Le sommet du Maghreb risque un nouveau report

(Le Président tunisien Moncef Marzouki reste optimiste quant à la relance du travail de l'Union du Maghreb. Crédit photo :Mark Wilson-Pool / AFP)

Le sommet de l’Union du Maghreb arabe (UMA) prévu en octobre en Tunisie pourrait être reporté au vu des divergences entre les Etats membres.

Cette union, qui regroupe la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, a à plusieurs reprises reporté un sommet des chefs d’Etat depuis leur dernière rencontre, en 1994.

Le Président tunisien Moncef Marzouki, qui vient de terminer une tournée dans la région pour tenter de convaincre les dirigeants de la nécessité d’organiser ce sommet au plus vite, reste cependant optimiste.

S’exprimant le 26 juillet, au plus fort de la controverse concernant le report de ce sommet, le chef de l’Etat tunisien a maintenu ses positions, déclarant : « Les leaders du Maghreb ont tous officiellement confirmé qu’ils participeront au sommet de l’UMA prévu en octobre, notamment le Président algérien Abdelaziz Bouteflika et le Roi Mohammed VI du Maroc. »

Il a toutefois précisé que le lieu avait changé. Prévu initialement dans la ville frontière de Tabarka, ce sommet devrait maintenant être organisé à Tunis.

Le Président Marzouki a expliqué que l’objectif de ce sommet est de « relancer l’UMA, en panne depuis plusieurs années ».

« Nous devons suivre l’exemple de l’Union européenne », a-t-il ajouté.

Les propos du chef de l’Etat tunisien faisaient suite à des commentaires faits par les gouvernements algérien et marocain, qui s’interrogent sur la nécessité d’organiser un tel sommet dans la conjoncture actuelle.

Le premier à jeter un doute sur l’utilité de ce sommet a été le Premier ministre marocain Abdelillah Benkirane, qui a annoncé le 26 juillet que l’heure n’était « pas encore venue » d’organiser ce sommet et que « jusqu’à ce que la frontière entre le Maroc et l’Algérie soit réouverte », un tel sommet « sera purement une formalité ».

Ces propos ont été suivis d’autres, tenus par le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères Amar Belani, qui a déclaré que « la date à laquelle le sommet de l’Union du Maghreb arabe sera organisé fait encore l’objet de consultations et sera fixée lorsque le processus de préparation sera achevé ».

Il a ensuite déclaré que ce sommet et la fermeture de la frontière algéro-marocaine étaient, pour le gouvernement algérien, deux questions « totalement distinctes ». La réouverture de cette frontière « est une affaire purement bilatérale », a-t-il poursuivi, ajoutant que ce sommet sera « la grande finale des efforts visant à améliorer les relations entre les deux pays ».

A l’occasion de l’anniversaire de l’accession au trône du Roi Mohammed VI, le Président Bouteflika a répété sa « ferme détermination à réaffirmer les liens de fraternité et de bon voisinage entre l’Algérie et le Maroc ».

Le souverain a indiqué dans son discours à l’occasion de ces célébrations que son pays « travaille encore à renforcer ses liens bilatéraux avec tous ses partenaires du Maghreb, notamment avec notre voisine l’Algérie ».

Il n’a pas fait mention de ce sommet, pas plus que le Président Bouteflika dans son message de félicitations.

Au vu du fort optimisme régnant en Tunisie et des réserves de la part du Maroc et de l’Algérie, et alors que la Libye et la Mauritanie ne se sont pas encore exprimées sur le sujet, il est difficile de savoir si ce sommet aura lieu, au moins actuellement.

La Mauritanie a cependant manifesté à plusieurs reprises son désir de développer l’union, que ce soit par une coopération intra-maghrébine ou par le biais d’une coopération bilatérale avec l’Union européenne.

Dans un message adressé au Roi Mohammed VI à l’occasion de la Journée du Trône, le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré que son pays était déterminé à travailler « avec le leadership du Maroc pour développer l’Union du Maghreb arabe, et pour mettre en place une coopération conjointe entre Nouakchott et Rabat ».

Pour les spécialistes, ces déclarations officielles n’ont cependant rien de neuf.

« Les citoyens sont las des discours diplomatiques, et ont commencé à se tourner vers ce qui leur paraît plus important », a commenté Mohamed Ould Salek, spécialiste des affaires maghrébines.

« L’unité du Maghreb existe depuis longtemps au niveau des peuples, mais nous découvrons dans chaque discours politique ou diplomatique que cette unité n’existe pas et qu’il y a toujours des obstacles et des entraves », a déclaré Yacob Ould Saleh, spécialiste des relations internationales.

« Nous ne percevons aucune différence entre les Algériens, les Marocains, les Libyens, les Tunisiens et les Mauritaniens. Les gouvernements, au sein desquels perdurent certaines sensibilités, doivent ouvrir les frontières aux marchandises et faciliter les déplacements des personnes, en particulier le Maroc et l’Algérie, tandis que les autres pays ne doivent connaître aucun problème », a-t-il ajouté.

Nazim Fethi à Alger et Jemal Oumar à Nouakchott

Source  :  Magharebia le 13/08/2012

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