Mali : L’ Elysée pourrait apporter une aide logistique à Bamako

(Iyad Ghali, leader d'ANsar Eddine. Crédit photo : ANI)

Des négociations avec le groupe islamique Ansar Dine se poursuivent à Ouagadougou sous l’égide du président Burkinabé Blaise Compaoré pour trouver des solutions à la crise qui secoue le Mali depuis mars dernier.

Parallèlement à d’autres pourparlers qui se dérouleront prochainement à Nouakchott et à Alger pour convaincre les barbus à lâcher du lest .

Alors que les nouveaux dirigeants maliens intérimaires s’impatientent et misent sur le feu vert de l’ONU pour avoir plus de soutien logistique et politique dont l’objectif est de mener à bien l’intervention militaire de la force africaine de la CEDEAO la France annonce par la voie diplomatique qu’elle est prête à aider matériellement le Mali à condition qu’elle en fasse la demande. Dans le contexte actuel cette main tendue de l’Elysée est de nature à favoriser un climat propice à des négociations plus équilibrées avec les touaregs du MNLA et le groupe islamiste Ansar Dine et ses alliés de l’Aqmi. Après des tentatives de dialogue avec le MNLA depuis mars dernier après le putsch du Capitaine Sanogo au Mali qui n’ont rien donné des négociations avec les islamistes se poursuivent actuellement à Ouagadougou sous la houlette du président burkinabé Blaise Compaoré et vraisemblablement Nouakchott et Alger prendront le relais dans les semaines à venir pour tenter de convaincre les barbus d’Al Qaïda à lâcher du lest. A ce jour la diplomatie malienne piétine parce que le président mauritanien Ould Aziz qui vient de s’entretenir avec le premier ministre malien Modibo Diarra a écarté toute solution militaire au Mali. Une position qui ne convainc pas l’Elysée. Par ailleurs Ould Aziz accepterait de prêter sa capitale pour les prolongations avec les émissaires des terroristes islamiques. Côté algérien c’est le statu quo pas d’ingérence des puissances occidentales encore moins la participation à la force africaine d’intervention sur le terrain. Mais le point noir c’est qu’Alger continue de baisser les bras et de fermer les yeux depuis le début de la crise malienne notamment sur sa responsabilité d’activer le comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) basé à Tamanrasset et censé lutter contre le terrorisme et les narcotrafiquants. A ce stade de la déception Bamako devra se tourner maintenant vers le Sénégal, le Niger et le Nigéria qui ont accepté de faire partie des 3 700 militaires du contingent de la CEDEAO qui va bientôt être déployé au Mali. C’est la course contre la montre. Pour les autorités maliennes il s’agit bien d’une occupation du territoire par conséquent non négociable. D’un côté les touaregs qui se sont autoproclamés indépendants et de l’autre les barbus de l’AQMI qui ont instauré la charia dans les deux principales villes historiques Tombouctou et Gao et qui n’entendent pas revenir sur leur conquête. La guerre est aujourd’hui inévitable mais avec beaucoup de risque de régionalisation du conflit. Les ressorts de cette crise s’inscrivent dans l’impossibilité du pouvoir actuel intérimaire de résoudre l’irrédentisme touareg et de faire face au surarmement des terroristes islamiques. La reconquête du Nord sera parsemée d’embûches. Pour y arriver le Mali bénéficie déjà du soutien logistique de la CEDEAO en attendant le mandat de l’ONU qui pourrait amener les occidentaux à prêter main forte. Et plus on attend et plus les envahisseurs se renforcent. C’est dans ce contexte que le chef de la diplomatie française Laurent Fabius se rendra à Nouakchott. Le pouvoir à Bamako verra d’un bon œil que l’Elysée fléchisse la position de Nouakchott sur ses engagements avec les rebelles touaregs.

Bakala Kane

(Contribution reçue à Kasstaya le 20/06/2012)

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