Ancien numéro trois d’al-Qaida en Afghanistan et au Pakistan, Abou Hafs al-Mauritani est aujourd’hui placé en résidence surveillée à Nouakchott.
L’ancien moufti d’Oussama ben Laden est arrivé la semaine dernière à Nouakchott, après avoir été extradé d’Iran où il était emprisonné pour avoir appartenu à al-Qaida.Mahfouz Ould al-Walid (alias Abou Hafs al – Mauritani), l’ancien numéro trois de l’organisation mondiale d’al-Qaida en Afghanistan, a été remis aux mains des services de sécurité mauritaniens à son arrivée en provenance de Téhéran.
Abou Hafs s’était enfui en Iran après la chute du gouvernement dirigé par les Talibans en Afghanistan, il y a plus de dix ans, a précisé l’agence ANI le 5 avril. Son transfert à Nouakchott a été le résultat de négociations intensives entre la Mauritanie, l’Iran et les Etats-Unis visant son extradition afin de lui permettre de finir sa vie dans son pays natal.
Moufti de l’organisation-mère al-Qaida pendant des années, Abou Hafs était connu pour son opposition aux attentats du 11 septembre. Il avait par la suite abandonné le réseau terroriste et revu un certain nombre de ses positions favorables à l’extrémisme violent.
« Nous avons reçu des informations de la sécurité mauritanienne confirmant qu’il était désormais placé sous son autorité, qu’il est en bonne santé et bénéficie de toutes ses facultés intellectuelles », a déclaré Ahmed Ould al-Walid, le frère d’Abou Hafs et porte-parole de sa famille. « Il est actuellement interrogé longuement par les services de sécurité mauritaniens pour faire toute la lumière sur ses liens avec les crimes terroristes et ses desseins concernant la Mauritanie. »
S’adressant à Magharebia, Ahmed Ould al-Walid a déclaré : « En tant que membres de sa famille, nous nous attendons à ce qu’il passe le reste de sa vie en Mauritanie sur la base de documents prouvant son innocence pour les actes terroristes commis par al-Qaida contre plusieurs cibles dans le monde. »
« Ces documents comprennent plusieurs fatwas concernant les révisions idéologiques qu’il a menées avant le 11 septembre, dans lesquelles il s’était fermement opposé à ces actes criminels qui ont visé les Etats-Unis et tué de nombreuses personnes innocentes », a ajouté son frère. « Ils comprennent également son rejet des assassinats et du takfir, et nous avons déjà remis une copie de ces documents au Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz il y a quelques mois. »
Sid Ahmed Ould Tfeil, spécialiste du terrorisme et connaissant bien les biographies des leaders d’al-Qaida, a indiqué à Magharebia que les révisions idéologiques d’un homme de la stature d’Abou Hafs influenceront les positions des terroristes qui tentent de déstabiliser la région du Sahel. Il a souligné qu’Abou Hafs était chargé de rédiger les fatwas au sein de l’organisation al-Qaida destinées à influencer les branches terroristes dans le monde entier.
« La Mauritanie peut tirer partie de la présence de cet homme sur son sol pour lancer un appel aux nombreux jeunes qui adhèrent à l’idéologie djihadiste et ont recours aux assassinats contre des personnes innocentes, notammment dans la mesure où nombre de ces actes sont désormais commis sur la base de fatwas dérivées de la charia al-qaidienne », a-t-il ajouté. « A un moment de sa vie, Ould al-Walid était responsable de ces fatwas. »
L’épouse d’Ould al-Walid était arrivée à Nouakchott en novembre dernier en provenance de la capitale iranienne en compagnie de sept de ses enfants, après avoir été détenue avec son mari depuis 2001. A son arrivée, elle avait également été longuement interrogée par les services de sécurité mauritaniens.
Mohamed Mahmoud Aboulmaaly, autre spécialiste du terrorisme, a déclaré quant à lui qu’Abou Hafs « était l’un des hommes les plus proches de l’ancien dirigeant d’al-Qaida OUssama ben Laden, qui s’inspirait de ses fatwas. Ould al-Walid avait également enseigné à ben Laden la science du fiqh islamique et la langue arabe avant qu’un désaccord ne survienne entre les deux hommes après qu’Ould al-Walid ait refusé de publier une fatwa pour le 11 septembre. »
« Cette position était conforme à plusieurs textes qu’il avait rédigés, tels qu’une préface écrite par son collègue au sein d’al-Qaida Suleiman Abu Ghaith il y a deux ans », souligne cet analyste. « Ces textes d’Ould al-Walid comportaient des critiques de l’approche d’al-Qaida, dans lesquelles il énumérait vingt erreurs commises selon lui par l’organisation. Dans les milieux salafistes, ce livre avait été perçu comme les révisions idéologiques opérées par cet homme. »
Jemal Oumar
Source : Magharebia le 11/04/2012
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