le président Mohamed Ould Abdelaziz sous pression

(Archives. Crédit photo : Al Akhbar)

En Mauritanie, il ne se passe pratiquement plus une semaine sans qu’il y ait un mouvement de protestation antipouvoir.

Les opposants au président Mohamed Ould Abdelaziz ont une nouvelle fois organisé vendredi à Nouakchott une manifestation pour exiger un changement à la tête de l’Etat et l’amorce d’une période de transition pour «bâtir un Etat de droit». Plusieurs personnes ont été blessées et d’autres arrêtées lors de cette manifestation.
A l’appel de la Coordination des jeunes de l’opposition (CJO), des jeunes avaient commencé à se regrouper devant la mosquée de la capitale après la prière du vendredi pour une action, lorsque la police est intervenue pour les disperser à coups de matraque et de gaz lacrymogène. «Il y a eu plusieurs blessés dont le président de la coordination, Fadhel Ould Elmoctar», également chef de la jeunesse du parti islamiste Tewassoul, a affirmé à la presse un porte-parole des manifestants. «Il est blessé à la tête ; il a été transporté par la police à l’hôpital», a-t-il indiqué, ajoutant qu’«au moins cinq jeunes ont été arrêtés» par les forces de l’ordre.

Depuis le 2 mai, la Coordination de l’opposition démocratique (COD, une dizaine de partis) organise des manifestations, parfois marquées par des arrestations et des blessés, pour réclamer le départ du président Mohamed Ould Abdelaziz, ancien général élu en 2009 pour un mandat de cinq ans après son putsch de 2008 contre le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Les partisans du pouvoir et une partie de l’opposition s’opposent à ce mouvement qui indique s’inscrire du Printemps arabe, jugeant qu’une éventuelle alternance doit se faire pacifiquement au terme du mandat du président Abdelaziz.

C’est le cas particulièrement des trois partis qui siègent au sein de la Convention pour l’alternance démocratique (CAP). Les trois partis sont l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, ainsi que les partis du Wiam (concorde) et de Sawab, d’obédience nationaliste arabe. Ils avaient quitté la Coordination de l’opposition démocratique (COD, une dizaine de partis) pour mener un dialogue avec le pouvoir fin septembre 2011 qui a abouti à la création d’une commission électorale nationale indépendante (CENI) «permanente» et à une révision de la Constitution. «Nous voulons une alternance pacifique à l’exemple de ce qui vient de se passer au Sénégal voisin et non des pays où le Printemps arabe a laissé s’installer le chaos et l’anarchie», soutient le nouveau président de la CAP, Boydiel Ould Houmeid.

Un conseil chargé de la fatwa

A signaler qu’un mois après l’incinération controversée de livres religieux par une ONG à Nouakchott, le gouvernement mauritanien a annoncé le même jour la création d’un conseil chargé d’émettre des fatwas (avis juridiques donnés par des spécialistes de la loi islamique). Cette structure est composée de neuf membres, tous des érudits musulmans, et est placée directement sous la tutelle du président de la République. Le «Conseil supérieur chargé d’émettre les fatwas et recevoir les recours gracieux» prononcera la position de l’islam sur les questions de l’heure et sur les litiges de son ressort, a indiqué le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Ould Niny, à l’Agence mauritanienne d’information (AMI, officielle).

La nouvelle structure chargée des fatwas «donnera son avis sur la base du rite malékite» en vigueur en Mauritanie comme en Afrique du Nord et de l’Ouest, et elle «œuvrera pour l’élaboration d’un code des recours gracieux» pour la résolution des conflits qui lui seront soumis, a-t-il ajouté. Cette création est annoncée près d’un mois après l’autodafé de plusieurs ouvrages de référence des sciences islamiques par des militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), une ONG anti-esclavagiste mauritanienne.

Le 27 avril, dix militants de l’IRA avaient fait brûler ces livres, en reprochant à leurs auteurs d’avoir justifié la pratique de l’esclavage en Mauritanie au nom de l’islam.Arrêtés, ils avaient été inculpés le 2 mai de «violation des valeurs islamiques du peuple mauritanien».
Après cette incinération controversée, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, avait affirmé que la Mauritanie était «un Etat islamique et non laïc».Toutes les lois du pays sont considérées comme étant conformes à la charia (loi islamique) mais les houdoud (sentences prononcées au nom de Dieu) dont la peine capitale et les flagellations n’ont jamais été appliquées en Mauritanie depuis le début des années 1980.

Zine Cherfaoui

Source  :  El Watan le 27/05/2012

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