Ivana Dama est une figure de la société civile à Naples en Italie.Elle est membre du bureau exécutif de Ira-Italie.
Il y a un mois, elle avait participé au deuxième congrès de cette organisation qui a eu lieu à l’hôtel Koumbissaleh à Nouakchott. Depuis l’Italie elle a accepté de répondre à nos questions au sujet de l’affaire de Biram Ould Dah.
Le Rénovateur Quotidien : Connaissez-vous les livres du rite malikite ?
Ivana Dama: Je ne connais pas les livres du rite Malikite sinon dans ses lignes générales. Le code Malikite est beaucoup suivi et respecté dans des pays musulmans comme la Mauritanie.
Chez nous en Italie, les gens ne connaissent pas trop les bases des autres religions. Bien sur, ce rite a fait l’objet de beaucoup d’études universitaires.
Il est vrai que grâce à la migration, le nombre de musulmans a augmenté avec ce phénomène social. Bien entendu, cela est bénéfique pour les relations entre les différents groupes de la société civile italienne. A mon avis, les sociétés modernes ont besoin de tous ces apports pour s’enrichir à travers le dialogue inter -religieux dont la migration est l’ expression.
Le Rénovateur Quotidien : Comment avez-vous ressenti l’arrestation de Biram Ould Dah Ould Abeid?
I.D : Bon, c’est normal que cette affaire nous ait beaucoup touchée . En décembre 2011, dans la ville de Naples, en Italie, nous avons crée le Bureau IRA Italie pour soutenir la lutte pacifique contre l’esclavage en Mauritanie. On a bien suivi l’action de M.Biram Abeid et la naissance de son Mouvement IRA.
Comme membre du bureau de l’IRA et comme femme activiste des droits humains, je suis convaincue que chaque Révolution passe par des phases délicates.
La liberté n’est pas facile à obtenir…et le combat doit passer a travers des sacrifices. L’essentiel tout simplement est qu’il faut toujours agir dans le respect des autres et avoir une idée claire des objectifs de son action.
Je pense que l’affaire Biram Abeid est en train de soulever un débat complexe en Mauritanie qui est tout aussi utile que nécessaire pour le progrès dans votre pays. Moi, j’ai eu la chance de le visiter en mars dernier ; j’ai trouvé que c’est dommage de voir que la démocratie est encore loin de s’ancrer chez vous. J’ai visité la capitale et la région du Trarza et j’ai constaté que la pauvreté et la discrimination raciale affectent l’image de votre beau Pays. Dommage ! Et je me suis rendue compte que l’action de l’IRA en ce moment était nécessaire. J’ai connu le Mouvement de Biram Abeid et j’ai été étonnée que le Gouvernement n’ait accepté de reconnaitre ni l’IRA ni l’esclavage….Si M. Biram est arrivé à s’exposer comme il a fait le vendredi passé après la prière , à mon avis , tout ca, exprime une faiblesse de l’Etat qui continue à instrumentaliser sa Religion, en la mettant au service d’une minorité pour maintenir ses privilèges en fondant sa politique dans la discrimination au détriment de la majorité qui vit dans la misère . Même si l’action de Biram n’a pas été comprise, je suis convaincue qu’il est un grand homme de paix et il a un grand respect pour sa Religion. Peut-être son message est allé trop loin pour être mal interprété. Il incarne les préoccupations des faibles et des marginalisés de votre société sans aucun intérêt personnel. Ça étonne … je peux le comprendre. Même chez moi en Italie, les gens qui luttent pour le bien-être collectif souvent sont stigmatisés. Personnellement je crois au Président de l’IRA comme un homme engagé et, capable, si on lui donnera l’occasion, à travers le dialogue, de démontrer qu’un Etat de droit est possible en Mauritanie. Je voudrais rappeler qu’il a toujours invité le pouvoir, les religieux dans cette phase assez délicate à œuvrer pour la paix et la justice. Il ne l’a pourtant jamais obtenue. Cette vision patriotique était très présente en lui.
Le Rénovateur quotidien : Pensez-vous mener des actions depuis l’Italie pour demander sa libération?
I.D : Bien sure oui. On est déjà en train de le faire. Comme bureau résident en Italie, nous sommes en train de faire un monitoring de la situation en Mauritanie et nous nous préparons à défendre M.Biram et tous les activistes qui sont en prison avec lui. On est en contact avec les autres bureaux d’Europe et d’Amérique dans cette affaire là.
A Naples, nous sommes en contact avec beaucoup d’Ongs et d’Associations ainsi que des partis politiques qui se préparent à intervenir pour éviter que nos compagnons s’exposent à des peines lourdes ou à traitements inhumains.
On a commencé à informer les ambassades et les autorités Italiennes qui nous ont accordées leur solidarité pour défendre le dossier de Biram. Le respect des droits humains est une tradition en Occident. Personne ne peut pas être sourd à la demande d’aide…. Nous sommes convaincus que seule la médiation constitue la meilleure voie de recherche de la paix.
Propos recueillis par Camara Mamady
Source : Le Rénovateur le 02/05/2012
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com