Hamas et Hezbollah : de rivaux en Syrie à alliés contre Israël

Retour sur les relations tumultueuses entre les deux mouvements de la « résistance ».

L’Orient Le Jour – Quand l’étincelle de la révolution s’est enflammée dans les capitales du Moyen-Orient lors du printemps arabes de 2011, la Syrie n’y a pas fait exception. Quelques mois après les premières manifestations à Damas et dans d’autres villes du pays, l’organisation palestinienne Hamas, qui était basée dans la capitale syrienne depuis au moins onze ans à cette époque, avait le choix entre se rallier au peuple ou soutenir le régime de Bachar el-Assad. Elle ont opté pour le premier choix et a dès lors quitté la Syrie en 2012, direction le Qatar.

En parallèle, le Hezbollah a, lui, décidé de soutenir le régime syrien en raison de « sa posture avec la “résistance” », explique Mohanad Hage Ali, chercheur et directeur de la communication au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center. Présent notamment dans les camps des réfugiés palestiniens en Syrie, le Hamas s’est ainsi retrouvé confronté au Hezbollah, chacun étant d’un côté du front. « Cela a créé un énorme problème pour le Hezbollah et l’Iran, et la relation entre le Hamas et le Hezbollah s’en est vue détériorée. L’Iran a également stoppé de financer le groupe », souligne le chercheur.

Quelques mois après avoir quitté la Syrie, le chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyé a bétonné cette nouvelle tension en déclarant au Caire devant des milliers de personnes rassemblées à la mosquée al-Azhar : « Je salue toutes les nations du printemps arabe et le peuple héroïque de Syrie qui s’efforce d’obtenir la liberté, la démocratie et la réforme (du régime). » Et les fidèles présents de lui répondre : « Ni Hezbollah ni Iran. La révolution syrienne est une révolution arabe. » Le soutien du Hamas à l’opposition au régime syrien a également été annoncée simultanément lors d’un rassemblement dans la bande de Gaza, isolant encore un peu plus Bachar el-Assad dans la région, avec l’Iran et le Hezbollah comme ses seuls principaux alliés.

« Les Arabes nous ont abandonnés »

Les années passant, cependant, il est devenu évident qu’un changement à la tête de la Syrie n’était pas prêt d’aboutir, explique Heiko Wimmen, chef de projet pour l’Irak, la Syrie et le Liban au sein de l’association International Crisis Group (ICG). Le Hamas s’est ainsi retrouvé isolé. Sous la coup d’un nouveau leader, Yahya Sinwar, élu en 2017, l’organisation a alors poussé pour une réconciliation avec le Hezbollah et l’Iran. « Tous les Arabes nous ont abandonnés, alors quelles options avons-nous ? » lui avait alors dit un leader du Hamas, se rappelle Heiko Wimmen.

Même si le Hamas a maintenu ses quartiers généraux au Qatar, la principale source de financement, d’entraînement, d’équipement et de salaires pour les membres du groupe est venue d’Iran, ajoute-t-il. « L’Iran a toujours été transparent quant à son soutien au Hamas sur différents plans, mais ses fonds principaux allaient à l’entraînement militaire et à l’équipement. L’Iran a enseigné aux membres du Hamas comment fabriquer leurs propres roquettes au sein de la bande de Gaza », affirme Mohanad Hage Ali.

Car la réconciliation incluait Gaza : « Peu importent les capacités que le Hamas s’est construites à Gaza, il le doit beaucoup au soutien iranien en termes de matériel et d’entraînement. Les Iraniens étaient les seuls à soutenir le Hamas dans leur lutte contre Israël. Alors, au final, le groupe n’avait d’autre choix que de se réconcilier avec les Syriens, chose faite en 2019 », détaille-t-il. Cela étant, « tous les membres du Hamas ne sont pas d’accord à propos de cette réconciliation avec l’Iran ».

Le Hezbollah et le Hamas « ont partagé une salle d’opérations »

En 2021, les signes de ce rapprochement sont devenus de plus en plus visibles, notamment quand le Hezbollah a coordonné avec le Hamas l’opération « Saïf el-Qods », lors de laquelle « le Hamas avait tracé les violations d’Israël dans la mosquée al-Aqsa et Cheikh Jarrah à Jérusalem comme ligne rouge », explique Heiko Wimmen. La bataille en question a eu lieu en mai 2021 et s’est dédoublée en « guerre des 11 jours ».

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Ghadir Hamadi

 

 

Source : L’Orient Le Jour (Liban)

 

 

 

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