Pouvoir : Qui cherche à  » doubler  » l’UPR ?

 

(Mohamed Ould Abdelaziz et François Hollande, le 20 novembre, à l'Élysée  Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Après avoir été reçu par Hollande, Ould Abdelaziz est attendu samedi en Mauritanie | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique . Crédit photo : Christelle Alix/Elysée)

Décidément, les hommes politiques mauritaniens ne cessent d’étonner. Tout est propice à l’exploitation, à la mise en valeur. Même la maladie du  » Chef « . C’est la morale à retenir de cet  » appel à la conscience nationale  » qu’un groupe de personnalités politiques nationales vient de lancer.

A première vue, il s’agit d’une action comme toute autre, une initiative visant à calmer le jeu, pour que les mauritaniens, toutes chapelles politiques confondues, acceptent de patienter (combien de temps ?), de donner le temps à Mohamed Ould Abdel Aziz, de bien se soigner en France avant de revenir au pays reprendre ses fonctions de  » Président de la République « .Une démarche qui, quoiqu’inopportune, a tout l’air de vouloir faire d’une pierre trois coups : contrecarrer les velléités d’une Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui, apparemment, est allée trop vite en besogne, faire allégeance à Ould Abdel Aziz, au moment où des voix s’élèvent pour demander à ce que son quinquennat soit remis en cause pour raison de santé, mais surtout, mettre en doute la capacité du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR), à jouer pleinement son rôle de locomotive d’une majorité présidentielle hétéroclite et réellement  » non engagée « .

A la lecture des signataires de cet  » appel à la conscience national e « , on se rend compte facilement qu’il s’agit, pour la plupart des personnalités, d’hommes politiques qui ont en commun d’être le noyau dur des courants panarabistes (baathistes et nasséristes) mais aussi d’avoir roulé pour le compte de l’Ancien Régime. Comprenez celui de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya.

On peut donc penser, à juste titre, que cette  » mouvance  » qui comprend en sein de rares personnalités Négro-mauritaniennes, est une survivance du PRDS qui cherche à entrer en concurrence directe avec l’Union pour la République (UPR). Pour deux raisons essentielles : faire revenir un Système que Mohamed Ould Abdel Aziz a éliminé de la scène politique étant composé essentiellement de ce qu’un analyste mauritanien appelle fort justement  » l’intermédiation politique « , par voie des tribus, des intellectuels ou du Capital, et, par ricochet, retrouver les privilèges d’antan. Une hypothèse qui se justifie par le fait même le Directoire actuel de l’UPR est pratiquement absent de cette initiative qui se prévaut de  » conscience nationale  » mais qui laisse de côté plusieurs franges de la société mauritanienne dont  » l’allégeance  » au président Aziz est pourtant acquise. Cette initiative qui regroupe en son sein des personnalités connues pour présence quasi continue dans tous les régimes qui se sont succédé en Mauritanie, de l’indépendance à nos jours, ne laisse pas présager la rupture d’avec le passé politique terni par des pratiques répréhensibles et combattues par Ould Abdel Aziz depuis son arrivée au pouvoir. C’est pour dire, tout simplement, que l’Appel est une nouvelle forme de la lutte intestine que se livrent les différents segments du pouvoir. C’est une tentative de récupération d’une situation politique aux contours encore flou mais qui n’attend que le retour d’Ould Abdel Aziz au pays pour donner une idée claire du rapport des forces. Pas seulement entre la Majorité et l’opposition mais également au sein des soutiens du pouvoir qui n’ont jamais fait preuve d’homogénéité politique ni même de solidarité idéologique.

Gouverner par un système

C’est à croire donc que la Mauritanie est sur le point de basculer, encore une fois, dans les troubles existentiels d’une gouvernance sans nom. Comme en 2008,  » l’appel à une conscience nationale  » est la nouvelle forme de la Fronde qui a remis en cause la primauté du parti au pouvoir pour servir le pouvoir d’un homme. La seule différence est qu’Ould Abdel Aziz est maintenant à la place de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et que la nouvelle  » fronde  » est dirigée contre une formation politique que d’aucuns accusent de ne pas lui être trop fidèle. De là à penser que l’UPR, de par la présence sa tête d’un homme proche du chef d’Etat major de l’armée, le général Ghazouani, est suspecte, il n’y a qu’un pas que certains n’ont pas hésité à franchir. C’est donc bien de la première étape du dédoublement de la formation au pouvoir que l’on assiste. Les signataires de  » l’appel à la conscience nationale  » ont beau mettre en avant  » l’intérêt suprême de la République Islamique de Mauritanie « , leur engagement à  » faire face à toute menace à l’unité, à la sûreté, à la stabilité et à la sécurité nationales  » et la  » la sensibilité de la situation géopolitique qui caractérise la sous-région « , il est clair que le message se trouve contenu dans ces deux propositions : Le retour rapide (du président) pour exercer ses fonctions suprêmes afin que notre pays puisse continuer à préserver sa sécurité et sa stabilité  » et le  » soutien inconditionnel au Président de la République Monsieur Mohamed Ould Abdelaziz « . Tout le reste ne compte pas.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 21/11/2012{jcomments on}

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