Kassataya. A quelques jours de l’ouverture du procès de Biram ould Dah ould Abeid, président d’IRA Mauritanie, Kassataya a reçu messieurs Brahim ould Abeid, vice président de l’IRA, Balla Touré membre de cette même organisation, ainsi qu’Abidine ould Merzoug, président de la section européenne de l’IRA. Sont intervenus aussi Mme Leïla mint Ahmed, épouse de Biram ould Dah ould Abeid et Mohamed Baba Saïd de For Mauritania.
Quelques temps forts de cette interview ( vous pouvez réécouter l’interview dans son intégralité en cliquant ici.)
L’arrestation de Biram ould Dah ould Abeid :
« Son moral est bon malgré les difficiles conditions d’incarcération », a expliqué Balla Touré sur les conditions de l’arrestation du leader du mouvement abolitionniste.
« Biram a été incarcéré à la brigade anti terroriste au tout début. Au bout de 2 jours de détention il a fait un malaise et a été mis avec un autre membre de la lutte anti esclavage, le journaliste Oubeid ould Imijine. Puis il a été transféré à la prison civile de Nouakchott où je refuse d’aller le voir dans les conditions actuelles car nous ne pouvons lui parler qu’au travers d’un grillage ».
Brahim ould Abeid : « Biram se porte comme un prisonnier dans un système esclavagiste et raciste ».
L’autodafé :
Balla Touré : « la décision de brûler des livres de rite malékite émane des dirigeants du mouvement. Cet acte a été décidé par IRA Mauritanie dans son ensemble, après débât…
Ces livres n’ont rien à voir avec l’Islam… C’est une histoire banale d’autodafé.»
Brahim ould Abeid : « Nous avons compris, qu’en Mauritanie, il faut d’abord choquer ».
Mohamed Baba Saîd : « nous (ndlr : For Mauritania) avons condamné l’autodafé mais, comme toute provocation, il y a aussi le fait que ça met en évidence des questions qui étaient tabous. Il faut dépoussiérer la religion musulmane. »
Islam et esclavage :
Brahim ould Abeid : « Toute la communauté mauritanienne a comme référence ces livres (ndlr : les livres de rite malékite ). C’est pourquoi personne n’a osé, jusqu’à présent, rejetter l’esclavage en Mauritanie. C’est à cause de ces livres. La référence des mauritaniens n’est pas le Coran, ce ne sont pas les hadiths du Prohète. C’est Ibn Malick la référence mauritanienne.
Mohamed Baba Saïd : « une partie de la lutte anti esclavagiste devrait permettre de blanchir l’Islam de cette pratique…Il n’est pas normal que ces livres soient encore étudiés. ».
Balla Touré : « IRA a fait beaucoup dans le sens de discuter de la question de l’esclavage. Pourquoi n’y a t’il pas eu de séminaires réunissant des religieux? Parce qu’ils ne seraient pas venus et, sans eux, cela n’aurait eu aucun sens. »
Brahim ould Abeid : « on a tout essayé. Nous avons essayé de rencontrer Qaradawi (ndlr : Youssef Qaradawi) lorque celui ci fut invité par ould Deddew. Cela ne s’est pas fait.Nous avons eu des contacts avec les amis de Deddew, les plus progressistes comme Jemil Mansour. Il devait même y avoir une fatwa. Mais, entre temps, il y a eu l’émission de la télévision, Rissala, sur les esclaves offerts en cadeaux à des saoudiens. »
Abidine ould Merzoug : « IRA avait demandé un débât avec les religieux sur l’esclavage. Nous demandons à nouveau un débât public sur ces livres de rites malékites… Ira n’a pas pu préparer l’opinion publique car elle n’a pas accès aux médias officiels.».
Les excuses de Biram ould Dah ould Abeid :
Balla Touré : « Biram n’a pas fait d’excuse. Il a assumé cet acte. C’est aux gens qui ont été choqués que nous avons présenté nos excuses, pas sur le fait d’avoir brûlé ces livres ».
Le procès à venir (ndlr : le procès de Biram ould Dah ould Abeid est prévu pour le 27 Juin 2012) :
Balla Touré : « Il y a des Mauritaniens forcément malhonnêtes qui ont profité de ça ( l’autodafé) pour régler leurs comptes avec Biram. L’éxécutif s’est déjà prononcé…Nous nous servirons du procès pour faire le procès de la Mauritanie esclavagiste…»
Brahim ould Abeid : « C’est une parodie de justice qui se prépare. Avant le procès Aziz a déjà devancé la justice en disant qu’il allait faire appliquer la charia ».
Mohamed Baba Saïd : « ce procès sera une occasion offerte à l’IRA de porter encore plus haut le combat contre l’esclavage. Le minimum serait un procès équitable… Au sujet de l’esclavage c’est à l’Etat de prendre ses responsabilités. La loi criminalisant l’esclavage a été une avancée extraordinaire mais, pour être efficace, il faut que l’Etat impose cette politique. Aziz doit partir »
Abidine ould Merzoug : « Le départ d’Aziz n’est pas notre objectif. Notre objectif est la fin de l’esclavage. Il faut changer le système, pas les hommes ».
Madame Leïla Mint Ahmed ( jointe par téléphone ) :
« Biram est prêt pour le procès. Il l’attend avec impatience… »
« Le salaire de Biram a été suspendu… Ce sont les militants et les amis qui aident à subvenir aux besoins…. Nous ne recevons aucuns subsides de l’étranger, contrairement à ce qui se raconte… Aujourd’hui je vais déménager car nous ne pouvons plus payer le loyer de 30 000 UM de notre logement. »,
Pour écouter l’émission dans son intégralité, cliquer sur le lien suivant : podcast
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