Les lâches et les « vaillants »

(Crédit photo : Patrick Flouriot/Jeune Afrique)

Ces derniers temps, la mode, chez la majorité et ses soutiens, est de s’en prendre au Colonel Ely Ould Mohamed Vall et aux anciens symboles du système de Ould Taya qui se retrouvent dans les lignes chaudes de la COD.

Il Il y a á peine quatre ans, c’était autour de Boidiel, Ould Moktar El Hassen, Cheyakh Ould Ely ou encore Cheikh El Avia et d’autres personnalités encore qui avaient accepté d’épauler Sidioca en entrant dans son gouvernement. Les initiateurs militaires et civils de la fronde soutenaient alors que le Président élu avait « recyclé » le produit de Maaouiya pour le transformer en outil.

Aujourd’hui, la question mérite bien d’être posée aux frondeurs de l’époque sur ce qu’ils pensent de ces personnes, notamment de Cheikh El Avia, de Cheyakh Ould Ely ou encore de Lemrabott Sidi Mahmoud et du ministre de l’intérieur qui était l’un des gouverneurs les plus influents sous Ould Taya. Scrutez sur l’échiquier et dites nous où qui sont ces figurent qui dirigent aujourd’hui les plus hauts postes de responsabilité, où étaient-ils il y a cinq ans ?

Que les frondeurs nous disent surtout que représentent pour eux, les colonels de Ould Taya devenus entre temps des généraux à la pelée sous Sidioca (qui avait serré le noeud militaire autour de son coup en nivelant la hiérarchie dans l’armée par le très bas) ?

Aziz en personne, Ghazouani, les frères Meguette, Hadi, N’Diaga Dieng, Bekrine et tout le reste de l’appareil sécuritaro-militiare n’était-il pas un personnel subalterne aux ordres de Ould Taya et Ely Ould Mohamed Vall ? Qu’avaient-ils fait lors de la période noire de la dictature ? Avaient-ils levé le petit doigt pour désobéir aux « instructions » sanguinaires et destructrices données pour tuer, piller, violer et déporter ? Qu’avaient-ils posé eux-mêmes comme actes salvateurs pour les victimes de la barbarie de l’époque ? Avaient-ils dissuadé leurs subalternes ? Avaient-ils sauvé une seule vie humaine au vu et au su de tout le monde, s’étaient-ils sacrifiés pour la cause nationale une seule fois, ou avaient-ils tout simplement laissé les sbires faire et appliquer les « instructions » ? Et maintenant qu’ils sont aux commandes et font la pluie et le beau temps, pourquoi ne corrigent-ils pas, avec sincérité et en toute honnêteté les bévues et les drames du système de l’époque de Taya, au lieu de faire du théâtre mimique qui ne résout aucun problème… au contraire, dilue les véritables questions que tout cela pose dans des demi-solutions destinées à donner du temps à un oubli qui ne surviendra jamais en dehors de la vérité, de la justice et du pardon ?

Les mauritaniens ont l’avantage de se connaître. Personne ne peut disculper Ely, ne serait-ce que d’une responsabilité, au minimum morale, de la gestion du dossier des exactions des années de braise. Mais, est-il le seul ? Et pourquoi ne met-on l’accent sur le passé de Ely que quand il prend une position politique opposée au pouvoir ?

Si Ely endosse une responsabilité morale, tous les autres « soldats » de Maouiya sont dans une situation plus compromettante, car ils dirigeaient des casernes, des places militaires et des hommes dont certains en ont torturé, tué, volé et humilié d’autres. Parfois, ce sont les commandants eux-mêmes qui ont supervisé, physiquement, les actes de meurtre, de torture et de spoliation.

La proximité des assassins d’hier ou non du pouvoir en place n’y change absolument rien. Mieux, Ely a, au moins, l’avantage d’avoir compris la gravité historique de l’erreur et du crime, alors que certains de ceux qui gouvernent aujourd’hui en font un acquis et un signe de gloire qu’ils mettent en avant dans leurs salons et discussions privés. Les actes qu’ils posent, dans les faits, en disent long sur leur véritable nature. Ils étaient le bras séculaire du meurtre extra-judiciaire, de la déportation et de l’exclusion.

Aujourd’hui encore, leurs vaillantes étoiles se pavanent dans la Vallée à la recherche d’espaces à exproprier, si ce n’est des terres de pauvres noirs disposant de titres de propriété qu’il faut arracher !

Que les acolytes du pouvoir la ferment. Les mains maculées de sang s’entassent dans leur camp. Et toute la Mauritanie le sait…notre pays est ainsi fait : les lâchent mentent et tiennent la barque du mensonge et de l’arbitraire et les vaillants se repentissent !

Amar Ould Béjà

Source  :  L’Authentique le 02/04/2012

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