Autour d’un thé ( Sneïba)

(Crédit photo : Sneïba / Le Calame)

{jcomments on}L’affaire d’Aleg n’en finit pas de finir. Déjà cinq inculpés en prison. Cinq autres sous contrôle judiciaire. Des victimes collatérales. Beaucoup de supputations. Et beaucoup de zones d’ombre sur les dessous de cette ténébreuse affaire dont bien des responsables courent encore.

Le hakem d’Aleg aurait été convoqué par le juge d’instruction. Pourtant, ce n’était pas un gros magot. Juste neuf cent mille ouguiyas ! Pas le prix des aliments de bétail, mais celui de la différence entre le prix, officiel, de la tonne et celui, officieux des commerçants et complices du CSA et du programme. Mais au-delà du rocambolesque, c’est toute la problématique de ce plan d’urgence version Aziz qui est posé. D’abord, le montant imparti à l’opération : quarante-cinq milliards d’ouguiyas, ce n’est pas rien ! Combien ça fait d’écoles ? Combien de structures sanitaires ? Combien de forages ? Non pas que ce ne soit pas bien d’aider les ruraux mis à mal par une éprouvante sécheresse mais, il y a moins de dix ans, un président « mouffsid et pas autoproclamé tuteur des pauvres réussissait, avec beaucoup plus d’efficacité et de calme, la même opération, avec un quart du montant mobilisé aujourd’hui.

Question transports, beaucoup de choses se racontent, également. Une enveloppe de sept milliards pour acheminer les produits. Selon les spécialistes, c’est vraiment énorme. Et, en pleine lutte contre la gabegie, si ce n’est pas de la malversation, c’est, assurément, de la surfacturation, en bonne et due forme. Beaucoup de choses, aussi sur le bénéficiaire du juteux marché qui ne serait pas n’importe qui… Un gestionnaire d’une importante agence nationale qui ne devrait pas avoir le temps, ni la tête, à autre chose. D’autant plus que cet homme-là aurait assuré, à l’AGM, une flotte de plus de 350 camions. Pour me convaincre, un parent, remonté de ne pas avoir pu mettre en valeur trois de ses vieux camions dont deux sont réformés d’un corps constitué, se lance dans d’hasardeuses comparaisons. « Chouv (regarde) : En 2003, le plan d’urgence de Maaouya n’a donné que sept cents millions au transport.

Il en faut dix fois plus, à Aziz, pour entreprendre inefficacement le même travail. C’est vrai que, de 2003 à 2012, le prix du carburant a augmenté. Ça, c’est indéniable ! Admettons, même, qu’il ait doublé : alors, logiquement, la facture du transport devrait coûter, au maximum, le double de celle de 2003 c’est-à-dire un milliard quatre cent mille. Mais de là à en faire dix fois plus ! » Et puis, où sont allés les 38 milliards restants ? Dans les autres composantes du programme, me diriez-vous ! Les boutiques Emel, les petits financements sous forme de prêts à rembourser, les dons aux familles démunies, les aliments de bétail et autres traitements vétérinaires.

Tout cet argent pour ça ? A bien regarder, l’affaire d’Aleg – quelques sacs, voire des tonnes – n’est que la partie émergée de l’iceberg. Moi, je suis sûr qu’Aziz, le Président des pauvres au profit desquels le programme a été conçu, Aziz, l’ennemi des voleurs, des gabegistes et des truands, ne laissera pas cette histoire passer comme ça ! Que ceux qui se frottent les mains pensant avoir déjoué le coup déchantent ! C’est l’heure de rendre des comptes de toute ouguiya ! Les organes de contrôle d’Etat iront sur les traces des quarante-cinq milliards.

Que ces traces mènent à Tevragh Zeïna, à Tarhil, à la Présidence ou, même, à Char’ea Aziz (la route d’Aziz), les pisteurs les dénicheront. Le peuple saura que, sous Aziz, le vol ne marche plus. Plus permis. Plus possible. Plus autorisé. Sidioca allait nous amener les financements.

Aziz a promis de nous les garder ! Alors, vivement le second, car ne dit-on pas que « mieux vaut un gardien qu’un ameneur (celui qui amène) ». Comment peut-on demander, à un pauvre citoyen, de payer mille ouguiyas pour retirer sa pièce d’état civil et laisser des zozos déjà exagérément riches voler des milliards ? Vous savez que ça n’a pas de sens : si celui qui parle est inintelligent, celui qui écoute doit être clairvoyant.

Sneïba

Source  :  Le Calame le 11/07/2012

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