Les commerçants de la ville de Tintane, dans l’est de la Mauritanie, souhaitent plus de sécurité, tandis que la police réfute toute atteinte à celle-ci.
Un groupe d’habitants et de commerçants de Tintane a demandé en début de mois aux responsables locaux de la sécurité de renforcer les patrouilles pour empêcher une infiltration d’al-Qaida dans cette ville frontière de l’est de la Mauritanie, qui connaît un grand dynamisme économique.« L’absence de patrouilles de sécurité permanentes, notamment la nuit, menace la vie et les biens des habitants », a déclaré le porte-parole de ce groupe, Mohamed Lamine, dans un communiqué aux médias.
Parlant des attaques répétées durant la nuit contre des magasins du nouveau marché de la ville, il a déploré l’absence de toute protection sécuritaire, ce qui rend le lieu particulièrement vulnérable aux activités du réseau criminel.
Selon lui, la police ne procède à aucune patrouille de nuit et laisse la ville ouverte aux voleurs.
« Je crains que des hommes armés affiliés à al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) n’entrent dans la ville en profitant du manque de contrôle aux postes frontières », a-t-il expliqué à Sahara Media.
Cette absence de sécurité pour un certain nombre d’installations vitales de la ville, qui abrite le plus important marché de l’est de la Mauritanie, a incité les habitants à demander aux autorités mauritaniennes en charge de la sécurité de protéger cette ville sensible et ses activités économiques.
Située à la frontière entre trois provinces mauritaniennes et sur le principal axe routier qui relie Nouakchott à l’est du pays, la ville voit des centaines de véhicules et de personnes y entrer chaque jour. Elle est également située dans la région où se trouveraient les bastions d’AQMI.
Tintane est certes célèbre pour avoir connu les pires inondations dans l’histoire de la Mauritanie en 2007, mais avec l’afflux de travailleurs étrangers venus du Mali, du Sénégal et de Gambie, elle est désormais associée aux activités largement répandues des réseaux criminels et de voleurs qui ont commencé à envahir les marchés. Aujourd’hui, les commerçants, les plus affectés par cette absence de protection, se considèrent avec les touristes comme les victimes potentielles d’une invasion de groupes terroristes cherchant à tirer parti du manque de sécurité.
Selon Boubakr Sheikhu, commerçant sur le marché local, celui-ci ne bénéficie d’aucune surveillance et les patrouilles de police n’en assurent pas la protection à la nuit tombée. Il a expliqué à Magharebia que certains commerçants avaient engagé leur propre sécurité pour ce faire.
Un autre commerçant, Sidi Mohamed Ould Sidi, a qualifié les vols qui ont eu lieu dans certains magasins « d’insignifiants ». Mais il a tout de même fait part de sa crainte de voir certains éléments affiliés à AQMI s’infiltrer dans le pays aux postes frontière qui ne procèdent pas à des contrôles d’identité complets.
« Les services de sécurité ici sont limités », a expliqué un autre commerçant, al-Moustapha Ould Sidi. Il a attribué ce manque de sécurité à un manque de moyens et de matériel au vu de l’énorme responsabilité qui incombe à la police.
« La police est censée sécuriser le centre de la ville et le marché, effectuer des patrouilles de nuit dans la ville (en particulier dans le quartier du marché), et lutter contre les réseaux criminels et de trafiquants qui traversent la région presque quotidiennement », a-t-il expliqué.
« Des efforts supplémentaires sont nécessaires », a-t-il ajouté.
Bab Ahmed Ould Bakai, commissaire de police à Tintane, a réfuté « toute atteinte à la sécurité dans la ville ». Il a expliqué à Magharebia que les patrouilles de police participent à la sécurité aux postes frontière, dans le centre de la ville et sur les marchés.
Il a ajouté que l’arrivée de ressortissants africains, qu’ils soient sénégalais, maliens ou gambiens, se fait dans le cadre d’une coopération mutuelle entre la Mauritanie et ces pays, et dans le cadre légal des accords de sécurité, confirmant que toutes ces personnes sont soumises à des contrôles de sécurité par les gendarmes et la police aux postes frontières.
Ould Bakai a ajouté que ses forces de police ne sont pas supposées assurer la sécurité des points de franchissement de la frontière qui mènent à la ville, tout en confirmant dans le même temps la bonne coordination entre ses services et un certain nombre d’agences de sécurité concernant les domaines qui touchent à la sécurité de Tintane.
Rajel Ould Oumar, correspondant pour Sahara Media dans l’est de la Mauritanie, a expliqué que le souci des habitants montre qu’ils espèrent plus de sécurité et qu’ils sont prêts à être « des partenaires dans la lutte contre le terrorisme ».
Il a également expliqué qu’au vu de la protection de la sécurité intérieure par la police, la gendarmerie et d’autres agences de sécurité, ainsi que des mouvements continus des forces armées le long de la frontière mauritanienne pour surveiller la menace des groupes terroristes, « il n’existe aucune menace directe contre la ville ».
Raby Ould Idoumou
Source : Magharebia le 27/06/2012
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