Un forum du Maghreb conclut que la démocratie facilitera le devenir de l’UMA

(Le Dr Didi Ould Essalek (à droite) explique que le Printemps arabe a aidé à poser les fondements d'une Union du Maghreb arabe. Crédit photo : Raby ould Idoumou / Magharebia)

« La transition démocratique est une condition préalable à l’intégration du Maghreb », a affirmé cette semaine à Nouakchott le directeur du Centre d’études stratégiques du Maghreb.

Le Centre maghrébin d’études stratégiques de Nouakchott a accueilli, le 12 mai, un séminaire sur le thème « Réussite de la transition démocratique : les conditions d’une intégration du Maghreb ».

Didi Ould Essalek, directeur du centre, s’est entretenu avec Magharebia de la portée des changements induits par le Printemps arabe sur le projet de l’Union du Maghreb arabe (UMA), longtemps retardé.

Magharebia : Comment l’idée de l’Union du Maghreb arabe a-t-elle évolué ? Et quels sont les obstacles les plus importants venant entraver ce processus d’intégration maghrébine ?

Didi Ould Essalek : L’idée a été lancée au départ en 1947, avec l’ouverture d’un bureau du Maghreb arabe au Caire, qui avait pour objectif de contrer la colonisation, de réclamer l’indépendance face à l’occupation française et de promouvoir l’unité arabe. Cette idée a brièvement resurgi à Tanger en 1958 avec le projet de l’Union du Grand Maghreb arabe. En 1989, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie se sont réunis pour former l’UMA.

La question du Sahara occidental a été le facteur majeur qui est venu entraver le cours de l’Union du Maghreb tout au long des dernières décennies. Mais d’autres facteurs sont ensuite venus s’y ajouter, comme le retard économique, le manque de produits économiques susceptibles d’être échangés, l’incapacité à construire une structure économique du Maghreb qui serait préservée de la dépendance face à l’Europe, et le manque de démocratie.

A chaque fois qu’il y a eu un conflit entre les régimes au pouvoir, la structure de l’UMA a connu un blocage, indépendamment de l’attachement des citoyens du Maghreb à l’idée de mener à bien les objectifs de l’unité de la région.

Les changements politiques et sociaux actuellement en cours dans les pays du Maghreb arabe, dans le sillage de ce que l’on qualifie maintenant de Printemps arabe, sont susceptibles de réduire l’importance de ces obstacles.

Magharebia : Quelles sont les chances d’une transition démocratique au Maghreb arabe ?

Ould Essalek : Les changements actuels survenant dans le Maghreb arabe pourraient bien ouvrir la voie à une transition démocratique réussie dans la région, avec l’aide de conditions sociales favorables et d’une assistance extérieure. De tels facteurs feront renaître chez les peuples l’espoir d’une possibilité de réforme après des décennies de despotisme politique, de retard économique et de stagnation sociale.

Magharebia : Quelle est l’importance de la réussite de la transition démocratique dans la réalisation de l’intégration du Maghreb ?

Ould Essalek : Nous devons suivre le principe que la réussite de la transition démocratique est une condition indispensable à une intégration maghrébine.

La démocratie protégera les individus et satisfera leur désir de vivre la vie qu’ils veulent, dans une société ouverte respectant la liberté personnelle et l’identité culturelle.

Une transition démocratique réussie dans les pays du Maghreb arabe aidera à étendre la participation populaire aux décisions politiques, et permettra la libre circulation des personnes et des biens.

Elle contribuera à concrétiser les aspirations des peuples du Maghreb arabe, de l’ouverture des frontières à la mise en place d’un marché maghrébin commun et à la pleine intégration économique et politique.

Une démocratie réelle et une culture de transparence viendront obliger les décideurs à éviter tout ce qui n’est pas au service de l’intérêt des peuples.

Raby Ould Idoumou

Source  :  Magharebia le 24/05/2012

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page