MCM :  » Mines  » de rien

(La mine de M'Haoudat. Crédit photo : anonyme)

L’événement survenu en début de semaine à Akjoujt portant sur le décès d’un employé de la société MCM remet au devant de la scène les rapports de l’Etat et des citoyens avec cette société d’exploitation minière en Mauritanie : Tasiast Kinross et MCM (Mines de Cuivre de Mauritanie).

La mort provoquée par l’intervention d’éléments de la garde, lors d’un sit-in de travailleurs de la MCM, de Mohamed Ould Mechdouvi, est largement suffisant pour que l’on parle, en Mauritanie, non pas de la  » malédiction du pétrole « , mais du cuivre. La question est si importante que le dossier de cette société, qui, selon l’avis de spécialistes du secteur, talonne de près la Société nationale industrielle et minière (SNIM), sans toutefois faire la lumière sur l’ensemble de ses activités, est flou. Un dossier étroitement lié aux conditions de travail des employés, aux revenus tirés de la vente de minerais dont on ne connait que ce qu’en dit la compagnie elle-même et les royalties (3%) qu’elle verse à l’Etat.

La MCM est revenue en effet au devant de la scène la semaine dernière, quand les travailleurs avaient décidé d’aller dans une grève ouverte pour réclamer la mise en œuvre des clauses d’un accord leur permettant d’avoir certains avantages longtemps réclamés. Le changement de direction à la tête de la MCM aurait été pris comme prétexte pour faire marche arrière et proposer de nouvelles négociations que les syndicats ont vu comme une façon de gagner du temps. Depuis, c’est le bras de fer qui continue entre les deux parties. Sans que jamais les Autorités n’interviennent. Des Autorités (Wali, hakem, inspecteurs du travail…) que les employés qualifient de  » corrompus « , et qui sont toujours du côté des employeurs.

Avec la situation née de la mort de l’employé de la MCM, le gouvernement doit s’immiscer dans les rapports entre employer et employés d’Akjoujt.

Et il doit s’engager dans le sens des revendications des travailleurs. On se rappelle, qu’en mars 2007, de passage à Akjoujt, le président Ould Abdel Aziz avait lui-même indexé la société minière cible qu’il considérait comme coupable d’avoir roulé les anciennes autorités dans la farine : moins de 3% d’une juteuse affaire qui rapporte des milliards de dollars et très peu de retombées sociales sur la ville d’Akjoujt dont la  » part  » se résume en pollution, destruction de l’environnement et amertume de populations qui voient leurs ressources dilapidées par des sociétés qui, une fois le forfait accompli, rentreront chez elles pour fructifier leurs biens.

On sait, par exemple, que les recettes générées par l’exploitation minière en Mauritanie ont atteint, en 2011, le chiffre record de 1,5 milliard d’euros.

Cette performation économique est le résultat, pour deux tiers, aux exportations de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) qui a vendu, pour un peu plus d’un milliard d’euros, 11,2 millions de tonnes de minerai de fer.

Le secteur minier qui participe pour 16% au BIB en Mauritanie a légèrement dépassé la contribution du secteur de la pêche qui connait d’énormes difficultés depuis 2005. Un développement qui, malgré tout, reste sans impact visible sur la vie des populations.

Alors, les Mauritaniens doivent revoir au plus tôt ce qui se passe dans les tréfonds des mines d’Akjoujt.

Sneiba

Source  :  L’Authentique le 19/07/2012

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