Ely Ould Mohamed Vall répond aux critiques : « J’ai quitté le pouvoir sans regret, satisfait d’avoir accompli mon devoir « 

Ely Ould Mohamed Val. Crédit photo Patrick Flouriot/Jeune AfriqueTout y est passé, l’affaire Chinguittel, Woodside, le bulletin blanc, le fameux déficit budgétaire de 30 Milliards d’UM évoqué par l’ancien Premier ministre Zeine Ould Zeidane, les 400 Millions de dollars que le président Mohamed Ould Abdel Aziz l’accuse d’avoir détourné durant la transition, les graves atteintes aux droits de l’homme de l’ère Taya, la déportation massive des Négro-mauritaniens au Sénégal, le passif humanitaire,

…Ely Ould Mohamed Vall, ancien Chef de la police et ex-Chef d’Etat de la transition 2005-2007, a répondu à cœur ouvert à toutes les accusations et à tous les faux procès que ne cesse de lui faire le pouvoir en place.

Longtemps reclus, loin des médias et des rampes, le colonel à la retraite, Ely Ould Mohamed Vall, qui cumule plus de vingt ans à la tête de la Police mauritanienne avant de couronner son parcours par un coup d’Etat en 2005 et une transition démocratique jugée comme la meilleure expérience que la Mauritanie ait jamais connue, s’est enfin prêté à un « procès public » dont les inquisiteurs furent des journalistes et le juré, le public mauritanien.

Sur le coup d’Etat de 2005

Ely Ould Mohamed Vall, qui dit regretter avoir commis un coup d’Etat dans sa vie, affirme avoir été contraint, lui et ses amis du CMJD (Comité militaire pour la justice et la démocratie) de profiter d’un voyage du président Taya en Arabie Saoudite pour le déposer, car selon lui, trois à quatre autres tentatives étaient en préparation dans les coulisses. Laisser ces coups était selon lui synonyme d’aventures périlleuses pour le pays, car ils allaient déboucher sur des situations incontrôlables. Dans cet aveu, l’ancien Chef de l’Etat remet en cause une certitude jusque-là ancrée selon laquelle, le coup d’Etat de 2005 a été exécuté par Mohamed Ould Abdel Aziz et qu’il n’a été qu’un figurant. Information qu’il a démentie en demandant aux journalistes « pourquoi alors j’ai été président ? « 

« Parce que vous étiez l’officier le plus gradé  » lui ont répondu les journalistes. « Pourquoi en 2008, n’a-t-on pas fait appel aux officiers les plus gradés, ceux qui ont pris le pouvoir ne l’étaient pas ? » asséna-t-il.

A propos de Chinguittel

Ely Ould Mohamed Vall faisait, face aux questions relatives à Chinguittel, à l’un des dossiers sur lesquels les calomnies sur sa personne ont été les plus pernicieuses. Ainsi, certains l’accusent de détenir 15% du capital de la société soudano-mauritanienne de télécommunication, bénéficiaire de la troisième licence GSM, d’autres soutiennent qu’il a fait main basse sur les 100 Millions de dollars U.S représentant la contrepartie versée.

Sur les 15% qu’il détiendrait, Ely a répondu que le dossier d’Appel d’Offres pour la délivrance de la troisième licence GSM a été déjà ficelé avant l’arrivée du CMJD au pouvoir. A l’époque dira-t-il, il était établi que cette licence ne pourrait pas dépasser les 15 millions de dollars, vu qu’il existait déjà depuis trois ans sur le marché mauritaniens deux autres opérateurs de télécom qui ont eu le temps de s’accaparer des gros morceaux et ont même amorti leurs investissements. En plus, dira-t-il, le dossier était géré par un Comité interministériel et une autorité de régulation dont les membres sont encore tous en vie. « Je ne gérais même pas le dossier  » répondra-t-il. A l’arrivée, la troisième licence à laquelle plusieurs compagnies internationales avaient postulé a été arraché par Chinguittel en contrepartie de 100 Millions de dollars U.S, sa plus proche concurrente ayant proposé 48 Millions de dollars. Et de se demander « quel avantage Chinguittel a obtenu, en contrepartie de mon supposé aide, car pour m’avoir donné 15% de son capital, si l’information était exacte, la société n’aurait pas déboursé autant d’argent « . Selon lui, cette somme est exceptionnelle, car ni la Mattel qui avait versé 28 Millions de dollars ni la Maurittel avec 46 millions de dollars, n’ont déboursé autant que Chinguittel. « Et puis, demandez aux membres de l’Autorité de régulation et aux membres du conseil ministériel dont la plupart sont actuellement du côté du pouvoir, si je dispose de 15% dans le capital de la société « . A propos de la caution de 100 Millions de dollars, Ely a affirmé également que le chèque a été remis à la Banque centrale et budgétisée, renvoyant les suspicieux à ses différentes sources.

Autre question en rapport à ce sujet, les échos selon lesquels son fils aurait une part dans Chinguittel et des accointances avec l’ambassadeur du Soudan à Nouakchott. Ce qu’Ely a démenti, soutenant que son fils a traîné pendant deux mois en Mauritanie après ses études, n’ayant pas trouvé du travail, il a migré à l’étranger (au Qatar, selon certains) où il se trouve depuis lors. Seulement, dira Ely, tout cet amalgame provient du fait qu’il y a un groupe d’hommes d’affaires mauritaniens qui ont pris des parts d’action dans Chinguittel dont un proche parent. La présence de ce parent est la source de toute cette affabulation, alors que je n’ai rien à voir dans ce dossier.

