Finies les années fastes qu’a connues la pêche artisanale à Nouadhibou jusque dans les années 80. Aujourd’hui le temps n’est plus rose tant pour les marins que pour les pêcheurs, les vendeurs et aussi les acheteurs opérant dans la capitale économique.
A la Baie du repos où se trouve localisé le port de pêche artisanale en bordure de mer, les activités jadis lucratives, sont aujourd’hui frappées par le marasme économique. Sans doute que la crise financière mondiale est passée par là. Mais cette crise, quelque soit sa dimension, n’est pas la seule raison. Mais vaille que vaille, chacun continue de se battre pour vivre en gardant espoir de connaître des lendemains meilleurs.Chaque fin d’après-midi, ça se bouscule sur le quai du port de pêche artisanal où des dizaines de personnes attendent le retour des bateaux ou des pirogues. Quelques patrons pêcheurs proposent de la vente directe. Des produits de qualité, on ne peut plus frais qui font la renommée du port de pêche de Nouadhibou. La baie du repos. Le nom renvoie au port de pêche artisanale et au marché de poissons et fruits de mer jouxtant les lieux. Des barques à moteur sont alignées sur le rivage du quai de pêche. D’autres tanguent amarrées dans l’eau non loin de la plage. Tout indique que c’est une zone de pêche. Si certains retapent leurs pirogues, d’autres raccommodent les filets. Ici, personne ne se tourne les pouces en fait. Des gaillards, chaussés de bottes, cherchent des morceaux de filets et autres objets. Ailleurs, tissus, bouteilles cassées, morceaux de pain, poissons pourris jonchent le sol noirci par des poubelles de toutes sortes. Ce décor contraste avec le marché où sont étalés poissons frais et fruits de mer sur des étals de fortune à même le sol. Les vendeurs s’y déplacent sur des flaques d’eaux. L’odeur du poisson s’y mêle à celle que dégagent les chaudières des usines de traitement et de transformation du poisson (sardines et farine de poissons). Des vendeurs ambulants circulent dans tous les sens pour écouler leurs produits. Les femmes, bassines ou sachets plastiques en main, attendent patiemment l’arrivée des pêcheurs. Des pirogues accostent. Elles se bousculent pour sélectionner le bon poisson. Leur frénésie cache mal une certaine inquiétude. Le marché, disent-elles, n’est plus aussi fréquenté qu’il l’était. La clientèle se fait de plus en plus rare. Selon Baïla Diallo, un vendeur habitué des lieux, « les clients ne viennent plus. Parce que le poisson se fait rare et les intermédiaires nombreux, rendant le produit plus cher. Raison pour laquelle les acheteurs préfèrent aller chercher ailleurs ». Une assertion soutenue par Brahim, un autre vendeur qui mange des beignets dans ses mains recouvertes d’écailles. « Les intermédiaires profitent de la situation pour nous vendre le poisson au double du prix. Nous vivons des périodes très difficiles. Je ne vois pas l’utilité des intermédiaires, ils n’ont apporté que des malheurs », peste-t-il. Une situation qui s’est aggravée avec l’entrée en lice des opérateurs économiques maliens et ghanéens.
Entre le doute et l’espoir
Quelques instants après, une barque à moteur accoste. Elle est remplie de plusieurs espèces de poissons. Nous citons pêle-mêle les truites de mer, les chars blancs, les courbines et des dorades. Habillés en toile cirée, casque à la tête et foulards enroulés autour du cou, Adama Dièye, et compagnies grelottent dans la fraîcheur du soir tombant. A l’affût de la moindre pirogue qui accoste, des candidats à la débouille aident les pêcheurs à transporter le poisson. Les pousse-pousse en profitent pour se remplir les poches.
Pour ces pêcheurs, leur seul problème reste les eaux usées, huiles et autres produits déversées dans les eaux de la baie du repos. A en croire un technicien de l’IMROP « les eaux usées ont tué les petits poissons qui vivaient à la surface de la me. Il ajoute : « L’eau de la mer est polluée et les pêcheurs artisanaux n’arrivent plus à trouver du poisson ».
Des frigos éventrés jonchent la rivent. Les vagues s’écrasent sur le rivage en mouvements ondulatoires qui ravissent le promeneur. Des oiseaux blancs plongent pour ramasser les restes de petits poissons.
Le port de pêche artisanal reste incontestablement l’atout économique et touristique numéro un de Nouadibou. Surtout lorsque l’évolution du comportement des vacanciers s’accompagne d’un besoin d’authenticité et d’une consommation de qualité. A voir la foule qui se presse sur les quais, on comprend mieux l’ampleur du phénomène. « On veut consommer des produits locaux dont on est certain de la provenance. Depuis une semaine, je viens tous les jours acheter des dorades rouges et de la courbine. Ici, on est sûr de la qualité et de la fraîcheur. Et puis, c’est moins cher et on sait où va notre argent », raconte Alfonso, un touriste espagnol qui a pris ses habitudes dans la capitale économique.
Reportage, Moussa Diop
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 27/06/2012
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