Vendredi soir, 24 juin 2011, a eu lieu la terrible bataille de Wagadou entre une unité de l’armée mauritanienne et des éléments armées d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Le théâtre de cette bataille était la forêt de Wagadou, longue de 80 kilomètres, au sud de la frontière commune entre la Mauritanie et le Mali.
Un accrochage au cours duquel l’armée mauritanienne a affirmé avoir remporté une grande victoire contre AQMI, dont les combattants s’étaient retranchés dans cette forêt et a montré des photos et vidéos confortant sa thèse, commentant les détails de cette opération qui a constitué une surprise pour Al qaeda, à tel point qu’elle l’a forcé à rebrousser chemin et à quitter définitivement cette forêt dans laquelle elle s’abritait depuis un certain temps.
Aujourd’hui dimanche, et après un an sur cette bataille qui a donné une grande renommée à la forêt de Wagadou, Al Qaeda au Maghreb islamique sort de son silence en faisant parvenir à Sahara média des documents exclusifs dans lesquels AQMI explique sa vision de cet accrochage meurtrier avec l’armée mauritanienne et donne aussi des détails sur l’avant et l’après bataille de Wagadou.
Un document qui porte la signature d’un homme répondant au nom de Rabi’i Ould Abdessamed et le titre de : « La bataille de Wagadou », affirmant qu’il a été écrit à l’occasion de la commémoration de l’An I de cette bataille.
Le début de l’histoire
Le document renferme bon nombre de poèmes produits par des combattants d’AQMI. Au début de son récit, Rabi’e Ould Abdessamed déclare qu’Allah, « dans sa Grâce infinie, a permis aux moujahids d’étudier la forêt de Wagadou dans ses coins et recoins, permettant à l’unité « Al Andalous » d’y prendre position sous le commandement de celui qu’il a qualifié de « héros et de martyre » Khaled Abu Dhaker Echinguitt. Il a ajouté que le positionnement d’AQMI dans cette forêt « a effaré le dicteur mauritanien » et cela pour plusieurs raisons. Il a indiqué que la nouvelle est parvenue rapidement au gouvernement mauritanien mais que les renseignements pensaient que les combattants d’Al Qaeda se sont positionnés dans la forêt de Wagadou « pour frapper le dictateur mauritanien sur son propre sol », ce qui l’a poussé « à sonner l’alerte et à mobiliser les troupes durant un certain temps », note le document.
Le document de Ould Abdessamed poursuit en disant qu’après avoir compris que les « moudjahids » ont pris position dans la forêt de Wagadou, ceux qu’ils qualifie « d’ennemis d’Allah » se sont mis à préparer leurs forces pour tenter de les déloger. Il évoque également ce qui précède la bataille, notamment la vision d’Al Qaeda de ce qui s’est passé en Mauritanie, déclarant que le pouvoir de Nouakchott a commencé par « lâcher les rodomontades et les déclarations », avant de pénétrer, « avec plus de cent voitures lourdement équipées en matériels et hommes » convenant avec l’armée malienne d’assurer leurs arrières du côté sud, ce qui a été fait ».
Pour Ould Abdessamed, « ce qui a induit en erreur l’armée mauritanienne c’est son évaluation des combattants d’AQMI qu’elle pensait ne pas dépasser 16 éléments ». Il a indiqué que ses amis dans la forêt de Wagadou avaient eu connaissance de cette opération et ont pris les dispositions nécessaires pour faire face à toute confrontation avec l’armée mauritanienne dans la forêt de Wagadou qu’ils ont appelé « le centre de la victoire ». Ould Abdessamad révèle que les combattants d’AQMI avaient décidé qu’en fonction des résultats de l’accrochage, ils décideront pour l’étape suivante ». Ils auraient juré que ceux qu’ils qualifient « d’infidèles n’entreront dans la forêt que sur leurs corps ». Il a jouté que ceux qu’il qualifie de « moudjahidine » ont renforcé les dispositifs de défense, se sont répartis sur certaines tâches ne laissant dans le camp que 9 personnes » qui ont mené cette bataille avec ceux que Ould Abdessamed appelle dans son document « les ennemis d’Allah ».
Et selon le document, les neuf membres d’AQMI restés dans le camp de Wagadou et ont livré bataille contre l’armée mauritanienne sont : Khaled Abu Dhaker Echinguitt, Anu Bakr Echinguitti, Abu Elbarra’e Essahraoui, Ghatiba Abu Noman Echinguitti, Abu Darda Al Ansari, Khabib Echinguitti, Abu Bousseïr Al Ansari, Abu Jaber Essahraoui et Selman Al Ansari.
Et il apparait, d’après les noms, qu’il s’agit de mauritaniens, d’Azawadis (touaregs) et de Sahraouis, même si le document n’a pas précisé leurs nationalités d’origine.
La « prière de la peur »
Le document d’Aqmi indique qu’au moment où le groupe de « moudjahidine » achevait la prière de la peur, le 24 juin au soir, ils entendirent le bruit de voitures qui approchent.
Le document indique que ceux qu’il qualifie « d’ennemis d’Allah » ont atteint « un degré de naïveté tel qu’ils ont emprunté le chemin menant aux « moudjahidines » et qu’arrivés à dix mètres à peine du lieu où se trouvaient ces derniers, l’explosion d’un engin a tué ou blessé tous ceux qui étaient dans le véhicule de commandement, de sorte que « la chemise de l’un d’eux est restée accrochée à un arbre comme le symbole de ce qui leur est arrivé », souligne le document.
Selon le document d’Al qaeda, l’exposition de l’engin a été aussitôt suivi par les tirs nourris des « moudjahidines » prenant pour cible « l’armée lourdement équipée », note Ould Abdessamed.
Et selon la version d’AQMI, les combats ont duré une heure et demie pendant lesquelles « l’armée mauritanienne a utilisé tout ce dont elle a été dotée par les croisés mais n’a pas réussi à venir à bout de 9 combattants d’Allah qui n’avaient d’armes que leur foi en leur Seigneur», déclare Rabi’e Ould Abdessamed. Il ajoute que l’armée mauritanienne, après avoir compris que le simple fait d’avancer vers le camp, et pas même de s’en emparer, « constitue un risque de mort », a fait appel à un avion de prise d’images « pour couvrir leur retraite après avoir laissé sur le terrain 30 morts et autant de blessés ». Et concernant le butin de guerre, le document d’Alqaeda indique que l’armée mauritanienne a laissé derrière elle 12 véhicules remplis d’armements lourds et de ravitaillement, dont AQMI a pris ce qu’elle peut avant de mettre le feu dans le reste transformant la nuit en jour, comme cela a été constaté par tous et comme en témoigne encore à ce jour les vestiges de cette bataille ». Et pour que les combattants d’AQMI se retirent, en toute sécurité, sans pertes ni blessures, selon le document de Rabi’e Ould Abdesselam qui se termine par un long poème attribué à Cheikh Abdel Melik Ould Moctar Ould Sidi, alias Qatiba Abu Noman, accompagné d’une note disant que sa publication a connu un certain retard à cause de certaines circonstances, le poème étant écrit, note le document d’Aqmi, le 12 Ramadan 1432 de l’Hégire, dans la forêt de Wagadou. Ce poème serait la réponse à celui du poète mauritanien, l’ingénieur Cheikh Ould Bellamech intitulé « les sentiments d’un soldat dans la forêt ».
Source : Sahara Media le 24/06/2012
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