{jcomments on}A quelques mois des législatives et municipales, la question des minorités ethniques en Mauritanie refait surface avec en toile de fond le débat sur la crise politique organisé récemment par le centre arabo-africain pour l’information et le développement.
Une rencontre initiée par le président de l’assemblée nationale Ould Boulkheir à laquelle les cadres négro mauritaniens ont brillé par leur absence. Ce rendez-vous manqué a défrayé la chronique au sein de l’intelligentsia noire qui a profité de l’occasion pour relancer la question nationale. Autrement dit la cohabitation entre les différentes composantes de la Mauritanie.L’initiative du président de l’Assemblée nationale Ould Boulkheir de débattre de la crise politique en Mauritanie en partenariat avec le centre arabo africain pour l’information et le développement est une bonne initiative dans un contexte difficile où l’opposition mauritanienne signe mordicus le départ précipité du président Ould Aziz. Ce rendez-vous serait sans parti pris si le gotha négro mauritanien y avait participé. C’est cette absence flagrante qui a déclenché la semaine dernière la foudre de l’intelligentsia négro mauritanienne estimant qu’elle a été mise sur la touche comme d’ailleurs dans beaucoup de conclaves de ce genre où les organisateurs ne lésinent même pas sur la primauté de la langue arabe sur les autres langues de communication. Un choix délibéré qui relance la question de cohabitation entre les différentes composantes du pays et celle des minorités ethniques qui sont devenues de fait depuis 1960 les oubliés du processus décisionnel. Force est de constater qu’une crise politique profonde se développe depuis juillet 2009 entre la majorité et l’opposition reléguant ainsi au second plan la question nationale. Ce manque de considération a doublé durant le quinquennat de Ould Aziz en synergie avec une stagnation des couches sociales des minorités ethniques cantonnées dans un ghetto sur tous les plans d’où son absence dans les hautes sphères de la décision gouvernementale. Ce qui explique que la polémique née de cette négligence va au de-là du désenchantement de la classe politique négro mauritanienne confrontée à l’ostracisme et à la division en son sein rondement menée par la classe dirigeante maure avec la complicité d’une partie de l’intelligentsia noire. Cette conception archaïque du pouvoir n’a pas changé depuis l’indépendance en 1960.C’est cela qui doit changer au profit d’un autre rapport entre les différentes communautés c’est-à-dire une nouvelle gouvernance s’appuyant sur des processus décisionnels ouverts aux apports des minorités ethniques. Cela suppose une répartition du pouvoir qui implique une pluralité d’acteurs aux compétences et légitimités diverses. La fraternité peut être cette inspiration. Encore faut-il que l’élite dirigeante sorte des sentiers battus de l’inégalité, de l’oppression, des préjugés et de la misère de la routine. Certes des initiatives de terrain existent comme ces débats ou colloques séminaires ou conférences mais le plus souvent détournés à des fins politiques. C’est contre cette logique qu’il faut organiser la riposte. Il faudra sans doute espérer à côté de cette intelligentsia une société civile plus forte et porteuse d’espoir comme en témoigne le printemps arabe relayé en Mauritanie par le mouvement du 15 février et aujourd’hui le mouvement citoyen des jeunes« Touche pas à ma nationalité ».La question nationale est l’affaire de tous les mauritaniens. C’est la justice sociale qui doit être questionnée par les partis politiques en particulier l’opposition qui devra en faire son principal cheval de bataille. Là est l’espoir.
Bakala kane
(Contribution reçue à Kassataya le 17/08/2012)
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