UM.
La nouvelle augmentation a été liée par certains observateurs, au dialogue politique récent qui a regroupé quelques partis de l’opposition à la majorité présidentielle, prélude à un probable changement à la tête de cette institution, dont le titulaire devra obligatoirement être un élu. Et comme l’actuel chef de cette institution, Ahmed Ould Daddah a toujours refusé de boxer dans les petites catégories, les législatives et les municipales, le pouvoir s’apprête certainement à le voir disparaître lors des prochaines consultations. A moins qu’il ne choisisse l’humiliante alternative de se frayer un siège de maire ou de député ou de sénateur pour rester dans la course.
Cheikh Aïdara
Source : L’Authentique le 17/12/2012{jcomments on}
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