Petit à petit, le président Mohamed Ould Abdel Aziz recompose le puzzle éclaté des régimes déchus en recrutant parmi la vieille garde ceux qu’ils qualifiaient encore il y a quelques jours de « Moufsidines » ou gabegistes. Pour cause, l’étau qui se resserre autour de son pouvoir sous le coup de boutoir d’une opposition requinquée et d’une situation socioéconomique tendue.
Obligé de faire recours à sa majorité dépiécée, le « comptant-comptant » de ses alliés le contraint à recycler des Antiquités après avoir placé son régime sous le signe du renouveau. La nomination de Yahya Ould Sidi Moustaph, au poste de conseiller à la présidence de la République, est une nomination de plus qui sonne le glas d’un régime obligé aujourd’hui de réunir ses alliés de la majorité longtemps laissée en rade, pour la reconquête d’un nouvel espace populaire.
A la faveur des meetings » populaires » de Nouadhibou et de Rosso, le président semble comprendre qu’il lui faut une véritable assise, non celle qui se construit à coups de » déportations forcées des populations « , mais celle qui peut s’appuyer sur la seule force de la conviction. A l’image de l’aura dont il avait su s’auréoler avant les élections de 2009. Une manière pour lui de différer le « comptant-comptant » que les partis de la majorité avaient voulu lui imposer au cours de la rencontre du 1er avril dernier. Genre, « associe-nous à la direction des affaires du pays, nous battrons campagne pour toi contre l’opposition ».
Mais avant d’affronter ses adversaires politiques de l’opposition, Aziz et sa majorité ont dû mener son autocritique. Autant Aziz se disait peu satisfait de leurs performances à défendre son régime, autant ses alliés, autres que l’UPR, dénonçaient leur marginalisation dans la conduite des affaires du pays et leur exclusion du gâteau présidentiel. Dorénavant, la meute est lancée pour bouter hors du débat populaire, une opposition qui a eu droit aux verdeurs du président de la République. Pour lui, la majorité doit s’atteler dans les prochains jours à déconstruire le discours de l’opposition et à répondre coup pour coup à ses attaques hérétiques et destructrices.
Concessions
Quelques mini-concessions ont été cependant accordées. Notamment au parti Baathiste, qui vient d’obtenir sa part du gâteau, en boostant hors du sérail, deux éminents cadres du parti Islamiste Tawassoul, désormais parias. Le parti Adil de l’ex-premier ministre recyclé, Ould Ahmed Waghef vient également de se servir une portion congrue de la table présidentielle. Toutes les autres formations politiques devront attendre de faire leurs preuves au cours des prochaines échéances électorales.
Après avoir recyclé plusieurs pontes de l’ère Taya, les ex-premiers ministres Ould Cheikh El Avia et Sghaïr Ould MBareck, mais aussi l’ancien ministre de l’Intérieur Lemrabott Ould Cheikh Ahmed, et autres Ould M Balla, l’éternel conseil aux affaires religieuses, plusieurs cadres, élus et hauts fonctionnaires de l’époque « gabegiste » qu’il ne cesse d’apostropher, Ould Abdel Aziz vient de remettre sur scelle, un ancien gouverneur, ancien ministre sous la transition et sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Yahya Ould Sidi Moustaph, Wali du dans la vallée pendant la période des déportations de négro-africains. A l’heure où le régime cherche à colmater les brèches causées par cette douloureuse parenthèse de l’histoire du pays, alors même qu’il prône la réconciliation nationale dont la journée a été fêtée avec bruyance le 25 mars dernier, ramener certaines figures du passé au devant de la scène publique nationale, risque d’être considéré comme une insulte à la mémoire des nombreuses victimes des pogroms des années de braise. Au demeurant, plusieurs fonctionnaires et militaires qui avaient joué leur partition durant ces périodes troubles continuent ainsi de montrer par leur présence au devant de l’actualité publique, cette arrogance des impunis qui empêche les plaies de se cicatriser.
Ainsi, la ligne de démarcation entre l’opposition la plus radicale et la majorité la plus partisane est si tenue qu’il suffit d’un faible coup de vent pour faire basculer les situations. Hier virulent opposant de Mohamed Ould Abdel Aziz, le camp de l’ex-premier ministre, Adil, après les marmelades subies des mains du régime, conforte l’adage bien de chez nous qui soutient qu’on peut recevoir et supporter une gifle sur une joue, si l’autre est remplie à satiété.
Par Cheikh Aïdara.
Source: L’authentique
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