Le libyen Abdallah Al-Senoussi, un colis encombrant pour Nouakchott

(Crédit photo : EPA)

Abdallah Al-Senoussi, ancien chef des services de renseignement libyen sous le régime de Mouammar Kadhafi, ne sera pas extradé en Libye avant d’avoir été jugé en Mauritanie. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz a indiqué, ce lundi, qu’Abdallah Al-Senoussi « doit être jugé en Mauritanie » avant qu’une décision soit prise sur son éventuelle extradition.

Réclamé par trois juridictions, Nouakchott ne sait que faire de cet encombrant colis.

Beau-frère de Kadhafi, le colonel Abdallah Al-Senoussi, a été arrêté en Mauritanie dans la nuit du 16 au 17 mars à l’aéroport de Nouakchott, alors qu’il arrivait du Maroc. L’ancien dirigeant voyageait avec un passeport malien sous une fausse identité. Les services de sécurité mauritaniens ont été préalablement informés de l’arrivée d’Al-Senoussi qui a séjourné pendant plusieurs mois au Maroc et où sa présence devenait encombrante. Les autorités marocaines ont, à l’évidence, choisi de se débarrasser du « colis » et d’éviter de le faire arrêter au Maroc. Abdallah Al-Senoussi, a été en définitive inculpé en Mauritanie, le 21 mai 2012, sous le chef d’accusation de « falsification de document de voyage » et entrée illégale dans le pays. Abdallah Al-Senoussi fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) qui l’accuse de « meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité ». Le nouveau pouvoir à Tripoli veut l’extradition d’Al-Senoussi pour qu’il soit jugé en Libye. La France, où il a été condamné par contumace en 1999 dans le cadre du procès de l’attentat contre le DC10 d’UTA, qui avait fait 170 victimes (dont 54 Français et 99 Africains) en 1989, voudrait pouvoir le rejuger pour qu’il purge sa peine.

Un « devoir moral » vis-à-vis de l’homme

Les autorités mauritaniennes embarrassées ne semblent pas pressées de répondre aux différentes sollicitations. « M. Al-Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie », a déclaré le président mauritanien qui faisait une déclaration, à Attar, dans le nord du pays, à l’occasion du troisième anniversaire de sa présidence. «Le passeport avec lequel Al-Senoussi est entré en Mauritanie n’est pas falsifié, mais il y est indiqué qu’il est Malien et il se présente sous un faux nom, ce pourquoi la justice mauritanienne doit le juger » a-t-il déclaré. Le président Abdelaziz a ajouté que la situation a été « expliquée aux délégations libyennes venues demander l’extradition, tout comme à la partie française… C’est lorsque la justice mauritanienne aura terminé avec son dossier qu’une décision politique sera envisagée pour son extradition », a affirmé le chef de l’Etat mauritanien. Signe que les choses ne sont pas simples pour la Mauritanie, le président Abdelaziz a précisé qu’une éventuelle extradition « ne se fera pas sans des garanties » car la Mauritanie a « un devoir moral vis-à-vis de l’homme ». La situation instable en Libye laisse indiquer, peut-être, que Nouakchott choisira d’extrader Al-Senoussi vers la France…

Source  :  Maghreb Emergent le 06/08/2012

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