Sebkha 5ème : Une vie de chien dans les immondices

(Des latrines à ciel ouvert, une norme dans les quartiers précaires. Crédit photo : Le Rénovateur)

Manque d’eau, insécurité et insalubrité sont des maux entre autres dont souffrent les habitants de Sebkha 5ème.Un quartier sis entre Couva et Neteg.Un domaine qui avait été jadis aménagé pour abriter les tentes des Maures revenus du Sénégal après les événements de 1989.

Ce moment semble être très loin aujourd’hui après le départ de ses premiers occupants.Car ceux qui s’y trouvent maintenant, mènent une véritable vie de chien à la merci du danger de l’insécurité.
Le soleil est en train de se coucher sur Sebkha 5ème et c’est un peu la course-poursuite pour les pères et les mères de famille de ce quartier, s’il faut l’appeler ainsi comme ça comme les personnes y habitent, avant qu’il ne fasse nuit noire. Les jeunes gens jouent au ballon sur l’esplanade de la petite mosquée en baraque et profitent ainsi des derniers rayons solaires. Certains joueurs scrutent du regard l’astre lumineux, qui est en train de leur fausser compagnie. Et les autres n’ont les yeux rivés que sur le cuir. Le jeune joueur, Mamadou Seydou Bâ, monopolise la balle au pied sans se montrer véritablement menaçant pour les sportifs du camp adverse, mais qui le surveillent comme du lait sur le feu. Habilement, il effectue une très belle traversable dans l’axe de la défense pour son dossard 9, Mohamed. Ce virevoltant attaquant trompe la vigilance de ses vis-à-vis et se fraye aisément un chemin sur la pelouse insalubre pour loger le ballon au fond des filets. C’est le moment qu’a choisi le muezzin pour appeler les fidèles à la mosquée pour la prière du crépuscule. La partie du foot est terminée. Les enfants regagnent leurs demeures. Dans la famille de Mohamed Dicko, l’heure n’est pas à la célébration du but victorieux, mais plutôt à l’inquiétude. Car il n’y a pas d’électricité dans le quartier. Et cela ne date pas d’hier, si l’on en croit les dires de son père Moussa : «Dès que le soleil tombe, je n’arrive plus à fermer l’œil de la nuit pour cause de l’insécurité. Les habitants de Sebkha 5ième et moi avons tout fait pour électrifier notre quartier, mais en vain. Nous avons été voir la maire-sénatrice et le préfet, mais jusqu’à présent, nous vivons dans l’obscurité totale comme si nous sommes des citoyens de seconde zone. Et les agents de la SOMELEC (Société Mauritanienne d’Electricité) réclament la somme de 150.000 Ouguiyas pour un abonnement en électricité. Un montant que tout le monde ne pourra pas donner à la fin du mois». Autant dire que les habitants du quartier pourront toujours continuer à rêver de voir de plus près la lumière. Mais visiblement, ils n’ont pas que ce problème de courant.
Les difficultés en partage
Il y a en effet d’autres difficultés que les populations de Sebkha5ème ne cessent de supporter tous les jours qu’Allah fait : manque criard d’eau et absence totale d’un service de ramassage d’ordures. Et pourtant la mairie de Sebkha a envoyé une vieille citerne de 1200 mètres cubes d’eau dans ce quartier depuis des années. Mais le hic est que les responsables de la commune périphérique n’ont pas mis la moindre goutte d’eau dans ce réservoir. Il n’existe pas du tout dans cet endroit de borne-fontaine. Et pour trouver de l’eau, ils sont obligés de se rabattre sur les charretiers comme de nombreux nouakchottois d’ailleurs, à la différence qu’eux n’ont pas la chance de voir passer à tout moment ces charrettes. A en croire les dires de Mme Bâ : «Un baril d’eau est présentement vendu entre 200 et 300UM en temps normal. Mais chez nous ici, il faut débourser un peu plus que cela pour l’avoir. Une délégation des femmes du quartier est allée présenter nos doléances à la Maire, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas trouvé de solution à ce problème de manque d’eau. A cela s’ajoute le problème des tas d’immondices auquel nous faisons aussi face quotidiennement». Et son époux, Bâ Abdoulaye Ibrahima, de se lamenter : «Près de 25 ans, nous vivons dans ce quartier. Et nous continuons à poser, tous les jours, les mêmes problèmes aux autorités publiques, préfectorales et communales. Et nous savons plus quoi faire ?»

Camara Mamady

Source  :  Le Rénovateur le 27/08/2012

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