Nord-Mali : combats à l’arme lourde entre le MNLA et le Mujao à Gao

(Des combattants du MNLA dans le nord du Mali, en avril 2012. Crédit photo : AFP)

Le mercredi 27 juin à Gao, des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont affrontés avec des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Le QG des rebelles touaregs aurait été pris par les combattants islamistes.

Cette fois, il ne s’agit pas de simples accrochages. D’après plusieurs témoins, des affrontements armés ont eu lieu mercredi 27 juin à Gao (nord-est du Mali) entre des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Selon plusieurs témoins, le gouvernorat de la ville, qui servait de quartier-général à la rébellion touarègue, a été pris par les islamistes après plusieurs heures de combats qui ont fait des victimes parmi les combattants touaregs. « Les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) sont entrés à l’intérieur du gouvernorat. Les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rebellion touareg) ont fui, d’autres ont été tués, d’autres arrêtés », a déclaré un responsable de la station-service qui jouxte le gouvernorat.

« Nous avons pris le palais du gouverneur (qui était contrôlé par le MNLA) et la résidence de Bilal Ag Chérif, secrétaire général du MNLA, qui a fui avec ses soldats », a déclaré à l’AFP Adnan Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao, ajoutant qu’une quarantaine de combattants du MNLA avaient été faits prisonniers par le Mujao.

Il a également indiqué qu’il y a eu des morts pendant les combats qui avaient débuté mercredi matin, sans pouvoir en préciser le nombre. Selon plusieurs témoins interrogés par l’AFP au téléphone depuis Bamako, au moins vingt personnes, essentiellement des combattants, ont été tuées dans les combats, mais le bilan pourrait être beaucoup plus lourd.

« Manipulation »

« On entend des coups de feu, les combattants du Mujao et du MNLA se tirent dessus, on a peur », avait indiqué au paravant Nina Oumarou, soeur d’un élu de la ville abattu lundi soir par des hommes armés. Selon elle, un groupe de combattants du Mujao s’est dirigé vers un camp de la ville tenu par les combattants du MNLA, dans le quartier du Château d’eau.

Ces combats armés entre rebelles touaregs et islamistes surviennent au lendemain de violentes manifestations à Gao. De nombreux habitants ont défilé dans les rues de la ville, indignés par l’assassinat lundi du conseiller municipal Idrissa Oumarou, enseignant et membre du parti du président malien de transition, Dioncounda Traoré, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema). Des hommes en armes avaient alors tiré sur des centaines de manifestants, faisant au moins un mort et une dizaine de blessés. Des témoins avaient accusé le MNLA d’avoir ouvert le feu sur la foule, ce que le mouvement touareg a catégoriquement démenti, parlant d’une manipulation du Mujao.

Vive tension

« Le MNLA condamne fermement la mort de l’élu et condamne aussi fermement, quels qu’en soient les auteurs, ceux qui ont tiré sur la foule qui manifestait son mécontentement ce matin à Gao », a déclaré à Ouagadougou un responsable du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh.

Le Mujao, considéré comme un mouvement dissident d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a annoncé l’arrestation de deux personnes accusées d’avoir tué Idrissa Oumarou, sans préciser s’ils étaient membres du MNLA ou non.

Depuis bientôt trois mois, les villes et régions administratives du nord du Mali – Tombouctou, Kidal et Gao – sont occupées par différents groupes armés. Parmi figurent des islamistes, tels que le Mujao, Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), et Aqmi, ainsi que les rebelles touaregs du MNLA.

La tension est vive entre le MNLA, mouvement qui a déclaré unilatéralement l’indépendance du nord du Mali, et les islamistes dont l’objectif n’est pas l’indépendance du Nord, mais l’application de la charia (loi islamique) dans tout le Mali.

Source  :  Jeune Afrique le 27/06/2012

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