Crise politique : Ça se corse encore plus

(Crédit photo : anonyme)

Le passage de témoin entre Boidiel Ould Houmeid et Abdesselam Ould Horma, au sein de la Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP) a fait resurgir, encore une fois, la problématique des rapports entre le pouvoir et ses oppositions.

A la lumière des propos qui ont été tenus à l’occasion par les leaders de la CAP, l’on se rend compte qu’entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et cette opposition qui se veut une  » troisième voie «  le courant ne passe pas vraiment comme on le croit.

Le passage de témoin au sein des partis de la CAP a été une occasion de démontrer que le pays doit encore supporter la crise politique qui le frappe depuis la prise du pouvoir du président Ould Abdel Aziz.

C’est toute la crise politique dans ses diverses manifestations qui a resurgi pour dire aux mauritaniens que la solution à la situation de conflit politique n’est pas encore trouvée, malgré le dialogue engagé entre le pouvoir et la CAP. La réponse donnée par Ould Abdel Aziz, qualifié par Messaoud Ould Boulkheir, de  » boite fermée «  à l’initiative du président de l’Alliance populaire progressiste (APP) destinée à sortir le pays de la crise, en privilégiant le consensus entre la CMP (Coalition de la Majorité Présidentielle), la COD (Coordination de l’Opposition Démocratique) et la CAP, est sans doute pour quelque chose dans l’attitude de frustration de l’opposition  » dialoguiste « . On n’est pas loin de penser que le différend qui revient à la surface entre la Majorité et la CAP peut être de nature à remettre en cause tout ce qui a été fait jusqu’à présent. Y compris le gel des clauses du dialogue qui ont déjà connu un début de mise en œuvre mais dont la lenteur est loin d’être étrangère, justement, à cette incompréhension entre le pouvoir et l’opposition dite modérée.

L’initiative de la discorde

Il semble que la discorde naissante entre le pouvoir et la CAP est due essentiellement au refus des Autorités présentes d’accorder de l’importance à l’initiative de Messaoud qui est pourtant donnée comme  » Le compromis «  qui peut aider le pays à sortir de la crise. Un peu à l’image de l’Accord de Dakar qui avait permis aux différents protagonistes de la crise consécutive au coup d’Etat contre le président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, de  » rebeloter « . Il est clair, en entendant les propos de Messaoud Ould Boulkheir, sur la question de son initiative, que celle-ci qui entrevoyait une conciliation des positions de la Majorité et de l’Opposition n’a, apparemment, pas reçu les faveurs du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Lequel donne l’impression de jouer avec le feu, en s’aliénant les faveurs d’un opposant de poids qui, quoique critique envers la politique du gouvernement, n’a pas voulu épouser les vues d’une COD qui voulait tout mettre en œuvre pour  » dégager «  Aziz. On peut même dire qu’Aziz ne réalise pas le risque qu’il prend en mettant en péril l’agenda politique qu’il avait à maintes fois soumis à l’opinion publique nationale, en présentant les élections législatives et municipales pour imminentes. Une hypothèse qui ne tient, réellement, qu’avec le concours de la CAP, la COD pouvant probablement boycotter des élections dont elle a raté les préparatifs et auxquelles elle n’a jamais été associée.

Au demeurant, le refus d’accompagner l’initiative de Messaoud ne doit pas être compris comme une opposition à Messaoud. Sans doute vexé par l’attitude d’une COD qui veut réaliser son  » printemps arabe « , objectif qualifié de  » non démocratique «  par la Majorité. En fait, le tombeur de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ne veut pas donner des signes de faiblesse en acceptant d’impliquer l’opposition à un gouvernement. Le fait aussi que deux de ses anciens compagnons d’armes (l’ex président et cousin germain d’Aziz, le colonel Ely Ould Mohamed Vall et le colonel, ex chef d’état-major de l’armée, Abdarrahmane Ould Boubacar) aient pris fait et cause pour la COD peut avoir joué dans l’attitude  » guerrière  » d’un président connu pour ses prises de position tranchées.

Ménager la CAP

Le rejet de l’initiative  » conciliante «  du président de l’Assemblée nationale n’est pas sans risque. Messaoud Ould Boulkheir est déjà bien lancé dans une démarche que d’aucuns considèrent comme la seule à même de sortir le pays de la crise. Il peut, pour cela, compter sur ses alliés de la Convention pour une Alternance Pacifique (CAP) sur une parie du pouvoir, mais aussi sur une approche similaire entamée par trois partis de la Majorité (Adil, MPR, RD) ainsi que par le soutien de l’Association de maires de Mauritanie et des personnalités indépendantes nationales.

Refuser l’initiative du président de l’Assemblée nationale, de manière peu diplomatique, peut faire courir le risque de voir, sa coalition et lui-même, réviser leur position par rapport à un pouvoir qu’on accuse, à tort ou à raison, de  » manœuvrier « , dans l’optique de  » diviser pour régner « . L’on parle ainsi d’une sorte de  » sournoiserie «  de Aziz qui est habitué à se rétracter. Il aurait ainsi agi avec Messaoud et Boidiel sur une voie diamétralement opposée à celle de la COD. Comme il l’avait fait, dans le passé, avec Ahmed Ould Daddah après le coup d’Etat contre Sidioca et avec Sarr Ibrahima, président de l’AJD avant que celui-ci ne regagne la majorité présidentielle.

Vexer la CAP, e, refusantl’initiative de sortie de crise du président Messaoud, c’est probablement mettre en danger les prochaines élections municipales et législatives. Les conciliateurs peuvent voir en cette fin de non recevoir une vexation sans raison autre que celle de continuer un bras de fer qui ne sert pas la Mauritanie et les mauritaniens et, partant, la Majorité s’inscrit dans la même optique de surenchère que la COD.

Sneiba Mohamed

Source  :  L’Authentique le 17/09/2012

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