Centrale de gaz : Odeur de gaz ou odeur de scandale ?

(Crédit photo : anonyme)

Ce sera sans doute l’un des plus grands projets de l’ère Aziz, mais déjà, les complications du début ont un parfum de scandale économico-financier dans lequel se trouve impliqués, comme toujours, et selon les informations qui circulent sur la toile, des proches du président.

Le projet de construction d’une usine de production d’électricité, à partir du gaz que renferme le sous-sol mauritanien, est, vu ses spécifications techniques et financières, de la même envergure que celui de l’Aftout Essahli qui assure, depuis 2010, l’approvisionnement en eau potable de la ville de Nouakchott.

Il s’agit, dans les faits, de la construction d’une usine de production de l’énergie électrique fonctionnant avec le gaz dont le champ prévu pour cela se situe à quelque 70 km des rivages de Nouakchott. Pour la réalisation d’un tel projet, le gouvernement a lancé un appel d’offres international pour lequel ne restaient en course, selon la Commission des marchés, trois concurrents travaillant en  » binôme  » avec des représentants locaux (le Groupe Aziz Ould El Mamy, Mohamed Abdallahi Ould Yahi et le groupe Nouagueid). Or ce dernier serait également sorti de la compétition à cause d’une évaluation technique de son partenaire brésilien qui obtient 67%, soit trois points de moins que le seuil minimum requis (70%). Une sortie qui laisse peser un soupçon de manipulation sur l’opération les deux groupes restés en course appartenant à la sphère tribale du président de la République. Surtout, selon toujours les informations disponibles sur le net, le groupe Nouegueid avait l’offre financière la moins disante par rapport à celle de la société allemande, représentée par Ould El Mamy et à celle que défend Mohamed Abdallahi Ould Iyahi, dont le nom est souvent revenu au cours de la signature de la convention de pêche avec la société chinoise Poly Hondone.

En lui-même, le projet a été divisé en deux phases. La première consiste en l’extraction du gaz naturel encore non traité et son acheminement jusqu’au rivage de Nouakchott, à travers des pipelines et la construction de la station de pompage. La deuxième étape sera la construction de l’usine de production d’électricité, en utilisant la technique CCGT, d’une capacité initiale de 350 mégawatts qui sera portée ultérieurement à 700 mégawatts. Le coût global du projet fluctue entre 700 millions de dollars US à un milliards d’USD qui devraient être mobilisés auprès de la Banque mondiale, le Fonds arabe pour le développement (à hauteur de 225 millions d’USD), le gouvernement mauritanien et les sociétés étrangères travaillant dans le secteur des mines (Kinross et MCM).

Perspectives économiques

Ce projet est considéré comme l’un des plus importants jamais réalisé en Mauritanie depuis son indépendance. La capacité de production dépasse largement les besoins actuels en énergie de la Mauritanie estimés à 300 mégawatts. Pour cela, le gouvernement a mis la pression sur Kinross pour qu’elle mette une croix sur son projet de construction d’une petite unité de production de 30 mégawatts à partir de groupes électrogènes et participe à celui en cours, avec la promesse de jouir d’une tarification très favorable. Surtout que la technique de production de l’électricité, à partir du gaz naturel, est considérée comme moins chère, le coût du mégawatt fluctuant entre 60 et 120 USD, alors que, dans les autres domaines (solaire, éolien, nucléaire et pétrole), ce coût varie respectivement entre 86-105, 80-110, 8O-125 et 110-180). En plus, cette technologie est jugée plus à même à contribuer à la protection de l’environnement que les procédures classiques de production de l’électricité.

Mais ces avantages certains qu’offrent le projet, notamment dans le domaine de la fourniture de l’énergie électrique à moindres frais, et de l’exploitation du gaz naturel mauritanien dont les estimations sont de l’ordre de 3 Trillions de m3, dans les champs marins, n’empêchent pas de croire que les choses ne sont pas menées en toute transparence.

Ainsi, le gouvernement mauritanien, représenté par le ministère de l’Energie et du Pétrole, et la société australienne Tullow Oil plc, détentrice du permis d’exploration du champ marin Banda, ont convenu d’un prix élevé atteignant jusqu’à 12 dollars US pour chaque MMBTU (environ 1,6 joule), soit presque le double sur le marché mondial. Si l’on s’en tient au prix de vente du kilowatt heure, vendu dans le monde (en moyenne à 0,039 cent), en comparaison à celui produit par l’énergie électrique (0,20 cent), comme c’est le cas actuellement en Mauritanie avec l’utilisation du fuel, le prix de l’énergie produite, à l’avenir à partir du gaz, doit fluctuer entre 0,5-2 dollars US, l’unité (si les quantités sont suffisantes et capables d’être exportées) et 3-5 USD (si elles sont petites). On sera alors loin de l’objectif visé, à savoir disposer d’une énergie moins onéreuse capable de favoriser le développement économique et social du pays. La seule raison évoquée par certains spécialistes tient au fait que l’investissement prévu dans un tel projet (qui pourrait atteindre les 900 millions de dollars US) a été surestimé à des fins peu avouables, n’entrant pas, forcément, dans la volonté des pouvoirs publics de faire d’une pierre deux coups : exploiter les potentialités gazières de la Mauritanie et offrir aux citoyens une énergie électrique bon marché.

MOMS

Source  :  L’Authentique le 08/07/2012

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