Il n’y a qu’en Afrique où le Vatican est encore perçu comme un lieu saint et pieux, avec des valeurs morales au-dessus de tout soupçon.
Cette perception africaine du Saint-Siège fait beaucoup sourire les populations européennes, pourtant de tradition chrétienne. Elles en ont une autre image, beaucoup moins reluisante de cet État qui fait couler beaucoup d’encre en Occident avec ses nombreux scandales en tout genre. Ce sont, par exemple, les scandales liés à la prostitution, au blanchiment d’argent, à la corruption, à la mafia, à la drogue, ainsi qu’aux relations sexuelles de certains Papes (et cardinaux) dans le passé. Cette liste de scandales au sein de l’église pourrait encore se rallonger, sans oublier ceux liés à la pédophilie.On se souvient par exemple des liaisons amoureuses tumultueuses entre le Pape Alexandre VI (Borgia), qui fût évêque à 24 ans, sans jamais avoir été prêtre, et père de sept enfants, dont deux avec l’une de ses maîtresses, la célèbre Giulia Farnèse. Celle-ci utilisera cette relation pour favoriser l’ascension fulgurante de son frère Alexandre Farnèse dans la hiérarchie de l’église, jusqu’à devenir Pape à son tour, sous le nom de Paul III. Pire encore, le Pape Alexandre VI s’est fortement enrichi en monnayant les nominations des cardinaux, puis en empoisonnant les plus riches d’entre eux afin de s’emparer de leurs fortunes. Ces multiples scandales choquent profondément en occident, où désormais il est très difficile de parler de cet État sans l’associer à divers scandales.
Aujourd’hui encore, deux nouvelles affaires défrayent la chronique et accentuent davantage le malaise au sein de la communauté catholique. Le Pape Benoît XVI vient de limoger le président de la banque du Vatican, officiellement pour « mauvaise gestion ». Quelques jours plus tard, c’est son homme de confiance qu’il remercie pour faute grave. Officiellement, pour avoir « subtilisé et divulgué des documents confidentiels » avec la complicité de certains cardinaux. Selon les observateurs politiques, il pourrait s’agir comme d’habitude de véritables manœuvres politiques et stratégiques de déstabilisation du Pape pour sa succession. Les cardinaux italiens ne digèrent toujours pas de voir des Papes non-italiens se succéder à la tête de cet Etat. Depuis toujours, tous les Papes ont été des italiens, hormis Jean-Paul II et Benoît XVI. Jean Paul II était le premier pape non-italien depuis 456 ans. Les grandes manœuvres semblent avoir alors commencé avec des réseaux d’influence puissants au sein du Vatican et en Italie pour que le prochain Pape soit italien, afin de respecter cette tradition qui s’est imposée de fait. A 85 ans, Benoît XVI, fragilisé par la maladie, connait les mécanismes de fonctionnement et les enjeux stratégiques de positionnement pour accéder au pouvoir. Avant la mort de son prédécesseur, il avait su manœuvrer avec finesse, en tant que bras droit de Jean-Paul II pour s’imposer, en faisant nommer plusieurs cardinaux acquis à sa cause. Pour les spécialistes des religions, les cardinaux africains n’ont aucune chance d’être élus. La plupart d’entre eux ont une vie amoureuse connue de tous, avec des enfants, et cela devient un prétexte pour les exclure. Il suffit pourtant d’interroger l’histoire de l’église pour se rendre compte que ces cardinaux africains ne diffèrent pas des autres. Ces manœuvres n’ont rien à envier à ceux du milieu politique dans la quête du pouvoir. En Afrique et dans les pays d’Amérique latine, où le christianisme a encore une très grande influence à cause de la pauvreté et de l’absence d’espérance, le Vatican et l’image du Pape font encore rêver.
En Russie, ces scandales pontificaux font également sourire, à côté du cirque politique russe auquel a été confrontée la population. Dans l’indifférence la plus totale de la communauté internationale, l’ancien chef d’État russe, Vladimir Poutine, devenu premier-ministre après dix ans de Présidence, a remplacé son ancien premier-ministre (devenu président) à la tête de la Russie. Et pour mieux faire rire les spectateurs de ce cirque politique russe, le chef de l’État Medvedev, « battu » (comme on s’y attendait) à cette élection présidentielle par son mentor, a été nommé à nouveau premier-ministre, pour sa fidélité, par celui qui était son premier-ministre pendant cinq années. Devant les caméras du monde entier, les passations de pouvoirs ont été faites, avec les félicitations de tous les autres chefs d’Etats de la planète qui ont unanimement salué l’alternance démocratique en Russie et sans rire s’il vous plait.
Macaire Dagry
Chroniqueur Politique à Fraternité Matin
(Contribution reçue à Kassataya le 05/06/2012)
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