Sahara médias couvre la première marche des femmes voilées à Nouakchott

(Crédit photo : Sahara Media)

Elles étaient près de cinquante femmes voilées, portant des vêtements en noir, et dont beaucoup de proches de détenus salafistes, des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « oui à l’application de loi d’Allah », « non à la démocratie et la laïcité » à marcher sur le côté gauche de l’Avenue Gamal Abdenasser et à attirer les regards de piétons surpris par une telle manifestation.

Et pour cause : C’est la première fois que la Mauritanie connaît une marche de ce genre. Les femmes voilées ont marché près de cinq cents mètres, de la prison centrale de Nouakchott jusqu’au niveau du ministère de l’Education, avant que les forces de sécurité ne s’interposent et ne saisissent quelques banderoles écrites à la main d’une manière peu habile, dans la plupart des cas.
Celle qui paraissait « guider » la marche arrive tout de même à convaincre la police de les laisser organiser un sit-in (qui a duré une heure) avant de refaire le chemin de la marche à rebours jusqu’aux portes de la prison civile de Nouakchott.
La première marche des femmes salafistes à Nouakchott est différente, selon bon nombre d’observateurs, des marches classiques que connait la capitale mauritanienne de temps en temps.
Malgré que le pays porte comme emblème « République Islamique de Mauritanie » et malgré que sa constitution reconnait, clairement, en son article 2 que l’Islam est la religion du Peuple et de l’Etat, et qu’en un autre article que la législation tire sa force de la chari’a, aucune peine relevant de cette dernière n’a été appliquée dans le pays depuis le coup d’état contre l’ancien président Mohamed Khouna Ould Haidalla, il y a près de 28 ans.
A ce sujet, Rabi’a Mint Mohamed Mahmoud, la dirigeante de cette manifestation des femmes voilées a déclaré à Sahara média, dans un long entretien, que le « peuple mauritanien est connu, dans sa majorité, comme un peuple musulman » et que, pour cela, « il est inconcevable que le gouvernement continue à empêcher l’application de la loi divine », selon son expression.
Elle a ajouté que les musulmans aujourd’hui vivent les mêmes calvaires que les « assujettis », puisqu’ils sont « opprimés, appauvris et humiliés dans leur propre pays », selon elle.
Et sur le choix de leur façon de marcher (typiquement démocratique), Rabi’a indique qu’il tire son essence même de la sunna du Prophète Mohamed (PSL).
Au demeurant, les femmes salafistes qui ont marché aujourd’hui dans les rues de Nouakchott, disent refuser, catégoriquement, « l’égalité entre l’homme et la femme », indiquant que c’est une « pâle imitation de l’Occident », ajoutant même qu’elles sont pour la polygamie « qui contribue à prémunir la société contre la dépravation des mœurs », selon leurs propos.
Rabi’a, qui est la femme du salafiste Tiyib Ould Salek, a ensuite attaqué ouvertement les frères musulmans mauritaniens et arabes les accusant de « commercialiser avec l’Islam ».
Evoquant le recours au mouvement salafiste aux femmes pour continuer le combat, Rabi’a dira que « les hommes sont en prison » et que « ceux qui sont encore libres sont sous la menace à la moindre prise de parole dans une quelconque mosquée puisque les imams sont devenus des fonctionnaires de l’Etat», selon son expression.
Après avoir « transmis » leur message aux autorités, selon l’expression de l’une d’elle, les femmes salafistes se sont dispersées mais ont promis de réitérer une telle action pour pousser à l’application « intégrale » de la charia en Mauritanie.

Source  :  Sahara Media le 29/03/2012

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