Reportage : Métiers de garagistes, enfants martyrisés !

(Crédit photo : Noor Info)

Le travail des enfants reste un problème occulté dans nos sociétés. Ce problème est devenu une cause récurrente de l’analphabétisme notamment chez les enfants de moins de 15ans dans des pays en voie de développement. Un phénomène de plus en plus fréquent dans les rues de Nouakchott.

Nouakchott est une ville dont la majorité des enfants sont confrontés à toutes sortes de travail. Dans l’indifférence totale voire dans l’acceptation réfléchie, des enfants se lèvent tôt le matin, comme des adultes, pour vaquer à des occupations souvent pénibles à la limite du danger pour leur épanouissement physique et mental. Mais le plus dur est que personne ne semble porter attention à ce phénomène puni sous d’autres cieux et ce en dépit des lois qui sont censées « protéger » les enfants contre un travail avilissant et dangereux ; souvent non rémunéré.
Dans plusieurs garages de la Socogim on trouve des enfants de moins de 11ans, mal vêtus sans chaussures avec des regards de détresse dans cette marre aux crocodiles, d’autres ne savent ni lire ni écrire tout simplement parce qu’ils ont abandonné, très tôt, l’école pour venir en aide à leurs parents ne pouvant joindre les deux bouts. Pire encore ces enfants ignorent les risques et des précautions à prendre pour ce métier de mécanicien, très complexe, qui fait appelle à, la force des biceps et une certaine rigueur mais aussi à une formation avérée pour éviter des accidents de travail. Une situation « très normale » disait un chef de garage Jean P. « pour bien comprendre un métier il faut être confronté à toute sorte de problème » car pour lui, « on ne peut pas laisse les enfants dans les rues sous prétexte qu’ils sont très jeunes ». Un sentiment que partage un jeune apprenti mécanicien. «C’est jeune qu’on apprend vite» confirme-t-il. Pour justifier cet état de fait, le jeune mécanicien renchérit parlant de son expérience personnelle. « J’ai juste été en classe de 1ère année de collège». Il est dubitatif sur l’intérêt de l’éducation des enfants. « Comme vous le savez, il n’y a pas beaucoup de sérieux dans les écoles publiques alors mes parents ne pouvaient payer le privé c’est dans cette circonstance que j’ai abandonné les études pour la rue ». « Mais aujourd’hui, je travaille dans ce garage comme électricien», fait-il remarquer fièrement. « On peut réussir dans tout les domaines, il faut seulement y croire» croit savoir le jeune adolescent.
Un apprentissage confirmé par le Chef de garage estimant, quant à lui, que «les enfants que j’ai dans mon garage sont là pour apprendre un métier qui leur permettra de gagner honnêtement leur vie, d’ailleurs, j’en ai d’autres qui sont placés par leurs propres parents pendant les vacances pour avoir la certitude de connaitre les ficelles d’un métier». Car comme son apprenti, le chef de garage précise que « Tous ceux qui vont a école n’ont pas la même chance de réussite dans les études et c’est pour cela qu’il est bien de leur enseigner un autre métier certes pour éventuellement les préparer à affronter la pauvreté ambiante » critique le chef de garage.
Apparemment les enfants connaissent souvent cette malheureuse trajectoire dans les quartiers déshérités de Nouakchott. Car, très souvent, ce sont des foyers qui poussent leurs enfants à travailler pour éviter de « mauvais amis » qui les aideront à sombrer dans la délinquance partagée. Karim âgé de 13 ans, orphelin de mère maugrée : « mon oncle m’a amener dans ce garage par la force, j’ai jamais voulu apprendre la mécanique, depuis prés d’un an que je suis ici, j’ai rien appris. Absolument, rien. Je fais juste le thé à longueur de la journée. Je voudrais vraiment arrêter pour faire autre métier ou bien retourner à l’école». Preuve que les enfants n’abandonnent pas l’école de gaieté de cœur.

Dabo Youba Diagana

Source : Le Quotidien de Nouakchott le 01/10/2012

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