Mauritanie :le pari de la légalité pour les FLAM

(Crédit photo : FLAM)

Après prés de trois décennies d’exil, les Forces de libération africaine de Mauritanie ( FLAM) vont bientôt rentrer au pays pour créer leur propre parti politique.

C’est son responsable de la jeunesse et des droits de l’homme qui en a fait l’annonce cette semaine à Nouakchott à l’issue d’une conférence de presse. C’est une des avancées du dernier congrès du mouvement à Paris, a précisé Wane Mamadou Mamoudou. Les analystes politiques considèrent ces changements de stratégie d’un des mouvements négro mauritanien de lutte armée crée en 1983 comme un test de crédibilité et de légitimité.

De la lutte armée depuis 1983, date de la création des FLAM, il ne restera plus que des souvenirs bons ou mauvais dans les mois à venir. Les combattants négro mauritaniens ont décidé de tourner la page de la violence pour rentrer au pays et de participer pleinement au combat des idées avec notamment la création d’un parti politique. C’est ce qui ressort de la conférence de presse cette semaine à Nouakchott du responsable des jeunes et des droits de l’homme du mouvement. Wane Mamadou est bien conscient du nouvel enjeu de cette décision capitale et de la réalité sur le terrain politique en Mauritanie d’autant plus que toutes les conditions ne sont pas encore réunies pour que le nouveau courant soit d’abord accepté par la classe politique avant de se frayer un chemin dans la cour des grands partis politiques. Cette évolution de stratégie bien que tardive est très significative pour la simple raison que cette solution fut longtemps un tabou aux yeux des dirigeants « Flamistes ». Décidé depuis le dernier congrès de Paris ce retour au bercail marque qu’on le veuille ou non le début d’une étape nouvelle dans le processus de la reconnaissance par le pouvoir en place du combat pour une Mauritanie nouvelle dans laquelle tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. En effet c’est de l’intérieur et non de l’étranger que les FLAM peuvent impulser les revendications légitimes des citoyens et faire progresser les débats d’idées sur les questions nationales qui fâchent aujourd’hui à commencer par le règlement du passif humanitaire qui n’a pas jusqu’ici mobilisé concrètement les autorités de Nouakchott se contentant du statu quo c’est à dire le retour des déportés et après ?Et puis sur la crédibilité l’avènement d’un parti pourrait modifier le regard de la communauté maure sur ces militants négro mauritaniens qualifiés d’extrémistes et vice versa malgré un lourd contentieux qui tient au fait que les FLAM ont connu pendant des années la pire des répressions du régime raciste de Ould Taya avec en toile de fond des pires emprisonnements et tortures, des exécutions sommaires de militaires et militants et des déportations. Et contrairement aux idées reçues, ces défenseurs des droits de l’homme ne sont pas hostiles aux maures mais à l’ostracisme de la classe dirigeante du pays. Dans le combat pour sa légitimation, ce nouveau parti représente un chapitre de plus. Dans cette perspective les dirigeants du mouvement envisageraient de ne pas exclure le jeu des alliances avec d’autres partis mauritaniens. Cette démarche évitera l’isolement mais surtout pourrait changer la donne politique avec éventuellement les partis traditionnels existants de l’opposition ou de la coalition de la majorité actuelle. Vu sous cet angle les observateurs retiennent deux motifs d’espoir et une mise en garde. Le premier c’est que plus rien ne se passera en Mauritanie sans l’avis du nouveau parti. Le second c’est la démocratie le grand vainqueur et au de-là la liberté d’expression. Mais il va falloir batailler dur pour rendre ce projet visible et irréversible au grand bénéfice de tous les mauritaniens. Enfin un bémol, une fois sur place les Flamistes devront éviter de réveiller les vieux démons de la division de la communauté négro mauritanienne entre les anciens militants et militants actuels entre les vieux et les jeunes entre les hommes et les femmes. Ce sont des plaies qui ont longtemps gangrené la communauté halpulaaren qui porte encore les stigmates du féodalisme, de rivalités intra régionales, de rancunes politiques etc….En définitive les jeux sont ouverts. Le nouveau parti a sa place dans le paysage politique mauritanien comme les autres mais il peut disparaître aussi comme il est apparu. C’est le pari de la légalité.

Bakala Kane

(Reçu à Kassataya le 01/07/2012)

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