Biram Ould Abeid, une des figures de la lutte anti-esclavagisme en Mauritanie, a été libéré lundi 3 septembre au soir, officiellement pour raison de santé. Il est accusé d’avoir brûlé des ouvrages religieux légitimant selon lui les thèses esclavagistes.
Après plus de quatre mois de détention préventive, Biram Ould Abeid est sorti de prison. Dans la soirée du lundi 3 septembre, le président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie), ainsi que six autres militants, ont été libérés provisoirement par la justice mauritanienne. Une première victoire pour le collectif d’avocats qui les défend.
Derrière les barreaux, Biram Ould Abeid a vu sa santé décliner. Mais sa famille refuse de communiquer sur ce sujet. Certains de ses codétenus seraient également souffrants. Soulagé mais très affaibli, le leader de l’IRA a été applaudi par des centaines de partisans venus l’attendre à la sortie de la prison civile de Nouakchott. Un coran à la main, il a fustigé la « machination » dont il s’estime victime.
Interprétations du Coran sujettes à caution
« Le livre sacré de notre religion ne se prête à aucune discussion, explique Balla Touré, secrétaire aux relations extérieurs de l’IRA, qui ne compte pas parmi les ex-détenus. Mais nous continuons à en condamner les multiples interprétations qui, selon nous, légitiment les thèses esclavagistes. » Biram Ould Abeid et six de ses militants avaient été inculpés le 3 mai pour, entre autres, « violation des valeurs islamiques. » Le 27 avril, ils avaient incinéré à Nouakchott, des ouvrages fondateurs du rite malékite (dont ceux d’Ibn Achir, Al-Akhdari et Khalil), qu’ils accusent de valider l’esclavage. Un crime passible de 30 ans de prison en Mauritanie.
Les religieux et la classe politique s’étaient aussitôt vivement indignés, à tel point que le président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz, avait annoncé que la charia serait appliquée. Lors de l’ouverture de leur procès le 27 juin, la cour criminelle de Nouakchott avait cependant annulé la procédure pour vice de forme. « Pour nous, c’est cette décision qui a vraiment été appliquée, bien que Biram ait officiellement été libéré en raison de son état de santé », confie Balla Touré, qui se dit optimiste pour la suite.
Mais la bataille est encore loin d’être gagnée pour l’IRA, puisque Biram Ould Abeid, ainsi que ses six militants, peuvent être à nouveau convoqués devant la justice à tout moment. En attendant, le militant se repose à son domicile, avant de passer un bilan de santé global à l’hôpital dans les prochains jours.
Source: Jeune Afrique
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