Woodside

Un autre dossier sur lequel Ely Ould Mohamed Vall est accusé de malversation. Il a déclaré qu’à son arrivée, son équipe et lui avaient découvert l’existence de quatre Avenants qui lésaient l’Etat mauritanien. « J’ai demandé aux responsables de Woodside qu’on ne reconnaissait pas les Avenants et qu’il faut un retour au contrat initial  » a-t-il soutenu. Selon lui, Woodside aurait refusé et proposé un recours à un jugement international, avant de se ressaisir et d’accepter un retour contrat initial avec une prime de 100 millions de dollars versés à l’Etat mauritanien pour exprimer sa bonne foi. « Ce chèque a été également remis à la Banque centrale et budgétisée » scanda-t-il, renvoyant également les suspicieux vers les sources de vérifications.

Les 32 milliards de déficit

Les adversaires politiques d’Ely Ould Mohamed Vall évoquent aussi très souvent les 32 milliards d’UM de déficit signalés par le gouvernement de Zeine Ould Zeidane après l’élection de Sidi Ould Cheikh Ould Abdallabi et qu’ils considèrent avoir été détournés. Selon lui, ces 32 milliards d’UM n’ont pas été détournés mais qu’il s’agissait d’un déficit lié à une mauvaise prévision des recettes pétrolières. Ce n’est qu’après la confection du budget 2006, sur la base d’une production de 22.000 barils/jour annoncés par Woodside, dit-il, que la société a fait état de son incapacité à produire la quantité déclarée, soutenant qu’elle ne peut produire que 18.000 barils. Il a en résulté du coup, affirme-t-il, un déficit de 16 milliards d’UM, sur laquelle sont venues s’ajouter 14 milliards de dépense non portées dans le budget ou mal budgétisées.

Bulletin blanc

Beaucoup de ses adversaires se gargarisent encore du « bulletin blanc  » qu’il aurait suggéré, selon eux, pour s’installer plus durablement au pouvoir. Ce à quoi, Ely a répondu « si j’avais voulu rester et m’agripper au pouvoir, qui pouvait m’en empêcher ? ». Et de répondre sereinement « je n’avais pas pris le pouvoir pour le conserver, sinon je n’aurai pas pris l’engagement que ni moi ni aucun membre du CMJD ne serait candidat à aucun poste électif « . L’objectif selon Ely, c’était d’organiser une transition et remettre le pouvoir à un régime civil. Et d’ajouter « j’ai quitté le pouvoir sans regret, satisfait d’avoir accompli mon devoir ». Mieux, il dira n’avoir laissé derrière lui aucune garantie pour protéger ses arrières, car il était serein et confiant dans toute sa gestion. A propos du bulletin blanc, Ely affirme avoir été assailli par de nombreuses personnalités, des chefs de tribu, des Ulémas, et certains hommes politiques, effrayés par la nouvelle donne que constituait pour les Mauritaniens, la gestion civile du pays. Tous disaient « il ne faut pas nous abandonner et abandonner le pays « . Ce à quoi il aurait toujours répondu « il faut que le peuple prenne maintenant sa responsabilité « . Mais les assauts devenaient plus denses et impérieux, au point, ajoute-t-il, qu’il a été contraint de chercher dans la législation nationale, des dispositions juridiques pouvant servir les inquiétudes exprimées. C’est alors, dit-il en substance, qu’il aurait découvert que la Constitution stipule que le président de la République est nommé à 51% des suffrages et qu’une loi organique soutenait que le bulletin blanc est un bulletin exprimé. Il n’a fait, précisera-t-il, que montrer aux Mauritaniens, un choix légal qui leur permettra de disqualifier tous les candidats à la présidentielle s’ils ne les satisfont pas, en votant tout simplement massivement blanc. Le lendemain, affirme Ely Ould Mohamed Vall, cette suggestion a créé des levées de boucliers, certains interprétant sa suggestion comme un moyen de s’éterniser au pouvoir. Aussi, dira-t-il, « j’ai demandé la révision des textes et considéré le bulletin blanc comme non exprimé « .

Déportés et Passif humanitaire

Contrairement à ce qui a été publié dans plusieurs sites, Ely Ould Mohamed Vall n’a jamais dit qu’aucun Mauritanien n’a été déporté. Il a déclaré, (et la bande audio existe) que tous ceux qui ont été interrogés à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) à l’époque des faits, étaient des Sénégalais, dégageant sa responsabilité sur tous les autres abus qui auraient été menés par d’autres fonctionnaires, dans plusieurs régions du pays. Aussi, quand la question lui a été posée « est-ce que ceux qui ont été rapatriés sont Mauritaniens ou pas « , il a r envoyé la réponse à ceux qui les avaient déportés. Ce dont il dit être sûr, ce sont les documents d’enquête archivés jusqu’à ce jour à la DGSN.

Par rapport au passif humanitaire, Ely déclare avoir quitté le commandement en 1984, lorsqu’il fut nommé directeur général de la Police et qu’il n’a jamais géré depuis lors les affaires de l’armée, étant entendu que les exécutions extrajudiciaires dont il est question dans le passif humanitaire ont eu lieu à l’intérieur de l’institution militaire dont il ne faisait plus partie fonctionnellement.

Cheikh Aïdara.

Source: L’Authentique

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