L’Afrique se dirige vers une intervention militaire au Mali

(Le général ivoirien Soumaila Bakayoko explique que les chefs d'état-major de la CEDEAO travailleront avec l'armée malienne pour définir le meilleur scénario de cette intervention. Crédit photo : Hervé Sevi / AFP)

Les Etats de l’Ouest africain accentuent leurs préparatifs en vue d’un possible déploiement militaire dans le nord du Mali.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré lundi 18 juin qu’il comptait examiner plus avant la demande de l’Union africaine concernant une intervention militaire au Mali.

L’UA avait demandé la semaine dernière l’autorisation de déployer une force de stabilisation aux côtés de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Les chefs d’état-major de la CEDEAO se sont réunis dimanche à Abidjan pour discuter des plans d’un déploiement potentiel de 3 300 hommes « pour combattre les rebelles touaregs et les islamistes armés qui contrôlent le nord du pays ».

« Le gros des effectifs sera fourni par le Nigeria, le Sénégal et le Niger, mais tout le monde participera, y compris la Côte d’Ivoire », a ajouté le général Soumaila Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne.

Parlant d’une possible intervention, le général Bakayoko a déclaré : « Dès la semaine prochaine, des éléments de l’état-major de la CEDEAO se rendront à Bamako pour y travailler avec leurs camarades de l’armée du Mali pour étudier les modalités pratiques de l’envoi de cette force. »

« Le chef d’état-major du Mali, qui assistait à la rencontre d’Abidjan, a fait part de la volonté de l’armée malienne d’accueillir cette force, qui devra intervenir en soutien à l’armée régulière », a-t-il ajouté. « Le Mali a insisté jusque-là sur le fait que tout éventuel déploiement d’une force ouest-africaine devra se faire à sa demande. »

Le chef de l’armée ivoirienne a ajouté que cette opération regroupera des responsables militaires des Etats de la CEDEAO, qui seront assistés par des experts des Nations unies, de l’Union africaine, des Etats-Unis, et d’ailleurs.

Cette force ouest-africaine s’attachera à stabiliser et à consolider les institutions transitoires à Bamako et à lutter aux côtés de l’armée malienne pour reprendre le nord, passé sous le contrôle des rebelles touaregs et des islamistes armés depuis fin mars, a ajouté le général.

Pour sa part, le colonel Ibrahima Dahirou Dembélé, chef d’état-major de l’armée malienne, a déclaré qu’il sera « très difficile que la situation au nord se dénoue sans une solution militaire ».

« Même s’il y a négociation, je ne compte pas beaucoup sur la bonne foi des groupes armés », a-t-il ajouté.

Ces négociations se poursuivent parallèlement aux préparatifs d’une intervention militaire. Le médiateur de la CEDEAO et Président du Burkina Faso Blaise Compaoré a rencontré dimanche des représentants des rebelles touaregs du mouvement Ansar al-Din.

Lundi, le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrill Bassolé a demandé à Ansar al-Din de « rompre avec les groupes terroristes ».

« Ansar al-Din doit clarifier ses positions. Il faut que ce groupe inscrive son action dans la revendication touareg, à l’exclusion bien sûr de toute alliance opérationnelle avec des groupes terroristes. Ansar al-Din est allié dans le nord malien avec les djihadistes d’al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le Président nigérien Mahamadou Issoufou a demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de ne pas « s’éterniser dans des débats sans fin », soulignant que les djihadistes renforçaient leurs positions. Issoufou avait auparavant laissé entendre que des djihadistes pakistanais et afghans utilisaient le nord du Mali comme terrain d’entraînement.

Selon l’analyste Boubacar Sanso Barry, ce nouveau bastion terroriste dans le nord du Mali pourrait à terme constituer une menace pour l’ensemble de la communauté internationale.

« Mais les voisins immédiats du Mali seront sans doute les premières victimes en raison précisément de cette proximité, mais aussi du peu de moyens et de ressources dont ils disposent pour faire face au potentiel péril islamiste », a-t-il expliqué.

Et d’ajouter : « Convaincues de la nécessité de cette intervention, l’UA et la CEDEAO avaient cru bon de faire appel aux Nations unies. Mais par deux fois, l’instance onusienne a refusé, sous prétexte que la copie qui lui était présentée était imprécise. Face à cette incompréhensible attitude du Conseil de sécurité, la CEDEAO souhaite maintenant corriger la situation. »

Ayant décidé de procéder en douceur, les leaders de la sous-région envisagent d’envoyer une mission à Bamako cette semaine pour aplanir les éventuels différends.

Bakari Guèye

Source  :  Magharebia le 19/06/2012

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