Dar Naïm : Mort sous la torture, à quelque chose malheur est bon…

(Crédit photo : Vlane A.O.S.A.)

L’officier a-t-il raison ou non en disant tranquillement qu’il n’a fait que répondre aux ordres de torturer ? Connaissant le général Négri on peut difficilement imaginer qu’il puisse tolérer sous son autorité de pareilles pratiques en ces temps d’armée civilisée. Cela dit, on peut difficilement ne pas croire l’officier car il n’incrimine pas le haut commandement mais ses supérieurs immédiats : le capitaine commandant la compagnie et le commandant du groupement.

On peut difficilement ne pas le croire car dans nos armées jusqu’à tout récemment,  régnait un comportement de miliciens que nous avons pu constater à savoir répondre aux ordres quels qu’ils soient sinon comment comprendre que l’armée n’ait pas défendu le chef des armées quand il a limogé le général Aziz et ses acolytes qui finirent par montrer au chef virtuel des armées que dans l’armée mauritanienne, on répond qu’aux ordres des chefs du terrain.

 

N’est-ce pas là un comportement de miliciens ? Mettre aux arrêts un chef d’état élu et défendre les putschistes n’est-ce pas là le comportement d’une milice ? Avoir sous ses ordres le Basep hors de toute la hiérarchie militaire, n’est-ce pas là une milice ? Depuis quand notre armée n’est-elle plus une armée mais une milice plus ou moins civilisée ? Combien y  a-t-il de militaires républicains pour défendre l’ordre républicain après les décrets en papier de Sidioca ? Qui dans cette armée peut refuser de répondre aux ordres quels qu’ils soient ? Comment sont formés nos militaires dont certains passent leur temps humiliés à faire le thé à leurs supérieurs ?

 

Notre armée semble depuis longtemps sinon presque toujours une milice qui n’obéit qu’à ses chefs qui peuvent tout ordonner même pendre à loisir des frères d’armes négro-mauritaniens sans jamais que les petites mains ne risquent la justice car le commanditaire est le juge. Alors si ce garde dit qu’il a reçu l’ordre de les torturer sous le terme « punir », c’est bien possible sinon il n’allait jamais oser accuser ses supérieurs dans un pays comme le nôtre.

 

A quelque chose malheur est bon : d’abord le bourreau est démasqué sans être protégé par la hiérarchie qui avait mille manières de camoufler l’affaire comme c’est l’usage dans les régimes autoritaires ; ce n’est pas les termes qui manquent. Ensuite, vu la façon dont la hiérarchie lâche le coupable si tant est qu’elle soit responsable, le prochain milicien à recevoir l’ordre de punir y réfléchira à deux fois avant d’obéir. Ainsi, quelque chose change en ce pays mais à tout petits pas.

 

Une pensée à la victime et à tous ceux qui croupissent selon les bons vouloirs des geôliers, une pensée à leur mère, une pensée  à leur famille et une pensée à notre marche vers le progrès ; une marche souvent aux arrêts mais qui avance à petits crimes comme on dirait à petits pas…

 

Vlane A.O.S.A.

 

Source  :   Chez Vlane le 08/10/2012{jcomments on}

 

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