Les associations féminines musulmanes mettent en garde contre la menace salafiste

(Les participants à la conférence

Le combat pour la protection des acquis durement gagnés par les femmes arabo-musulmanes se poursuit. Mais pour les ONG féminines, la mobilisation devrait être encore plus soutenue et renforcée au lendemain du Printemps arabe et avec la percée du salafisme au Sahel.

Réunies les 5 et 6 septembre à Casablanca, des associations féminines venues des pays arabes et d’Afrique sahéliennne ont été unanimes à plaider l’adhésion aux efforts internationaux pour lutter contre la violence à l’égard des femmes.

Mohamed Al Jawad, militant des droits de l’Homme, a expliqué à Magharebia que l’inquiétude des femmes est bien fondée : « Rien n’est en fait garanti en la matière avec le retour en force de l’islamisme politique au pouvoir ».

Réunies sous le thème « Pour des sociétés sûres », les participantes à la conférence internationale ‘’Women Against Violence’’ de Casablanca se sont montrées inquiètes.

Les femmes sont toujours victimes de la violence, notamment celle liée à la guerre et au terrorisme, a expliqué la présidente de l’association « Women against violence », Khouloud Khreis.

Dans son intervention, Foune Bintou, juriste et militante malienne des droits de la femme, a préféré commencer par rappeler avec force que le Mali vit la crise humaine la plus difficile de son histoire.

« Nous n’avons jamais connu une telle situation », a-t-elle déclaré. Et de poursuivre en expliquant que par suite de la menace terroriste et du salafisme, qui sont à l’origine de la détérioration des structures sanitaires et alimentaires, ce sont surtout les femmes et les familles du Mali qui souffrent le plus.

L’enlèvement des filles et des femmes et le viol restent toutefois, a-t-elle poursuivi, les formes de violences les plus ignobles commises à l’égard des femmes. « Le pire et le plus incompréhensible, c’est que les auteurs de ces actes disent agir au nom de la sharia… alors que l’Islam n’a jamais été une religion qui prône le viol et l’enlèvement ».

Elle a évoqué le cas de deux filles violées devant leur mère, elle aussi violée en leur présence, par des salafistes : « A cause de ce salafisme violent, beaucoup de familles et femmes maliennes vivent aujourd’hui des douleurs morales et psychologiques intenses ».

« Nous voulons négocier et dialoguer, mais avec qui et sur quoi, car nous n’avons rien de commun avec ces gens », a-t-elle ajouté.

Et de conclure que la femme malienne vit dans la confusion totale : « Notre identité culturelle est menacée à cause des conflits armés et de l’implantation de groupes religieux fanatiques au nord du Mali ».

Même constat chez Rajaâ Mosâab, une Yéménite, qui explique que dans son pays, le terrorisme, les conflits tribaux et al-Qaida sont à l’origine du chômage des jeunes et de la détérioration de la situation économique.

El Hachmi Yehia, originaire de Tunisie, a précisé que les tensions entre différents groupes religieux menacent le développement économique, la stabilité et le succès de la révolution tunisienne.

Les intervenants à cette conférence ont souligné que les gouvernements, les associations, les organismes et la société civile sont tous invités à travailler ensemble et faire plus d’efforts pour faire face au phénomène de la violence à l’égard des femmes, notamment dans les sociétés arabes et au Sahel.

La ministre marocaine de la Solidarité, de la Femme, de la Famille, Bassima Hakkaoui, a souligné l’importance d’introduire le phénomène de la violence envers les femmes en tant que sujet principal dans le domaine de la défense des droits de l’Homme, afin de garantir aux femmes leur droit à la dignité.

Hassan Benmehdi

Source  :  Magharebia le 12/09/2012

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