Responsables politiques comme militants insistent sur le rôle primordial de la famille et de la société dans les influences exercées sur les comportements des jeunes.
Une session de travail de trois jours, s’intéressant aux moyens d’éviter les comportements violents chez les jeunes, s’est achevée le jeudi 10 mai à Nouakchott.Ce forum avait pour objectif de partager les opinions et les expériences sur la réalité vécue par les jeunes prédisposés aux déviances en Mauritanie. Ce séminaire a également été l’occasion d’attirer l’attention sur la situation d’une jeunesse en manque de services sociaux, notamment en termes de vulnérabilité à adopter des idées de violence et d’extrémisme.
« Les risques de l’éducation et des déviances, tels qu’ils sont vécus par la plupart des jeunes, proviennent de la direction qu’ils ont pu emprunter en raison d’un manque d’alternatives », a déclaré Mohamed Vall Ould Youssef, directeur du Centre pour les enfants délinquants, qui a organisé l’évènement en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis à Nouakchott.
Il a ajouté que « l’éducation des jeunes dépend d’habitudes et de traditions familiales ; un facteur qui a pour conséquence que ces jeunes se sentent parfois perdus et ne peuvent envisager que la déviance, cherchant à rejoindre des groupes qu’ils considèrent comme une alternative à la famille ».
« Il y a, parmi ces risques, la carence émotionnelle dont souffre cette catégorie à un certain stade dans les familles et dans la vie sociale », a expliqué Ould Youssef . « Les conseils dont ils ont besoin à ce moment-là peuvent répondre à un grand nombre de questions qui hantent l’esprit des jeunes, et peuvent les immuniser contre le risque de déviance. La société comme la famille jouent donc un rôle majeur dans l’aggravation du problème, ainsi que la vie médiatique, scientifique et éducative ».
Pour sa part, Robert Lane, responsable-adjoint de mission à l’ambassade américaine, a déclaré que cet « atelier qui se penche sur certains sujets, comme le rôle de la société dans la formation des jeunes, le secours qu’elle peut apporter face aux déviances, offrira aux participants des informations supplémentaires sur cette question, en particulier de la part de formateurs américains et mauritaniens qui présenteront l’expérience acquise par les Etats-Unis dans ce secteur ».
« Le plus important, ce sont les conditions dans lesquelles vivent ces enfants et l’endroit où ils grandissent », a continué Lane. « Ceci en plus des aspects psychologiques et de l’atmosphère dans laquelle ils évoluent. Il est également fondamental d’identifier les problèmes dont souffrent ces jeunes. Certaines manifestations peuvent nous tromper. Nous devons en apprendre davantage sur les aspirations des enfants, leurs projets et leurs ambitions futures ».
Ahmed Ould Ahl Daoud, un faqih qui s’attache à lutter contre les déviances religieuses, a expliqué à Magharebia : « Les résultats obtenus lors de ce forum seront, pour moi, indubitablement intéressants. J’ai déjà bénéficié de mon expérience aux Etats-Unis au cours de visites effectuées dans des centres de réinsertion, et j’ai appris un grand nombre de choses qui ne sont pas présentes ici ».
« De plus, étant donné la connaissance que j’ai de la particularité de notre région, nous avons acquis des expériences dont les Américains pourront également profiter. La coopération est donc nécessaire des deux côtés », a-t-il dit.
« Mais nous nous sommes accordés sur certaines des causes qui justifient les déviances chez les jeunes, et nous ne sommes pas tombés d’accord sur d’autres », a-t-il ajouté. « Ces causes diffèrent d’un pays à l’autre. Et pourtant, nous envisagerons en fin de compte les meilleures solutions possibles qui sont actuellement à notre disposition et qui le seront également à l’avenir, à moyen comme à long terme ».
Cet atelier de travail a été une expérience complémentaire à une visite d’échange effectuée aux Etats-Unis sur le thème de la réinsertion des jeunes, selon Zidan Ould Sidati, directeur de l’éducation physique au ministère de la Jeunesse.
« Nous nourrissons de grands espoirs dans ces activités pour déterminer des programmes et présenter les efforts consentis par le ministère mauritanien de la Jeunesse en faveur de la réouverture d’un centre de réinsertion des jeunes dans un faubourg de Nouakchott qui était resté fermé au cours des vingt dernières années », a-t-il ajouté.
Al-Saniya Mint Sidi Ali, militante dans une association, affirme : « Les enfants ont des besoins particuliers. On ne devrait donc pas leur imposer des choses qu’ils n’aiment pas, afin qu’ils puissent esquisser eux-mêmes un programme concernant leur avenir, qui puisse se solder par la réussite ».
Jemal Oumar
Source : Magharebia le 10/05/2012
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